« Lui faire confiance ». Non mais et puis quoi encore ! Me répétais-je en boucle et sans décolérer depuis la fin du cours. Duquel je m'étais empressée de fuir sans demander mon reste, dès les premières secondes de la sonnerie. Comme si j'allais me fier à un type qui avait essayé de m'enlever à peine quelques heures plus tôt. Il me prenait vraiment pour une cruche ma parole ! Recroquevillée dans mon abri de fortune, je ne pouvais m'empêcher de ruminer. Celui-ci se trouvait au cœur du jardin intérieur, dans le tronc d'un arbre creux. Je l'avais découvert par hasard, quelques semaines plus tôt, en trébuchant sur une branche morte. Il m'avait dès lors servi de refuge dès que j'aspirais à quelques minutes de calme et de solitude. C'était une cavité circulaire et étroite où j'avais juste la place de m'assoir en ramenant mes genoux contre ma poitrine. Mais cette exiguïté ne me gênait pas, au contraire, elle m'apaisait...et Dieu savait, que si j'avais besoin de quelque chose aujourd'hui, c'était bien d'apaisement !C'était donc là, blotti dans la douce chaleur de cet espace étroit, que j'essayais de faire le vide dans mon esprit pour tenter d'y voir plus clair...à vrai dire sans grande réussite pour le moment. Les yeux rivés sur le coin de ciel bleu que j'entrapercevais entre les fougères serrées qui poussaient en désordre devant l'entrée de ma cachette, je tentais maladroitement de faire le point sur mes pensées et sentiments dispersés. Je me sentais à la fois perdue, engluée dans toute cette situation qui m'apparaissait toujours comme...irréelle. Et en colère car je ne pouvais rien maîtriser et j'avais vraiment horreur de ça. Plus les heures passaient et plus j'avais le sentiment d'avoir imaginé toute la conversation étrange que j'avais surprise...puis boum...voilà qu'une nouvelle bombe venait à nouveau anéantir tous mes espoirs et me replonger dans la confusion.
Car une fois son avertissement délivré il n'avait plus prononcé un mot. Si ce n'est pour continuer son cours et me donner des instructions pratiques ayant trait à l'expérience. J'avais essayé de lui poser des questions discrètes tandis que nous rangions le matériel, mais il m'avait superbement ignoré, faisant comme si je n'étais pas là. Je l'avais donc planté là, dès la première sonnerie, sortant en trombe devant mes camarades interloquées. Lui faire confiance ? Mais pour quoi au juste...et que signifiait exactement sa dernière remarque ? « Ils en ont trop vu... » Trop vu de quoi ? Qu'avais-je bien pu faire qui les dérangent autant ? Changeante...Qu'est-ce que cela signifiait exactement ? Argh... ! M'énervais-je en me prenant la tête dans les mains. Toutes ces questions sans réponses allaient finir par me rendre folle. Au final qu'avais-je à perdre à lui faire confiance, au mieux j'aurais enfin des réponses à mes questions, au pire... ?
Bah...on verrait bien. De toute façon ce n'est pas comme si j'avais le choix, me dis-je en me levant pour quitter à contrecœur mon abri végétal. Je me faufilais entre l'écorce puis entre les fougères, qui m'arrivaient pour certaine jusqu'à la taille, mais avant que je n'atteigne le chemin de graviers gris, une silhouette surgit brusquement devant moi me bloquant le passage.
— C'était donc là que tu te cachais, me lança Elana en me foudroyant du regard, tout en contournant vivement l'arbre derrière lequel elle s'était dissimulée.
— Bon choix pour une paranoïaque délirante, me railla-t-elle avant de venir se planter à quelques centimètres de moi, envahissant à dessein mon espace personnel.
— Très bien Elana, dis-je avec humeur en la fixant droit dans les yeux. Prends moi pour une parano, une folle ou ce qu'il te plaira, je m'en fous complètement. Mais maintenant que les choses sont claires...fiche moi la paix !
Avant que je n'aie eu le temps de la contourner pour la planter là, comme j'en avais l'intention, elle commença à lever la main dans l'intention évidente de me retenir.
— Ne me touche pas, la prévins-je d'une voix sourde tout en faisant instinctivement un pas en arrière.
Son geste n'avait rien d'agressif et semblait plus tenir du reflexe qu'autre chose, mais...je n'aimais pas que l'on me touche. Malheureusement, soit mon avertissement était arrivé trop tard, soit elle n'en avait pas tenu compte, mais elle continua son geste comme si elle ne m'avait pas entendue. Avant que sa main ne puisse atteindre son but, c'est-à-dire le haut de mon épaule gauche, je me projetais légèrement en arrière...et atterris avec force contre l'arbre qui se trouvait derrière moi. Le choc me coupa le souffle quelques secondes et je me retrouvais sous une pluie de feuilles délogées de leurs branches par la force de l'impact. Comment avais-je pu me retrouver là ? Je n'étais pas si près de l'arbre pourtant ! J'avais dû m'en rapprocher sans m'en rendre compte durant notre conversation, me dis-je tout en me relevant en grimaçant...ou pas ?! Car devant moi à au moins 4 mètres de distance, Elana me regardait bouche-bée, la main encore levée.
— Co...comment tu as fait ça, me demanda-t-elle incrédule et choquée tout en s'approchant de quelques pas.
Je ne répondis pas, essayant d'intégrer l'énormité de ce qui venait de se passer. J'étais sonnée et pas seulement à cause de la rencontre fracassante de mon dos avec un arbre. Heureusement que cela n'avait pas été ma tête d'ailleurs. Je venais de me déplacer avec une vitesse et une force ahurissante...un peu comme tout à l'heure dans la salle de classe, lorsque j'avais sauté comme un chat par-dessus la table sans même m'en rendre compte, réalisais-je subitement. Mais qu'était-il en train de m'arriver ? Changeante...me souffla une petite voix dans ma tête. Argh...Toute cette histoire était en train de virer au cauchemar. Il me fallait des réponses et vite avant que tout cela n'échappe à mon contrôle. Je m'éloignais de l'arbre d'une démarche pas très assurée, semant des feuilles un peu partout autour de moi.
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Chapitre, qui devient assez court une fois diviser en deux, mais qui prendra plus d'ampleur lors de la réécriture. Au cours de laquelle je pense rajouter pas mal de texte !
Merci de me lire et j'espère qu'il vous a plu, malgré tout :-)
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Isolated System
Ficção Científica*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...