Chapitre 42-1

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Notre marche, déjà difficile du fait de la nature instable et marécageuse du terrain, devint vite un véritable enfer, lorsque nous fumes plongés dans l'obscurité avec interdiction absolue d'utiliser la moindre lampe. Ophélia et moi nous tenions par la main, trébuchant tous les deux pas et priant pour ne pas nous tordre une cheville ou pire, avant la fin de ce calvaire. Le colonel ouvrait la marche, sans un regard en arrière pour nous, avançant sans aucun problème apparent, à croire qu'il avait des yeux de chats ! Quant à Isy, pourtant à peine remise, elle s'obstinait à suivre Blake coûte que coûte, pourtant visiblement pas plus à l'aise que nous.

Je ressentis un immense soulagement à l'instant où mon pied se posa enfin sur une surface dure, me faisant presque perdre l'équilibre tellement la différence était grande. Nous suivîmes titubantes, Blake jusqu'à un groupe d'ombres denses et dentelées, qui s'avérèrent être en fait un petit bosquet d'arbres rabougris une fois à proximité.

— Très bien, reposez-vous là quelques minutes. Dès que l'aube se lèvera nous repartirons, nous dit-il de sa belle voix grave, à l'évidence aucunement impactée par notre marche forcée.

— Et pourquoi attendre ? demanda Isy de sa voix voilée et essoufflée, malheureusement devenue habituelle depuis qu'elle s'était réveillée.

— Parce que cela semblerait plus que suspect que je débarque de nulle-part avec trois prisonnières en plein milieu de la nuit ! Autant mettre toutes les chances de notre côté et ne pas leur donner d'emblée une raison de se méfier, expliqua-t-il à mi-voix et d'un ton signifiant que cela aurait dû être une évidence, même pour nous pauvres civiles.

— Si vous ne vouliez pas avoir à répondre à des questions idiotes, vous auriez peut-être dû tout nous expliquer avant le départ, intervint avec raison Ophélia, adossée à l'arbre voisin du mien.

Avec l'aube qui approchait, une luminosité relative nous entourait désormais, me permettant de mieux appréhender mon environnement, bien que cela reste malgré tout assez vague. Mais c'était assez pour lire la méfiance et la désapprobation sur le visage de ma voisine, qui avait l'air assez remonté contre notre cher colonel !

— Nous n'en avons pas eu le temps, répondit enfin ce dernier, avec l'air de s'intéresser à la conversation comme à sa dernière chemise !

— Et bien nous l'avons maintenant ! Pourquoi sommes-nous partis si tôt, si c'est pour attendre là maintenant ?

— C'est vrai que tout ce plan paraît bancal et bâclé, renchérit Isy en s'asseyant enfin dans un soupir harassé.

Je vis le beau visage de Blake se teinter d'exaspération, avant qu'il ne se reprenne et me jette un regard à la fois perplexe et reconnaissant. Sans doute parce que je ne participais pas à cette attaque en règle. Pas parce que je l'appréciai spécialement ! Il avait beau être le frère de Connors, je ne lui faisais qu'une confiance limitée. Mais parce que je trouvais que cela ne servait à rien. Nous nous étions engagées à le faire, maintenant nous n'avions plus le choix, alors autant aller jusqu'au bout. Je me sentais résignée et étrangement détachée des événements, comme si inconsciemment je sentais que la fin était proche. Et elle l'était, me susurra ma conscience. Quelques soit la forme quelle revêtirait, bonne ou mauvaise, nous allions vers la fin de ce conflit absurde et destructeur et c'était bien.

— Pourquoi avoir accepté d'en faire partie dans ce cas ? répondit Blake dans un soupir excédé faisant écho à mes pensées. Nous sommes partis si tôt car l'autre groupe à plus de chemin à faire que nous pour atteindre leur destination. Et ils doivent y être impérativement avant le lever du jour. Bon assez discuté, dit-il soudain en se levant. Hayden...approchez-vous s'il vous plait, me demanda-t-il en sortant du sac à dos qu'il portait à l'épaule, quelque chose de métallique qui brilla légèrement lorsqu'il le sorti de la pochette avant.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant