Evasion (Cass-tome 2)

Chapitre 24

Alors que je commence à penser que ma dernière heure est venue, la pression sur ma gorge disparaît brusquement. Je tombe à genoux, haletante. 

Une part de moi voudrait s'allonger au sol et ne plus jamais me relever, mais j'ai encore trop de choses à faire. Je me redresse sur des jambes flageolantes. 

Je découvre alors le zoonite qui m'étranglait étalé à mes pieds, défiguré par la douleur. Rémond se tient au-dessus de lui. Un genou appuyé dans le creux de son dos, il lui maintient les bras dans un position peu naturelle.

Le chouchou de Thétis vient de me sauver la vie.

Encore une fois, je ne perds pas mon temps à réfléchir-ça va finir par devenir une habitude. Je me glisse dans la tête de Ross. Merlyn, Vywyan et lui ne sont plus très loin du gymnase : ils courent dans le couloir sans se soucier d'être entendus. 

Je parcours la salle du regard. Les gardiens poursuivent leur décompte, pas le moins du monde perturbés par notre petite baston. Seuls deux d'entre eux se sont interrompus, et tous deux ont dégainé leur matraque. 

— A terre ! Tous les quatre, à terre, les mains sur la tête !

Aucun de nous ne s'exécute. Aussi stupide que ça puisse sembler, il faut que je trouve un moyen d'aggraver la situation, d'occuper tous les gardes. 

Mais déjà, l'un d'eux est sur moi, sa main se referme sur mon bras. 

— Qu'est-ce que t'as pas compr...

Il se tait quand l'énorme poing de Médor s'abat sur son crâne.

— Je m'occupe d'elle, déclare-t-il.

Il arrache sa matraque à l'homme assommé, et se tourne vers moi, l'air encore plus furieux que tout à l'heure.

— Trop gentil, lui lancé-je.

Il brandit son arme. Je recule, il avance, je lève les mains comme si ça allait servir à quelque chose.

Au mieux, j'y perds mon nez.

Mais soudain, mon adversaire s'effondre.

Jane Aebby vient de lui faire un croche-pied, et m'adresse un sourire espiègle. 

— Je vois que t'es du genre à t'attirer des ennuis, Jackson.

— C'est plutôt les ennuis qui sont attirés par moi.

Madlyn apparaît soudain aux côtés de sa femme. Mon cœur accélère. Ma deuxième mère, à laquelle je n'ai pas encore parlée.

Et qui n'a franchement pas l'air d'avoir envie que je le fasse.

— On devrait pas se mêler de ça, J, chuchote-t-elle à sa compagne en me jetant un regard noir.

Jane lève les yeux au ciel.

— Allez, Maddie. Pour une fois qu'il y a un peu d'action...

— En fait, intervins-je, ça m'arrangerait qu'il y en ait encore plus. Si vous pouviez m'aider...

Les yeux de l'humaine pétillent. 

— Une diversion ? commente-t-elle. Intéressant.

— Toutes les trois ! A terre ! ordonne le gardien encore debout.

— Toi d'abord, répond Jane.

Elle arrache la matraque des mains de Médor, et l'écrase sur le nez de l'homme-pile au moment ou un troisième zoonite se joint au combat.

Je perds très rapidement le peu de contrôle qu'il me restait sur la situation. Le chaos se répand au reste de la file, d'autres querelles éclatent et les gardiens se retrouvent submergés.