Chapitre 54 : comme un gosse

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Arslàn

Le lendemain matin, je me réveillai embrumé. Mon squelette était au supplice après toutes ces aventures. Aujourd'hui même, il n'y avait plus que deux jours jusqu'au mariage de Solgar et Kàhlar. La veille, Solgar avait fait savoir qu'il se fichait éperdument de tout ce qui touchait à la mode et à son univers. Bizarrement, je m'en serais douté, au vu de son attirail frustre. Il avait donné carte blanche à son fiancé, promettant de ne rien dire sur les vêtements que Kàhlar lui choisirait : il les porterait, point. Il avait annoncé que sa famille avait été invitée et qu'il espérait les voir. Elle vivait à la capitale, et pouvait donc se déplacer sans souci. Comme il souhaitait néanmoins participer comme il le pouvait, il proposa de se concentrer sur tout ce qui touchait aux invités. Comme j'exprimai ma curiosité en apprenant cela, il m'avait indiqué que son premier père mettait son pouvoir au service de Shahíndar et son autre père était musicien et danseur à la cour. J'imaginais très peu un être ressemblant à Solgar danser en tenue légère et je m'étais retenu de rire avec difficulté suite à cette annonce.

Kàhlar, de son côté, avait décidé pour nous deux que comme j'avais éclos dans son domaine, il était responsable de ma mauvaise éducation. Même si pour moi le raisonnement était tiré par les cheveux, il avait bien l'intention de rectifier le tir, et pour ce faire, il m'avait réquisitionné pour l'aider à préparer le mariage de son côté. Sous prétexte d'aider lui aussi, Sorèn s'était invité de lui même dans notre groupe. Depuis que je l'avais vu en pleine extase au marché nocturne d'Adairmena, j'avais plutôt l'impression qu'il adorait ce genre d'activités, et que c'était un bon prétexte pour laisser libre court à son passe-temps.

Amidala et Thranduil — ou devrais-je dire Ōona et Shahíndar— avaient pris le parti de Kàhlar lors de notre petit déjeuner commun ce matin-là, alors que je soulevai à nouveau le sujet. J'avais à peine ouvert la bouche qu'ils avaient déjà conclu que je devais participer. Impossible donc de me défiler : j'avais dû abandonner mon amant en journée pour suivre Cristina Cordula et Elsa-qui-était-libéré-délivré dans leurs expéditions vestimentaires. Les deux, heureusement, semblaient se compléter à merveille : l'un proposait, l'autre validait. Moi, je me contentai d'assister au spectacle en m'ennuyant copieusement. Par chance, leurs goûts concordaient ; les dieux soient loués, on échappait au drame !

Ce fichu Shebolleh profitait des moments où Sorèn s'occupait de l'intendance, allant chercher les étoffes, les fleurs ou visiter les cuisines et les lui proposer pour faire, comme il disait, mon éducation. Il m'apprit les rituels du mariage, qui se passaient au temple du dieu honoré par l'un des deux époux. Ces mariés adoptant un nom commun, le lieu de culte choisi était celui de la personne qui donnait son nom à son partenaire. Je me demandai qui prendrait le nom de qui dans leur couple ... il y répondit indirectement. Dans ce cas précis, ce serait le temple du dieu que Shebolleh vénérait. Quoi, Solgar allait prendre le nom de Kàhlar ? J'étais scotché. Il était vraiment épris, et il me vint à penser qu'il n'avait même pas discuté la possibilité du contraire. J'appris que les parents de Kàhlar l'avaient contraint à prier Schadgnar. Maintenant qu'il était libre d'être lui-même, il m'avoua qu'il avait souhaité que la cérémonie se passe au temple de Bàlan. C'était un changement radical, et je compris que c'était aussi pour lui un moyen de couper définitivement les ponts avec son passé et Scellæon.

Je lui confiai à mon tour que j'avais été nommé par Bàlan et que naturellement, il était devenu le dieu que je priais lorsque le doute m'étreignait. J'avais l'impression de révéler un secret, mais Kàhlar m'écouta, accueillant cette nouvelle avec une simplicité désarmante en me complimentant :

— Pour qu'un dieu vienne te nommer lui-même, c'est que tu es spécial en son coeur. Regarde, la preuve, tu t'es libéré bien plus vite de tes entraves que moi. Tu t'es trouvé des forces cachées et des compagnons fidèles. Et moi je me retrouve là à discuter avec toi comme à un ami, et je me rends compte que je tiens vraiment à toi... moi aussi, je souhaite être libre : je veux apprécier qui je veux, et vivre selon mes envies.

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