Je suis trop choquée pour réagir tandis que Jane me cloue au sol, ses jambes de chaque côté de mes hanches. Ma tête claque sur le béton, la douleur résonne dans mon crane et des étoiles envahissent ma vision.
— Jane ! Jane, mais qu'est-ce que tu fais ?
— Lâchez-la, Jane ! Calmez-vous !
Mais ma mère enfonce ses ongles dans ma peau comme un animal enragé, elle crie, elle grogne, elle me griffe le visage. Je sais que je devrais me défendre mais j'en suis incapable, et je la laisse m'arracher les cheveux, je laisse ses dents mordre mon épaule et mon sang couler, chaud, poisseux.
D'un coup, je suis libre. Je me redresse, sonnée, la pièce tourne autour de moi et il me faut quelques secondes pour comprendre ce qui se déroule sous mes yeux.
Ross et Madlyn s'y sont mis à deux pour retenir Jane. Elle se débat entre eux, avec une force qu'on n'aurait jamais pu imaginer en la voyant prostrée quelques minutes plus tôt. Sa tête part à droite puis à gauche, sa mâchoire claque, en quête d'une prise ; ses pieds partent dans tous les sens, ses doigts recourbées comme des serres cherchent à atteindre la chair.
Et ses yeux, ses yeux d'un marron presque noir que je ne connais que trop bien, sont rivés sur moi. Meurtriers.
— Morte, crache-t-elle. Tu devrais être morte. Tu étais censée l'être, tu étais censée le rester, pourquoi tu n'es pas restée morte ? Pourquoi, pourquoi tu es revenue alors qu'on a pas besoin de toi, alors que tu devrais être morte, je veux que tu sois morte...
Ses mots font bien plus mal que ses ongles. Pendant un instant, je me dis qu'elle a raison. Ce serait mieux si j'étais morte.
Je n'aurais pas à entendre ça.
— Jane, la supplie Madlyn. Jane, mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est Alicia. C'est notre bébé...
En entendant la voix de sa femme, Jane s'immobilise d'un coup. Ses yeux s'écarquillent, et la peine que j'y lis est insoutenable.
Ross et Madlyn, surpris par sa docilité soudaine, la laissent glisser au sol. La criminelle tombe à genoux et enlace les jambes de sa femme, lève vers elle un visage bouleversé.
— Je suis tellement désolée. Désolée, pardonne-moi, désolée, s'il te plaît, je t'en supplie, je t'aime, je suis désolée, il faut que tu me pardonnes...
— Calme-toi. Tout va bien. Tout va bien, Jane...
La Yajtuite se penche vers sa compagne. La détresse dans sa voix me fend le cœur. Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus quoi penser, et Jane continue à balbutier...
— Je t'aime, je t'aime, il faut que tu comprennes, je t'aime et j'ai fait ça parce que je t'aime...
— Tout va bien. Ne t'inquiète pas.
— C'était pour toi, Madlyn, pour toi...
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Parce que je t'aime. Madlyn, c'était parce que je t'aime, parce que je ne veux pas te voir souffrir, parce que je ne supporte pas de te voir souffrir, il faut que tu comprennes, je t'en supplie...
Un mauvais pressentiment m'envahit. Je me fige ; Madlyn aussi. Lentement, elle s'écarte de sa femme. Celle-ci reste agrippée à ses jambes, tremblante, sanglotante.
— Que je comprennes quoi ? Qu'est-ce que tu as fait ?
Oui, qu'est-ce qu'elle a fait ? Qu'est-ce qu'elle a vue sur l'écran de la salle de torture de Thétis ? Qu'est-ce qui lui a fait perdre la raison ?
VOUS LISEZ
Evasion (Cass-tome 2)
Science Fiction⚠️ Si vous n'avez pas lu le tome 1, n'hésitez pas à aller le retrouver sur montre profil ! Attention, spoilers dans ce résumé... Thétis est morte. Akhilleús a été définitivement détruit. Cass Jackson ne souhaite qu'une chose : tourner la page, et v...