Chapitre 13-1

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Contrairement à ce que l'on pourrait croire, garder les yeux volontairement fermés n'est pas si simple que cela en a l'air. Surtout lorsque toute votre attention est concentrée, sur la tâche ardue mais essentielle, qui est de vous empêcher de tomber tête la première sur le sol caillouteux. Même si Lynch me guidait d'une main sûre et me retenais efficacement lorsque je trébuchais, c'est-à-dire à peu près tous les deux pas. J'avais de plus en plus de mal à me retenir d'ouvrir les paupières dans un réflexe naturel de contrôle de mon environnement. Sans compter la fatigue, le froid et les rappels à l'ordre constant de Lynch au moindre frémissement oculaire...bref, j'étais en enfer !

Je décidais donc très rapidement de me concentrer sur notre trajet, essayant de mémoriser tous les tournants et toutes les modifications de terrain. Avec un peu de chance, cela m'empêcherait d'envoyer mon poing dans la figure du professeur pour le faire taire. Ce qui me semblait de plus en plus difficile à mesure que nous avancions.

— Gardez les yeux fer...

— Rrrr... ! C'est bon j'ai compris. Explosai-je finalement à bout de nerf en m'arrêtant brusquement et en braquant sur lui mon regard hostile.

— Apparemment pas, gronda-t-il. C'est si compliqué que ça de garder les yeux fermés, bon sang !

— Essayez et vous verrez. Répliquai-je du tac au tac en hurlant presque, tellement j'étais excédée par ses remarques condescendantes. Je fais de mon mieux, me justifiais-je malgré tout, mais c'est un mouvement réflexe. Je n'essaye pas de reconnaître le chemin, si c'est ce qui vous inquiète. Alors arrêtez de me houspiller toute les cinq minutes et ça ira.

— De toute manière, il est un peu tard pour s'en soucier, maintenant que vous avez les yeux grands ouverts, persifla-t-il d'un ton qui sous-entendait que je l'avais fait exprès.

__ Ah oui c'est vrai que cela va m'être très utile, me moquais-je méchamment. Oh mon dieu encore une galerie ! Voilà qui va assurément m'aider à me repérer, continuais-je de plus en plus remontée. Non mais c'est quoi votre problème ? Vous êtes parano ou quoi ?!

Il ne répondit pas, se contentant de m'assassiner du regard. Ce qui, à présent, me laissait totalement froide. Je restais campée devant lui, profitant de ce répit pour calmer ma respiration saccadée, due à mon éclat de colère.

— Bon alors, on va rester à pourrir là ou bien on continu ?! Le provoquais-je délibérément, tout en fermant ostensiblement mes yeux, pour en rajouter une couche.

— Argh...Vous êtes...répondit-il dans un rugissement, sans même finir sa phrase tellement il était exaspéré.

Cela me fit sourire intérieurement, contente de ma petite vengeance personnelle. Ce n'était pas grand-chose, mais ça faisait du bien quand même ! Je déchantais cependant très vite lorsque, emporté par sa colère, il me tira un peu trop brutalement en avant, manquant de me faire tomber et me meurtrissant le poignet au passage.

— Eh doucement ! Ne pus-je m'empêcher de protester.

— Il faut savoir ce que vous voulez, répondit-il d'une voix dure tout en continuant à m'entraîner sans ménagement derrière lui.

Il se calma néanmoins assez rapidement lorsqu'il se rendit compte qu'à ce rythme-là, soit j'arriverais à destination morte d'une commotion cérébrale, soit les yeux grand ouvert pour justement empêcher que cela n'arrive. Je ne sais pas laquelle des deux options le convint de ralentir, mais j'en fus très contente, bien qu'il maintint un rythme soutenu. Heureusement nous étions presque arrivés et je n'eus donc pas à subir ce traitement très longtemps. Je ne pus m'empêcher de pousser un profond soupir de soulagement, lorsque nous nous arrêtâmes enfin.

— Surtout gardez les yeux fermés, m'admonesta-t-il sèchement mais à voix basse. Déjà que je vais me faire remonter les bretelles pour vous avoir enlevé la cagoule, maugréa-il comme pour lui-même.

Je ne dis rien et me contentais de rester là immobile, les bras ballant et les yeux bien fermés, en me demandant pour la première fois quel était le rôle ou la place exacte du professeur Lynch dans toute cette histoire. Je l'entendis frapper un nombre de coup précis sur une surface en bois, que je supposais être une porte, presque immédiatement suivi par une voix sonore mais étouffé qui cria,

Identifiez-vous ?

— Lynch et une invitée.

Nous ne vous attendions pas si tôt ?

— Cas de force majeure...j'ai dus improviser.

Très bien, répondit la voix au bout d'une minute ou deux. Vous pouvez entrer.

— Encore heureux, répondit Lynch dans sa barbe tout en maugréant que ce n'était pas trop tôt.

— Je peux ouv...

— Non certainement pas, m'interrompit-il dans un murmure précipité.

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Chapitre plus court que les autres une fois divisé ! Mais il sera étoffé par la suite lors de la réécriture qui arrive à grand pas :))

Bisous ^.^

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant