Allongée sur le sol, j'écoute le silence. Rien ne le brise, si ce n'est mon propre souffle saccadé.
La cellule est insonorisée. Autrement dit : je suis enfermée dans une pièce si sécurisée que même le son ne peut en sortir.
Je sais que si je commence à paniquer, je vais devenir folle, alors, depuis quelques heures, j'essaie de me persuader que je ne suis pas claustrophobe. Je crois que je viens de découvrir le seul mensonge que je suis incapable de rendre convaincant.
Je fais la liste de ce qui m'entoure. J'essaie de transformer les objets en simples mots, de leur faire perdre leur sens et leur poids.
Un placard.
Un lit superposé.
Un toilette.
Un lavabo.
Tout ça dans un carré de deux mètres sur deux.
J'ai essayé de coller mon visage au minuscule hublot qui se découpe dans la porte, mais une gardienne m'a fait signe de m'éloigner en agitant sa matraque. J'ai voulu m'allonger sur le lit, mais la couchette du haut était trop proche du plafond, et celle du bas, trop proche de celle du haut. Alors j'ai fait les cent pas jusqu'à ce que les néons incrustés dans les murs s'éteignent, et que la seule lueur provienne des lumières de sécurité dans le couloir-un vague halo bleu et angoissant.
Il doit être pas loin de deux heures du matin, à présent. Quoique-j'ai perdu la notion du temps. Le métal est dur est froid sous mon crâne, mais ce n'est pas ça qui m'empêche de dormir. Non, c'est cette pièce trop étroite, et les pensées qui tourbillonnent dans ma tête.
Je me demande si je ce serait moins pire avec une codétenue-avec une deuxième respiration à écouter. Je suis seule dans la cellule, pour l'instant, mais ça m'étonnerait que ça dure. J'espère que l'un des lits lui conviendra, parce qu'il n'y a pas assez de place pour deux sur le sol.
Pile à cet instant, une ombre s'abat sur moi. Je bondis sur mes pieds, et me retrouve nez à nez avec la silhouette d'une gardienne qui obstrue la fenêtre. La porte s'ouvre.
Et Vywyan entre.
Ma mâchoire se décroche. Pendant un instant, je me demande si j'ai fini par m'endormir et suis en train de rêver, mais non : jamais je ne pourrais imaginer avec une telle exactitude son expression furieuse. Elle porte la même combinaison orange que moi, sauf que la sienne est à sa taille, et qu'à en juger par le regard assassin qu'elle me jette, on penserait qu'elle l'a acquise en enterrant des gens dans son jardin.
Heureusement que je sais qu'elle n'en a pas.
— Je vous laisse faire connaissance, lâche la gardienne d'un ton aigre.
Puis elle claque la porte, et je me retrouve seule à affronter ma meilleure amie.
Elle croise les bras sur sa poitrine. Peut-être que moi aussi je devrais être en colère-je l'ai laissée à l'écart pour la protéger, et voilà ce qu'elle fait de mes efforts-mais j'ai juste envie de me jeter dans ses bras.
Je me retiens, cependant, et elle se met à me hurler dessus.
— Je peux savoir à quoi tu pensais, Cass Jackson ?!
— Je t'ai laissé un mail.
Ça sonne encore plus pitoyable à voix haute que ça ne le faisait dans ma tête.
— Oh, je l'ai reçu, ne t'inquiète pas. Il me semble que tu n'as pas reçu les miens, en revanche. Ni mes appels. Ni aucun des messages holographiques que je t'ai laissé sur toutes les plateformes possibles, et que tu as toutes volontairement évitées...
— C'est pas de ma faute...
— Je ne veux même pas t'entendre, Cass !
— Mais Wy...
— Ne m'appelle pas Wy quand je suis en colère !
— Vywyan...
— Sérieux, je pensais qu'on avait dépassé ce stade. Tu sais ? Celui où tu me mens et où tu fuis sans un mot. Où tu refuses de me faire confiance, et prétends que je ne suis pas ton amie...
Sa voix se brise. Soudain, je me rends compte qu'elle est au bord des larmes. Je voudrais qu'elle se remette à crier. J'ai l'habitude de la rendre furieuse. Mais l'idée que je lui ai fait mal...
C'est insupportable.
Je fais un pas en avant ; elle recule. Son dos heurte la porte. Si je m'avançais encore, elle ne pourrait s'éloigner, mais je reste où je suis. J'essaie de parler mais je ne sais pas quoi dire, les mots se coincent dans ma gorge.
— Je...balbutié-je. Je suis tellement désolée.
— Sauf que ça ne marche pas comme ça, Cass. Plus maintenant. Tu ne peux pas blesser tes proches, encore et encore, et te contenter de t'excuser pour recommencer après.
Je me détourne, incapable de soutenir le reproche dans ses yeux.
— Si tu me détestes, lui demandé-je, alors pourquoi tu es venue ?
— Te détester ?! Qu'est-ce que tu crois ? Je ne pourrai jamais te détester. C'est toi qui agis comme si je n'étais rien pour toi.
— Ne dis pas n'importe quoi, Vywyan !
— Je ne dis pas n'importe quoi, assène-t-elle, et on le sait toutes les deux. Notre amitié est déséquilibrée depuis le début. Je donnerais ma vie pour toi. Et toi...je ne sais pas ce que tu me donnerais, Cass, mais une chose est sûre : ce n'est ni de l'honnêteté, ni ta confiance.
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Evasion (Cass-tome 2)
Bilim Kurgu⚠️ Si vous n'avez pas lu le tome 1, n'hésitez pas à aller le retrouver sur montre profil ! Attention, spoilers dans ce résumé... Thétis est morte. Akhilleús a été définitivement détruit. Cass Jackson ne souhaite qu'une chose : tourner la page, et v...