Chapitre 10-2

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J'avais beau savoir qu'il fallait que nous partions d'ici le plus vite possible, je ne pouvais me résoudre à laisser Elana là, inconsciente sur le sol. Comme je ne savais pas comment faire pour convaincre l'autre tête de mule, j'essayais de le provoquer pour qu'il cède. Après tout c'était une technique comme une autre.

Je crus que j'avais eu gain de cause quand je le vis pousser un soupir excédé mais résigné et s'agenouiller à côté d'Elana comme pour la prendre dans ses bras. C'est à ce moment que l'un des gardes commença à bouger faiblement...

— Trop tard, nous n'avons plus le temps. Maintenant venez ! Commanda-t-il tout en se relevant comme un ressort et en ouvrant la porte dans le même mouvement.

Voyant que je ne le suivais pas immédiatement, il s'arrêta quelque seconde sur le seuil en me regardant d'un air meurtrier.

— Vous préférez peut-être rester planter là comme une cruche à attendre qu'ils se réveillent ?! C'est votre problème après tout...mais n'attendez pas que je fasse de même. Et cette fois ci il partit sans m'attendre et sans même un regard en arrière.

Après un dernier coup d'œil désolé à Elana, je me décidais enfin à le suivre. À peine avais-je franchis la porte, qu'il me saisit le poignet gauche d'un geste rageur et m'entraina sans ménagement derrière lui. Il marchait tellement vite que j'étais presque obligée de courir pour le suivre. J'étais sur le point de lui demander de ralentir, quand il stoppa si brusquement que je faillis lui rentrer dedans et dus m'appuyer sur le mur pour me stabiliser.

— Alors Mademoiselle Hayden, qu'en est-il de l'expérience sur la théorie des fluides, que vous deviez travailler pour aujourd'hui ? Me demanda-t-il subitement sur le ton de la conversation, tout en se remettant en mouvement presque immédiatement, d'un pas toujours énergique mais plus mesuré me forçant, d'une main dans mon dos, à calquer mon pas sur le sien.

Pendant quelques secondes je me contentais de fixer son profil bêtement, tout en trébuchant à ses côté, jusqu'à ce qu'un groupe d'élèves débouchant d'un couloir à quelques mètres de nous n'éclairent brusquement ma lanterne.

— Bonjour professeur Lynch, dirent-elles toutes dans un bel ensemble et d'une voix énamourée.

Il ne leur répondit pas et se contenta de leur faire un sourire assorti d'un petit signe de la main, qui les fit glousser comme des gamines de dix ans. Malgré ma situation plus que précaire, j'eu une furieuse envie de lever les yeux au ciel. Non mais franchement ! La réalité me rattrapa bien vite hélas, lorsque nous arrivâmes quelques minutes plus tard devant la salle de science où se trouvait également son bureau. À peine avais-je commencé à ouvrir la bouche pour demander ce que nous faisions là, qu'il ouvrait la porte à la volée et me poussait sans ménagement à l'intérieur. La porte était à peine refermée, qu'il m'entrainait déjà derrière lui en slalomant fluidement entre les paillasses et les tabourets. Quand je me fus pris mon troisième tabourets dans les jambes, il consentit enfin à ralentir et j'en profitais pour stopper tout à fait.

— Vous allez m'expliquer ce qu'on fait là, lui demandais-je d'une voix excédée. Je croyais que nous devions nous enfuir ?

— Grâce à vous petite maline, le plan A est tombé à l'eau, répondit-il sur le même ton. Et si vous continuez à poser des questions idiotes, je ne donne pas cher du plan B non plus ! Alors suivez-moi sans faire d'histoire ou je vous laisse vous débrouillez.

C'est à ce moment que retentirent des coups secs et violents en provenance de la porte.

— Merde ils sont déjà là, s'exclama-t-il en reprenant sa course louvoyante entre les meubles.

— Non mais vous vous attendiez à quoi franchement en revenant dans votre bureau, ne pus-je m'empêcher de lui lancer d'un ton sarcastique tout en lui emboitant le pas.

Il se contenta de me jeter un regard assassin, ouvrit d'un geste brusque la porte menant à son bureau et d'un geste impatient de la main me fit signe d'entrer.

— Et maintenant ?! Demandais-je crânement, tout en ne pouvant m'empêcher de donner des coups d'œil nerveux à la porte, m'attendant à la voir s'ouvrir avec fracas d'un instant à l'autre.

— Maintenant...dit-il tout en vidant rageusement l'une des niches de sa bibliothèque...il nous faut une diversion efficace...pour pouvoir partir d'ici, termina-t-il au moment où il en sortait un bidon, qu'il ouvrit dans le même mouvement.

Il se mit aussitôt à en répandre le contenu sur tous les meubles et papiers environnant. À peine avait-il commencé, qu'une odeur âcre et volatile envahit la pièce...de l'essence !

— Non mais qu'est-ce que vous faites ?! Demandais-je paniquée, tout en reculant instinctivement vers la porte.

Comme ce qui commençait à devenir une habitude, il ne me répondit pas et d'un mouvement vif me saisit le poignet et me tira vers lui. Puis, avant que je n'aie le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, il souleva un tapis que je n'avais même pas remarqué tellement il se confondait avec le sol et ouvrit la trappe qui se trouvait en dessous, avant de sortir une pochette d'allumette de sa poche et d'en craquer une.

— Je vous sauve la vie, me répondit-il brusquement au moment où il jetait l'allumette sur un tas de papier, avant de me pousser dans le vide avec un petit sourire sarcastique.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant