Mes poumons me brûlent ; la sueur dégouline dans mon cou.
J'adore ça.
Avant d'arriver sur Zanko 10, je n'avais jamais vraiment fait de sport. Le Prof ne me laissait pas beaucoup sortir. Mais je me suis retrouvée à quatorze ans dans une ville inconnue, seule avec des angoisses que je n'avais aucun moyen d'exorciser. Alors un matin, je suis descendue dans la rue et j'ai couru jusqu'à m'effondrer. Je n'étais pas en très bonne forme physique, après sept ans de torture et sept autres d'inactivité. Mais je me suis peu à peu améliorée-quand on joue les escrocs, il vaut mieux être capable de prendre la fuite.
Aujourd'hui, sur le sol en plastique du gymnase de Baklang, je retrouve cette sensation d'apaisement que j'ai ressentie il y a cinq ans. Peu importe que Rémond soit là et que je ne sache pas pourquoi ; peu importe que Jane et Madlyn ne se soient pas montrées au petit-déjeuner. En cet instant, il n'y a que mes muscles en feu et mes semelles qui frappent la piste.
— On peut pas faire une pause ? halète Vywyan. On va finir avec des cloques.
Elle n'a pas tord. Nous avons trouvé shorts et débardeurs de sport dans le placard de la cellule, mais pas de baskets. Nos chaussons ne sont pas adaptés à la course. Tant pis.
Je jette un coup d'œil à mon amie. Ses jambes semblent ne plus la porter. Je m'arrête et elle se plie en deux à mes côtés.
— T'es pas obligée de me suivre, tu sais.
— Et je suis censé faire quoi ?
— Je ne sais pas. Rejoins le reste de notre équipe, proposé-je avec une pointe de sarcasme.
On se tourne toutes les deux vers Ross et Rémond, à l'écart dans un coin de la salle. Ils se tiennent à quelques mètres l'un de l'autre. Le premier, appuyé contre le mur, surveille le second sans ciller ; celui-ci, assis en tailleur sur le sol, semble méditer les yeux ouverts.
Je n'ai pas la moindre idée de comment gérer la présence de Rémond. L'ignorer serait dangereux ; mais je ne peux pas non plus l'intégrer à nos plans. L'idéal serait de réussir à le laisser derrière lors de notre évasion.
En attendant, Ross s'est auto-attribué le rôle de vigile.
— Non merci, répond Vywyan avec une grimace.
Son regard glisse des deux jeunes hommes à un groupe qui soulève des poids au milieu de la pièce. Quatre hommes, trois femmes. Tous arborent des caractéristiques félines-poils, oreilles touffues, moustaches, queue. Torses nus ou en débardeur, ils exposent aux yeux de tous un même tatouage : la silhouette noire d'un chat aux griffes sorties.
Je sais que Vywyan porte le même, caché sous la chemise orange qu'elle n'a pas voulu enlever.
— Ils t'ont repérée ? lui demandé-je.
Elle hoche la tête, l'air inquiet.
— Cacher mon tatouage n'est pas suffisant. Tous les Chats Sauvages me connaissent. Je suis la fille de leur chef.
— Tu pourrais peut-être les convaincre de s'allier à nous.
— Tu sais très bien que je ne suis pas en bons termes avec eux-loin de là. S'ils sont quelque chose pour nous, c'est une menace.
Vywyan ne m'a jamais raconté dans quelles circonstances, exactement, elle a coupé les ponts avec son père-le redouté chef de gang Gyomo Kat-mais je sais qu'elle ne veut plus entendre parler de lui, et que c'est réciproque.
Je me souviens de nos détours à Trekyon, pour éviter les quartiers contrôlés par les Chats Sauvages.
— T'as peur d'eux ? lui ai-je demandé la première fois.
VOUS LISEZ
Evasion (Cass-tome 2)
Science Fiction⚠️ Si vous n'avez pas lu le tome 1, n'hésitez pas à aller le retrouver sur montre profil ! Attention, spoilers dans ce résumé... Thétis est morte. Akhilleús a été définitivement détruit. Cass Jackson ne souhaite qu'une chose : tourner la page, et v...