Chapitre 14-2

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Mais où étais-je tombée ? Me demandais-je, pour la centième fois au moins me sembla-t-il, en entrant dans la pièce la tête basse, obnubilée par mes pensées. J'étais perdue et les explications désordonnées et bavardes de Connie, ne m'aidaient pas vraiment. Au contraire, elles m'embrouillaient encore plus, si c'était possible. C'est donc avec un soupir de lassitude que je relevais la tête, prête à affronter de nouvelles explications sans queue ni tête...et restais bouche-bée. Je crus, pendant un très court instant, être de retour à l'E.E.V dans mon dortoir et eus un coup au cœur. Mais je me rendis compte presque instantanément, que même si la pièce et sa disposition paraissaient identique,  la ressemblance s'arrêtait là. Car ici, il était évident que chaque occupante des lieux y avait ajouté sa touche personnelle. Donnant à l'ensemble un aspect gai et désordonné, à l'exact opposé des codes stricts et austères des E.E.V. 

— Bon, comme on ne sait pas encore dans quelle catégorie tu te...

— Stop ! Criais-je soudain pour la faire taire, tout en levant les mains devant moi dans un geste instinctif. Arrête...je n'y comprends rien. Continuais-je en secouant la tête, tout en m'asseyant lourdement sur le premier lit qui se présentait. Tu vas trop vite, je...je ne comprends pas...Je ne sais même pas où nous sommes, ni ce que je fais là ?! Bor... ! Criais-je d'un ton désespéré en retenant de justesse le gros mot qui, dans ma colère et mon incompréhension, avait failli sortir tout seul. Ça ne me ressemblait tellement pas, que cela eut le mérite de me calmer presque instantanément.

— Oh excuse-moi, me dit-elle aussitôt d'une petite voix désolée en venant s'accroupir devant moi. Je pensais que puisque tu étais là...tu savais un minimum de...

— Hmpf... Je savais bien que c'était une mauvaise idée de te laisser seule avec elle. Tu arriverais même à énerver un saint ! La coupa subitement l'homme qui avait parlé à Lynch, en entrant d'un pas énergique dans la pièce. Laisses, je vais prendre le relais. Ce sera plus sûr pour sa santé mentale. Lui dit-il sèchement d'un ton exaspéré, qui pouvait laisser penser que sa dernière remarque n'était pas qu'une plaisanterie. 

— Non c'est bon, je peux le faire, lui répondit-elle sur la défensive tout en se relevant d'un bond pour lui faire face. Cette fois-ci plus aucun sourire n'éclairait son visage, tandis qu'elle soutenait le regard à la fois agacé et moqueur du jeune homme.

— Non c'est bon tout va bien, Connie est parfaite, me sentis-je obligée de dire pour prendre sa défense. Même si je n'en pensais pas un mot.

Elle avait beau être bavarde et brouillon, elle était aussi la seule à s'être souciée de moi depuis que j'étais arrivée et je ne voulais pas lui causer d'ennuis. Je fus récompensée de mon mensonge par un petit sourire et un regard reconnaissant de sa part, qui disparut à la seconde où l'homme repris la parole. Je ne savais pas quel était le problème exact, mais de toute évidence, ces deux-là n'avaient pas l'air de très bien s'entendre.

— En fait je suis venu, car vous devriez être dans la salle commune depuis au moins vingt bonnes minutes et que Henry te cherche désespérément. Ils ont apparemment un besoin urgent de tes talents à l'infirmerie, lui dit-il sur le ton appuyé que l'on emploie généralement pour faire passer un message.

— Oh non...Justin à encore une crise ? S'écria-t-elle tout en s'élançant vers la porte avant  même qu'il est confirmé son affirmation. Ce qu'il fit quelques secondes plus tard, d'un bref signe de tête.

— Désolée, mais il faut que j'y aille, me dit-elle précipitamment. On se retrouve tout à l'heure...je finirais de te montrer le dortoir...enfin si tu veux toujours, me demanda-t-elle soudain inquiète.

— Bien sûr, avec plaisir.

— Cool, à tout à l'heure alors, dit-elle avant de quitter la pièce en coup de vent.

Un silence, finalement plus pesant que reposant, tomba alors sur le dortoir. Mais au lieu de le rompre immédiatement comme je m'y attendais, le nouveau venu se contenta de retourner vers la porte, de s'y adosser et de commencer à m'observer avec attention un demi-sourire aux lèvres. Un peu surprise par son comportement, je jugeais préférable d'attendre la suite des évènements et décidant donc de calquer mon comportement sur le sien, je commençais à l'observer à mon tour.

La luminosité de la pièce, bien que diffuse, était suffisante pour distinguer correctement ses traits même à cette distance. La première chose qui me sauta aux yeux, est qu'il était certainement plus jeune que je le croyais de prime abord. En revanche ses cheveux noirs coupés très courts ainsi que son visage dur, expliquaient très bien pourquoi je m'étais trompée la première fois que je l'avais aperçu. Il me regardait l'observer et plus les secondes passaient, plus il avait l'air de se détendre et de s'amuser...alors que de mon côté c'était tout le contraire.

— Je comprends mieux pourquoi Gab a pété les plombs, finit-il par dire en rigolant sans pour autant me quitter des yeux.

— Quoi... ?!

— Vous avez l'air complétement perdu mais malgré ça vous restez tenace et déterminée...ce qui a dû prodigieusement l'agacer.

— Écoutez...commençais-je à lui répondre à bout de nerf, tout en prenant appui sur le pied du lit pour me lever. Je ne sais...

C'est à ce moment que toute la pièce se mit brusquement à tourner et ma tête à devenir aussi légère et vide qu'une plume. Il me sembla entendre quelqu'un qui criait « Attention ! », puis...plus rien.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant