Un silence de mort suivit ses paroles. Personne ne bougeait, trop fatigué, sonné ou choqué pour cela. Comment voulait-il que nous nous battions à cinq contre...on ne savait même pas combien ils étaient !— Comment veux-tu...on ne peut pas...nous ne sommes pas assez nombreux. Intervint le jeune homme d'une voix découragée, comme s'il venait de lire dans mes pensées.
— Si vous pouvez, et vous allez le faire. Mais ce n'est ni le moment, ni l'endroit pour parler de ça. Il faut bouger d'ici et vite. Alors si vous voulez avoir une chance, fermez-là et suivez-moi. Ordonna Lynch d'une voix grondante, avec son tact et son empathie habituels.
Après ce petit discours très motivant, tout le monde le suivit sans un mot. Nous descendîmes encore une fois cette fichu falaise, truc...je ne savais pas vraiment quoi au juste !...en faisant attention à chacun de nos pas. Nous étions tous épuisés et vu les regards que certains d'entre nous échangeaient, convaincu que nous courrions tout droit à notre perte. Les filins noirs, ressemblants à des toiles d'araignées malsaines pendaient, à présent vide de toute présence, semblant nous narguer. Le silence et le calme, après le tumulte de l'assaut, paraissaient curieusement...assourdissants. Mais où étaient-ils tous passés ? Nous tendaient-ils un piège ? Attendaient-ils de voir ce que nous allions faire ?
Malgré la fatigue et le découragement ambiant, nous arrivâmes assez rapidement à destination. Nous débouchâmes à l'abri d'un mur à demi-éboulé, mais encore assez haut pour nous dissimuler efficacement, pour peu que nous avancions courbés. Arrivé dans ce qui ressemblait à un cul de sac, Lynch se pencha et souleva ce qui s'avéra être une trappe, dissimulée dans l'angle d'un mur. Tout le monde s'y engouffra précipitamment, sans manifester la moindre surprise, apparemment déjà au courant de son existence. Passant en dernier, j'eus un instant d'hésitation en constatant l'absence d'échelle, ou de tout autre moyen pour s'agripper. Finalement n'ayant pas vraiment d'autre choix, je fis comme les autres et me laissais tomber à l'intérieur.
Pour arriver dans...une galerie...encore. Super ! Sauf que celle-ci, en plus d'être sombre et étouffante, était aussi...humide. À tel point que j'avais atterri en plein dans une flaque d'eau croupis, me trempant au passage. Bien évidemment personne ne m'avait attendu, si bien que j'hésitais un instant sur la direction prendre. Des voix parvenant de la droite, me convainquirent de suivre cette direction. Au bout de quelques pas, les sons se précisèrent en exclamations étonnées et inquiètes, qui me firent presser le pas. Quelle que soit la nouvelle, elle n'avait pas l'air bonne...pour changer.
Je débouchais enfin sur une espace un peu plus vaste, que l'on aurait presque pu qualifier de pièce, et où l'on pouvait enfin se tenir debout. Mais le plus important était la personne avachie contre le mur de gauche et qui me regarda entrer avec espoir et soulagement. Ses cheveux, à présent défait, avaient beau lui cacher la moitié du visage, je la reconnus tout de suite.
— Isy...ça va ? Demandais-je, bêtement en me frayant un passage jusqu'à elle.
— Oui, t'inquiète, me répondit-elle avec un pauvre sourire fatigué. Ça va beaucoup mieux maintenant que je sais que tu vas bien.
Je me sentis mal un instant, à l'entente de ses paroles, mais me repris assez vite. Que je sois restée avec elle ou non, n'aurait strictement rien changé à ce qu'il s'était passé. Le plus important maintenant, était ce que je pouvais faire pour elle. Je m'accroupis donc à ses côtés et repoussant ses cheveux de ma main droite, commençais à l'examiner du regard. Elle arborait, comme nous tous, tout un tas de petites coupures et d'égratignures, dues aux débris projetés par les explosions. Ce qui m'inquiétait plus en revanche, c'était son bras gauche, qu'elle tenait serrée contre elle, tout en grimaçant à chaque mouvement.
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Isolated System
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...