Chapitre 41

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Martin s’assit lentement, ses yeux toujours fixés sur moi. La tension entre nous était palpable, chaque mot pesant comme une décision cruciale. Bien que visiblement émue, je cherchais encore à comprendre les véritables intentions de Martin.

— Qu'est-ce que tu as à me dire ?

Martin inspira profondément, ses yeux se perdant un moment dans le vide avant de se fixer de nouveau sur moi.

— Notre isolement n’a fait qu’aggraver la situation, Jacky. Ce n’était pas une solution, c’était une punition qui a laissé des cicatrices. Et maintenant, je dois faire face à ces cicatrices.

Je le regardais avec un mélange de curiosité et de scepticisme.

— Que veux-tu dire par là ?

— Je suis venu pour discuter, pour comprendre et pour peut-être réparer ce qui peut encore l’être. Nous devons être honnêtes l’un envers l’autre, et surtout avec nous-mêmes.

Un silence lourd s’installa entre nous. Je me levais lentement, mes jambes faibles, et me dirigeais vers la fenêtre, regardant l’extérieur sans vraiment voir.

— Martin, je sais que j’ai trahi ta confiance, mais ce que j’ai enduré ici n’a fait qu’accentuer ma culpabilité. Chaque jour, je me suis demandé si tu reviendrais un jour. Je ne comprends pas pourquoi tu m’as laissée dans cet endroit.

Il se leva aussi, ses yeux remplis d’une détermination mêlée de fatigue.

— Je n’avais pas prévu de t’abandonner, Jacky. J’ai agi sur le coup de la colère, et ensuite j’ai pensé que le temps était nécessaire pour nous deux, pour réfléchir. Mais je réalise maintenant que j’ai eu tort. La colère n’a fait qu’envenimer les choses.

— Alors, que penses-tu faire maintenant ?

— Je pense que nous devons tout d’abord parler. Nous devons être ouverts sur ce qui s’est passé et comment nous en sommes arrivés là. Ensuite, nous devrons décider si nous pouvons trouver une voie pour avancer ensemble ou si nous devons chacun prendre des chemins séparés.

Je me tournais enfin vers lui, son visage marqué par la fatigue et l’espoir mélangé.

— Je veux comprendre, Martin. Mais je dois savoir si ce que tu proposes est sincère. Si c’est juste une tentative de réparer les dégâts superficiels ou si tu es prêt à aller plus loin.

Martin s’approcha de moi, me regardant dans les yeux avec une intensité qui trahissait sa sincérité.

— Je suis prêt à aller plus loin, Jacky. Je suis prêt à affronter non seulement les conséquences de tes actes, mais aussi les miennes. Je veux que nous puissions reconstruire, si c’est encore possible, ou nous séparer en ayant fait tout ce que nous pouvions.

Je hochais lentement la tête, un mélange de soulagement et de méfiance dans les yeux.

— Alors commençons. Dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Je suis prête à écouter.

Les premiers mots de Martin étaient hésitants, mais chaque phrase qu’il prononçait semblait enlever un peu du poids qui pesait sur ses épaules. Je l'écoutais attentivement, chaque révélation et confession nous rapprochant un peu plus de la résolution de cette situation.

Martin parla lentement, cherchant ses mots avec soin.

— Quand je t’ai isolée, je pensais que cela te ferait réfléchir sur la gravité de tes actes. Mais en réalité, cela m’a aussi forcé à confronter ma propre brutalité et mon incapacité à voir au-delà de ma colère.

Je l'écoutais attentivement, ses yeux exprimant une combinaison de douleur et de compréhension. Ma voix, bien que faible, était empreinte de sincérité lorsque je répondis.

— Je comprends maintenant que ta réaction était alimentée par la trahison et la douleur, pas seulement par le désir de me punir. J’ai moi aussi réfléchi à mes propres erreurs et à ce que j’ai laissé s’effondrer entre nous.

Il s’approcha de moi, une lueur de tristesse dans les yeux.

— Je suis désolé pour tout ce que tu as enduré, mon amour. Je sais que mon acte de t’isoler a été une erreur, une réponse impulsive et mal dirigée. Je t’ai infligé plus de souffrance que ce que je voulais, et je ne peux pas revenir en arrière.

Je baissais les yeux, les larmes menaçant de couler. Je hochais ensuite la tête, luttant pour contenir mes émotions.

— Je te pardonne, Martin. Non pas parce que je n’ai pas mal, mais parce que je vois maintenant que nous avons tous les deux besoin de changement. Nous avons commis des erreurs, et nous devons accepter que la réconciliation nécessite des efforts des deux côtés.

Il posa une main douce sur mon épaule. C'était un geste de réconfort et de réconciliation.

— Je suis prêt à faire ces efforts. Je veux construire quelque chose de nouveau, basé sur la compréhension et le respect mutuels. Je ne peux pas effacer le passé, mais je peux m'engager à faire mieux pour l’avenir.

Le silence entre nous était chargé d’émotions non dites, mais aussi d’un sentiment renouvelé d’espoir. Je levais les yeux vers Martin, mes larmes se mêlant à un sourire fragile.

— Alors, faisons-le. Commençons par réapprendre à nous connaître, à reconstruire ce que nous avons perdu. Nous avons encore du travail à faire, mais je crois que nous pouvons y arriver si nous restons honnêtes et ouverts l’un envers l’autre.

Martin acquiesça, ses yeux montrant une lueur de détermination nouvelle.

— Oui, commençons par là. Nous devons être patients et compréhensifs, reconstruire lentement ce que nous avons détruit. Nous devons nous soutenir mutuellement et avancer pas à pas.

Nos corps se rapprochèrent, et dans ce geste simple, il y avait une promesse silencieuse de travail et de dévouement. Les blessures du passé n’étaient pas effacées, mais la volonté de guérir et de réparer était désormais partagée.

J'étais consciente qu'on avait encore beaucoup à affronter, mais pour la première fois depuis longtemps, j'avais l’espoir d'un lendemain meilleur à ses côtés.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant