Chapitre 35-1

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Une fois le premier pas effectué, il prit de l'assurance et commença à descendre les marches sans même vérifier que nous le suivions. À l'entente des tirs sporadiques, résonnant encore de l'autre côté, nous finîmes par nous engager à notre tour dans l'escalier, en nous jetant des regards anxieux et effrayés.

La descente se fit dans un silence pesant, uniquement rythmé par le bruit de nos pas sur les marches abîmées. Le maigre rayon de ma lampe torche essayait difficilement de trouer l'obscurité épaisse, qui semblait nous avaler à mesure que nous descendions. Je sentais un poids familier qui ne me disait rien de bon, commencer à peser sur ma poitrine et à gêner ma respiration. Pour tenter de lutter contre la crise de claustrophobie qui se profilait, je me concentrai sur la tâche essentielle, consistant à rester bien au milieu des marches et à ne surtout pas toucher les murs, émaillés de tâches suspectes.

— À quoi cela va bien pouvoir nous servir de nous terrer en bas ? À un moment où à un autre, il faudra bien que nous sortions de cet immeuble, demanda soudain Elana, d'une voix basse et légèrement tremblante.

— On peut sortir par les sous-sols, il y a des passages qu'ils ne connaissent pas, lui répondit Lynch d'une voix étouffée, tandis qu'il continuait sa descente.

— Rassurez-nous, l'histoire du virus...elle est fausse ! C'était un stratagème pour les tenir à l'écart ?!

— J'aurai préféré...mais non, répondit-il sur un ton sombre, alors qu'il faisait halte sur un palier à peine assez grand pour nous permettre d'y tenir tous les quatre.

Alors qu'il s'apprêtait à poser le pied sur la prochaine marche, Elana qui se trouvait à présent juste derrière lui, le retint en le saisissant vivement par la manche.

— Et vous nous y emmenez quand même ! Non mais vous êtes malade...!

— C'est ça, ou les balles ? Vous préférez quoi, lui répondit Lynch d'un ton excédé en se retournant vivement pour la dévisager, dégageant son bras au passage.

Dans la pénombre oppressante, uniquement troublée par les faisceaux tremblants de nos torches son visage fatigué, défiguré par les ombres mouvantes, était à la limite de l'effrayant.

— Il y a sûrement un autre moyen, on pourrait...

— Remonter là-haut et attendre qu'ils s'en aillent, la coupa-t-il d'un ton sarcastique très appuyé.

— Et pourquoi-pas ?! Ce n'est pas une si mauvaise idée je trouve...ils finiront bien par partir...

— Certainement...dans quatre jours, lui répondit-il d'un ton railleur assorti d'une grimace à l'avenant. Quand ils seront sûr, que nous soyons tous morts de soif...Charmante perspective !

— Parce que mourir d'une horrible maladie, c'est mieux peut-être ?

— Là, au moins nous avons une chance, alors que dehors...

— Une chance de quoi, répondit Elana ne voulant apparemment pas en rester là. De mourir plus lentement ? Et on aura gagné quoi à part d'atroces souffrances inutiles ?!

— Une chance de vous en sortir, petite idiote ! s'énerva-t-il pour de bon, se retenant visiblement à grand peine, de l'attraper par le col de son tee-shirt pour la secouer.

Voyant que la situation risquait de dégénérer et ne voyant pas d'autres solutions à notre problème actuel que celle que proposait Lynch, je décidai de poser une question qui me turlupinait depuis le début. Peut-être que cela nous apporterait des réponses. Souvent lorsque l'on est informé du danger, on en a moins peur.

— Vous dites que c'est un virus...mais comment le savez-vous ?

— A sa rapidité...si cela avait été une bactérie, on aurait peut-être eu le temps de trouver un remède...mais là...

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant