Chapitre 60

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La première personne à qui j'ai pensé est Rita, ma belle-mère. Je me suis rendue à son domicile mais lorsque je suis arrivée, elle a refusé de me recevoir. C'était étrange, qu'est-ce qui s'était passé ? Qu'est-ce que j'allais faire maintenant ?

J'étais perdue, sans direction.

À contrecoeur, j'ai dû retourner à la Villa pour essayer de réfléchir à une autre alternative. Je savais que le poison aurait déjà pris effet à cette heure, il fallait que je cherche à brouiller les pistes pour éviter de faire en sorte que les soupçons se tournent sur moi.

À mon arrivée, je suis entrée en essayant de paraître la plus naturelle possible. Dès que j'ai franchi le seuil de la porte de Vincent, je l'ai vu allongé au sol. Le poison avait fait effet, de sa bouche voulait une substance verdâtre qui ne laissait aucun doute sur ce qui s’était passé. Mon cœur battait à tout rompre, mais je savais que je devais rester calme. C'était la clé pour éviter de soulever des soupçons. Vincent était là, immobile, et l’idée que j’étais responsable me traversait l’esprit, me glaçant le sang.

Je me suis approchée, hésitante, pour vérifier qu'il n'y avait plus aucun signe de vie. Tout semblait indiquer qu'il était déjà trop tard. À ce moment précis, une vague de panique m'a envahie. Qu'allais-je faire maintenant ?

Je me suis ressaisie, j'ai pris une grande respiration et ai balayé la pièce du regard. Il fallait que je pense rapidement, que je trouve une manière de maquiller tout ça. J’ai couru à la cuisine, cherchant quelque chose qui pourrait me servir à altérer la scène. Un verre à moitié plein sur la table attira mon attention. Peut-être pourrais-je faire croire à une crise cardiaque, ou à un accident quelconque.

Mais une voix m'interrompit soudainement.

__ Que fais-tu ici ?

La terreur m’a figée sur place. C'était ma sœur, la maîtresse de Vincent.

Je me suis retournée lentement, essayant de reprendre contenance. Elle se tenait dans l'embrasure de la porte, ses yeux remplis d'incompréhension et de suspicion. Ses cheveux étaient ébouriffés, son visage marqué par l’urgence, comme si elle savait que quelque chose d’irréparable venait de se produire.

__ Qu’est-ce que tu fais ici ? a-t-elle répété, la voix plus ferme.

Je n’avais pas anticipé cette rencontre. Mon esprit s'est mis à tourner à une vitesse fulgurante, cherchant désespérément une explication, une excuse qui ne la pousserait pas à poser davantage de questions.

__ Je… Je suis arrivée et…  J’ai laissé ma voix trembler légèrement, jouant sur l’émotion. __ J'ai trouvé Vincent comme ça. Je ne savais pas quoi faire.

Ses yeux ont glissé du verre que je tenais toujours dans ma main jusqu’au corps sans vie de Vincent. Je pouvais voir son esprit assembler les pièces du puzzle, bien plus vite que je ne l’aurais souhaité.

__ Tu mens…  murmura-t-elle, sa voix se teintant d’une froideur qui me donna des frissons. __ Qu'est-ce que tu as fait, toi ?

Je savais qu’elle n’allait pas me croire si facilement. Ma sœur n’était pas du genre à laisser passer quoi que ce soit.

Mon cœur s’emballa. J'étais prise au piège, et je le savais. Le regard glacial de ma sœur me transperçait, sa mâchoire crispée sous l’effet de la colère et de la suspicion. Il fallait que je trouve une échappatoire, vite.

__ Pourquoi tu dis ça ? ai-je balbutié en reposant précipitamment le verre sur la table. __ Je viens d'arriver, je te jure !

Elle s'avança, ses yeux rivés sur moi comme si elle tentait de lire mes pensées.

__ Tu mens. Je le sens.

Ses mots étaient tranchants, elle était sur le point d'exploser.

Je savais que si elle commençait à crier, les domestiques ou quelqu’un d’autre dans la villa viendraient. Et s’ils nous trouvaient ici, avec le corps de Vincent à nos pieds, je serais la première suspecte. Je ne pouvais pas laisser ça arriver.

__ Écoute, commençai-je doucement, tentant de gagner du temps, __Je ne sais pas ce que tu penses avoir compris, mais nous devons agir vite. Si quelqu’un nous trouve ici avec Vincent dans cet état, ça sera la fin pour nous deux.

Son visage changea légèrement. J’avais touché une corde sensible. Elle comprenait maintenant que sa présence à elle aussi la mettait en danger. Cependant, elle n'était pas encore prête à lâcher prise.

__ Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as fait ça ?

Je secouai la tête, les larmes montant à mes yeux pour donner plus de poids à ma détresse simulée.

__ Je t'ai dit que non ! Mais il est trop tard pour chercher des coupables maintenant. Si on veut s'en sortir, on doit trouver un moyen de maquiller tout ça.

Elle hésita, le regard perdu entre Vincent et moi. Ses émotions étaient contradictoires. D’un côté, elle voulait sûrement me dénoncer, mais de l’autre, elle savait que si elle s'impliquait dans cette histoire, cela pourrait aussi signer sa fin.

__ D'accord… finit-elle par murmurer.__ Mais si je découvre que c'est toi, je ne te le pardonnerai jamais.

Un frisson me parcourut l'échine. Le compte à rebours avait commencé.

Je sentis un poids tomber de mes épaules lorsqu'elle acquiesça, même si sa méfiance persistait. Ce n'était qu'un sursis temporaire, mais il me donnait le temps nécessaire pour agir. Nous étions maintenant liées par cette situation, qu’elle le veuille ou non.

Je jetai un dernier regard à Vincent, son corps toujours immobile sur le sol. Le temps pressait, et chaque seconde augmentait le risque de se faire découvrir. Il fallait agir vite.

__ On va le déplacer. dis-je à ma sœur, en essayant de maintenir un ton calme et autoritaire.__ Si on fait ça correctement, tout le monde croira à une mort naturelle.

Elle fronça les sourcils, la méfiance toujours présente dans ses yeux.

__  Et comment comptes-tu t’y prendre ?

Je me dirigeai vers la fenêtre, l'ouvrant discrètement pour laisser entrer un peu d'air frais. La scène devait paraître naturelle, presque accidentelle. Je me tournai ensuite vers elle.

__ Il faut qu’on le fasse passer pour une overdose. Ça collera avec son passé.

Elle me regarda avec horreur.

__ Tu es folle ? On ne peut pas faire ça !

Je savais qu’elle hésiterait, pourtant c’était la seule option viable.

__ Tu veux passer le reste de ta vie en prison ? lui lançai-je sèchement. __ Crois-moi, si on ne fait rien, c’est exactement ce qui nous arrivera.

Elle sembla réfléchir un instant, puis, résignée, elle hocha la tête. Je savais que j’avais gagné une bataille, mais la guerre était loin d’être terminée. Ensemble, nous avons commencé à déplacer le corps de Vincent, non sans difficulté. Ses bras inertes, son poids mort, tout cela rendait l'opération plus compliquée que prévu.

Une fois que nous l’avions installé sur le canapé, je lui plaçai une seringue à proximité, prenant soin de tout disposer comme s’il avait succombé à ses propres démons. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait éclater.

Lorsque tout fut en place, je me retournai vers ma sœur.

__  Maintenant, il faut qu’on soit d’accord sur notre version des faits. On est arrivées en même temps, on l’a trouvé comme ça, et on a appelé les secours.

Elle m'observa longuement, les lèvres serrées, puis elle hocha la tête. Mais je savais que rien ne serait plus jamais pareil entre nous.

Les sirènes des secours retentirent au loin, se rapprochant de la villa. Mon plan semblait en place, mais au fond de moi, une voix persistante murmurait que cette histoire ne se terminerait pas ici.

POURQUOI J'AI TUÉ MON MARI ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant