Chapitre 21-2

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Je lui répondis par un signe de tête et m'empressais de la rejoindre devant la porte, où elle m'attendait en trépignant, la main déjà sur la poignée. Elle avait tellement peur que nous arrivions en retard, que nous fîmes presque tout le chemin en courant. Si bien que nous arrivâmes essoufflées devant la porte, n'ayant pour ma part, qu'un souvenir flou du trajet emprunté. Décidément à ce rythme-là, je n'arriverais jamais à me repérer dans ce dédale, me dis-je m'inquiétant un peu de devoir faire le chemin de retour, seule. Une fois à l'intérieur, nous constatâmes que nous étions en avance et que Connors n'était pas encore arrivé...En fait, en dehors du frère de Yaëlle, l'infirmerie était totalement vide.

— Comment se fait-il qu'il n'y ait personne de garde ? Demandais-je très étonnée en me tournant vers Yaëlle.

— Je...je ne sais pas. Henry m'avait dit qu'il s'en occupait, je lui ai fait confiance. Tu crois qu'...

— De toute évidence, faire confiance à Henry est une mauvaise idée, la coupais-je un peu plus froidement que je n'aurais dû. Espérons juste que ton frère ne soit pas resté sans surveillance toute la nuit, continuais-je en marmonnant tout en me précipitant au chevet de mon patient, le ventre noué par une angoisse sourde.

Je l'auscultais sommairement, n'ayant pas de matériel sous la main et me redressais, un peu rassuré par sa respiration calme et régulière.

— Ca a l'air d'aller, rassurais-je Yaëlle qui couvait son frère d'un regard perdu tout en se tordant les mains. Mais en attendant que quelqu'un puisse te relayer, reste avec lui. Et quand Henry reviendra, j'aurais quelques mots à lui dire, marmonnais-je rageusement tout en me dirigeant vers l'étagère à fournitures.

— Henry ne remettra plus les pieds ici...et c'est un soulagement pour tout le monde, déclara Connors d'une voix forte en entrant dans la pièce, nous faisant toutes deux sursauter. C'est officiel l'infirmerie est tout à toi, me dit-il en ouvrant grand les bras pour appuyer ses propos.

Il arborait un grand sourire, un peu sarcastique sur les bords, me sembla-t-il tandis qu'il s'avançait vers moi d'une démarche assurée. En même temps, vu l'état de ladite infirmerie, c'était plutôt un cadeau empoisonné qu'une distinction, que l'on me faisait là !

— Et qui a dit que j'étais d'accord ? Répliquais-je plus par esprit de contradiction qu'autre chose, tout en retirant un vieux bout de ferraille tordu d'un carton de compresses. 

— Il me semblait pourtant t'avoir entendu accepter hier, me répondit-il en s'arrêtant devant moi, visiblement un peu surpris par ma réponse.

— C'était avant que je ne me rende compte de l'étendue des dégâts, dis-je d'une voix acide tout en lui agitant le morceau de métal sous le nez.

— Tu ne vas pas refuser quand même... ? Demanda-t-il d'une voix d'où sourdait une telle inquiétude, que je me dis que mon petit jeu avait assez duré.

— Ce n'est pas comme si j'avais véritablement voix au chapitre de toute façon, plaçais-je quand même, histoire de lui faire comprendre que je n'étais pas dupe. C'est juste que...que veux-tu que je fasse avec ça, terminais-je en jetant le bout de ferraille sur l'étagère d'un geste découragé. Il va me falloir des jours pour tout trier, nettoyer...

— Ne t'inquiète pas, tu auras de l'aide, m'interrompit-il gentiment en posant rapidement sa main sur mon bras dans un geste de réconfort.

Par miracle, je réussis à ne pas avoir de mouvement de recul malencontreux devant ce geste normal et anodin. Heureusement, car si cela avait été le cas il aurait pu mal le prendre et je crois que j'aurais été triste qu'il m'en veuille. La prise de conscience de cet état de fait me laissa perplexe quelques secondes,  mais le pourquoi pouvait attendre !

—Tout le monde est tellement ravi de ne plus avoir à faire à Henry, qu'ils se sont presque tous porté volontaire pour donner un coup de main, continua-t-il me sortant de ma rêverie.

Au moment où il disait cela, la porte s'ouvrit, livrant passage à deux jeunes gens.

— Tu vois ! Qu'est-ce que je te disais.

Je m'obligeais à sourire à la ronde, histoire de ne pas paraitre trop ingrate, après tout un peu d'aide c'était déjà mieux que pas d'aide du tout. Mais je soupçonnais fortement que ces deux personnes n'avaient aucune connaissance médicale. Qu'est-ce qui me faisait dire ça ? Peut-être le treillis élimé qu'ils portaient tout deux. À moins que ce ne soit plutôt les deux armes passées dans leur ceinture ? Je me tournais donc vers eux, en essayant de masquer mon air résigné derrière un sourire de façade. N'ayant pas vraiment l'habitude de donner des ordres et surtout que quelqu'un les écoutes, ma voix me parut bien incertaine et tremblotante lorsque je commençais à parler.

— Heu...Merci beaucoup d'être là...L'un d'entre vous est-il formé aux premiers secours, demandais-je avec espoir.

— On nous a juste demandé de venir donner un coup de main pour le rangement, me répondit le jeune homme d'un air gêné.

D'accord, c'était encore pire que ce que je pensais, me dis-je avec un petit soupir résigné. Au moment où j'allais leur demander de commencer à trier le capharnaüm présent sur les étagères, la voix de Yaëlle m'interrompit.

— Hayden, si tu ne veux pas être en retard, il faut que tu partes tout de suite. Ne t'inquiète pas, je leur dirais quoi faire. Maintenant dépêches-toi, me houspilla-t-elle gentiment.

D'un côté j'étais heureuse qu'elle m'ait interrompu dans mes explications maladroites, mais je me serais franchement bien passé de la raison pour laquelle elle l'avait fait ! Au moment où je franchissais la porte à la suite de Connors, je me demandais de façon très sérieuse, s'il ne me conduisait pas à l'abattoir.

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Voilà, tous les chapitres en corrections ont été édité. A partir de maintenant, ce sera de l'écriture en direct. La mise en ligne risque donc d'être un peu moins rapide. Merci de me suivre et bonne lecture.

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