Chapitre 58

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Quelques heures plus tard...

#Jacky

Lorsque j’ai repris conscience, la première chose que je remarquai fut le bourdonnement sourd d’un moteur. Mes yeux s’ouvrirent difficilement, et je compris rapidement que j’étais à bord d’un avion. Comment avais-je atterri ici ? L’incompréhension m’envahit. J’essayais de me lever, mais ma tête tournait encore. Tout semblait flou.

Je balayai la petite cabine du regard. Une chambre. J'étais allongée sur un lit confortable, mais l’atmosphère était oppressante. Mon cœur battait à tout rompre, et une vague de panique monta en moi. Qui m’avait amenée ici ? Pourquoi ?

Soudain, la porte de la chambre s’ouvrit. Une silhouette se dessina dans l’encadrement. Martin… ou Vincent ? Mon esprit encore embrouillé ne parvenait pas à faire la distinction. Ils se ressemblaient tellement, et après tout ce qui s’était passé, je n’étais plus sûre de rien. Mon cœur se serra. J’avais besoin de savoir.

— Qu’est-ce que je fais ici ? demandai-je d’une voix rauque, presque méconnaissable.

L’homme s’approcha lentement, son visage toujours caché par l’ombre. Mon corps tout entier se tendit. Chaque pas qu’il faisait résonnait dans la cabine étroite, amplifiant mon anxiété.

— Tu es en sécurité maintenant, murmura-t-il d’une voix calme.

Ce ton, cette façon de parler… était-ce Martin ? Ou était-ce Vincent, jouant un autre de ses jeux cruels ? Je ne pouvais plus faire confiance à mes propres perceptions. Il s’approcha encore, et je sentis l’air se raréfier autour de moi.

— Qui es-tu vraiment ? demandai-je, la voix plus forte cette fois.

Il s'arrêta, son visage toujours partiellement dissimulé par la pénombre. Puis, il se pencha légèrement vers moi, un sourire énigmatique étirant ses lèvres.

— Est-ce que ça change quelque chose ? répondit-il, son ton aussi ambigu que son identité.

Mon cœur se serra davantage. Chaque fibre de mon être criait pour que je m’éloigne, mais j’étais piégée, sans issue apparente.

__ Vincent c'est ça ? Tu es Vincent ?

Il ri à gorge déployée, se moquant de moi ouvertement.

— Vincent, c'est ça ? Tu es Vincent ? demandai-je, ma voix trahissant une angoisse grandissante.

Il éclata de rire, un rire profond et cruel qui résonna dans la petite cabine comme un écho sinistre. Chaque éclat semblait se moquer de ma confusion, de ma peur. Je le regardais, paralysée, alors qu'il s'approchait encore un peu plus, réduisant la distance entre nous.

— Pourquoi ça t’importe tant ? lança-t-il finalement, un sourire narquois toujours accroché à ses lèvres. Que je sois Martin ou Vincent... ça change quoi, hein ?

Je sentis mon estomac se nouer. Chaque mot qu’il prononçait était un jeu, une manœuvre pour me déstabiliser davantage. Ce doute qui persistait, cette incertitude, c’était exactement ce qu'il voulait. Il cherchait à me faire perdre pied, à brouiller la frontière entre vérité et mensonge.

— Ça change tout ! m'écriai-je, ma voix brisée par l'émotion. Si tu es Vincent, tu n’es qu’un manipulateur. Si tu es Martin, tu es celui que... je croyais connaître.

Mon cœur battait à toute vitesse, chaque seconde passée à douter de son identité me plongeait un peu plus dans le chaos. Je voulais savoir à qui j’avais affaire, à qui je pouvais encore faire confiance, si tant est que la confiance puisse encore exister entre nous.

Il cessa de sourire, son regard se fit plus intense, presque froid. Ce changement soudain dans son expression fit naître en moi une peur encore plus profonde.

— Peut-être que tu ne me connais pas du tout, Jacky, dit-il, la voix soudain plus grave. Peut-être que tu ne m’as jamais vraiment connu.

Je sentis le sol se dérober sous moi. Mon corps entier tremblait. Était-il possible que tout ce que j'avais cru savoir soit un mensonge ? Que cette personne, qu’elle soit Martin ou Vincent, soit en réalité un étranger ?

— Laisse-moi sortir de cet avion, murmurais-je, presque suppliant. Peu importe qui tu es. Laisse-moi juste partir.

Il me fixa un instant, son regard impénétrable, puis il s’approcha de moi, jusqu'à ce que je puisse presque sentir son souffle sur ma peau.

— Personne ne sort de cet avion, Jacky, pas avant que je l’aie décidé.

— Où allons-nous ? demandai-je, la gorge serrée.

— On retourne au pays, répondit-il d'une voix calme, presque trop sereine pour la situation.

— Et Martin ?! Où est-il ? Tu l'as tué ?

Il marqua une pause, son sourire énigmatique réapparaissant.

— Il est en train de croupir dans une cellule à ma place.

— Quoi ? m'écriai-je, abasourdie.

Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression qu'il allait exploser. Je ne pouvais pas croire ce que je venais d'entendre. Martin, innocent, accusé à tort... et moi, prisonnière d’un monstre. Mon esprit se brouillait sous l’effet du choc et de l’incompréhension.

— Comment as-tu... Comment as-tu pu faire ça ?! Martin est ton frère ! hurlai-je, la voix brisée par l'émotion.

Il haussa les épaules, comme si tout cela n'avait aucune importance.

— Martin a toujours été trop naïf, trop faible pour survivre dans ce monde. Je n’ai fait que rétablir l’ordre naturel des choses.

Je tremblais de rage et de peur. Ce n'était pas juste une question de rivalité fraternelle, c'était bien plus sombre, plus calculé.

— Tu es fou, soufflai-je, des larmes brûlant mes yeux. C'est de la folie pure !

Il s’approcha encore plus près, son visage n’était plus qu’à quelques centimètres du mien, son sourire toujours aussi glaçant.

— Peut-être, répondit-il doucement. Mais maintenant, tu es avec moi, Jacky. Et tu ferais mieux de t'y faire.

Je me sentais prisonnière, pas seulement dans cet avion, mais dans un piège bien plus vaste, bien plus implacable.

— Qu’allait-il m’arriver au pays ? murmurai-je, presque pour moi-même, mais l’angoisse dans ma voix ne put être dissimulée.

Le simple fait d’imaginer retourner vivre aux côtés de cet homme, avec ses manipulations et ses cruautés, me donnait des sueurs froides. J’étais terrifiée, perdue dans cette spirale de peur et de confusion.

Une pensée traversa mon esprit, presque comme une bouée de secours : mon beau-père. Où était-il dans tout ça ? Il aurait su quoi faire, il aurait pu m’aider… Je me raccrochai à cette idée, même si elle semblait futile.

Je relevai les yeux vers Vincent, ou du moins celui que je croyais être Vincent, et lui posai la question directement, désespérée de connaître la vérité.

— Et mon beau-père ? Où est-il ? Que lui est-il arrivé ?

Sa réponse fut immédiate, mais étonnamment vague, comme s’il voulait éviter de trop en dire.

— Il va bien... pour l’instant.

Il me regarda, son sourire toujours accroché à ses lèvres, mais je pouvais voir l’ombre d’un mensonge dans ses yeux. Mon cœur s’accéléra. Cette réponse n’avait rien de rassurant. Au contraire, elle éveillait encore plus de doutes en moi.

— Qu’est-ce que tu veux dire par "pour l’instant" ? insistai-je, la voix plus ferme malgré ma peur.

Il se détourna légèrement, évitant mon regard.

— Disons simplement qu’il s’est retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais tout est sous contrôle.

Je sentis mon estomac se nouer.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant