Chapitre 9-2

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Je crus, pendant quelques délectables minutes, que Quint allait finir par s'étouffer de rage...mais non. Au prix d'apparemment beaucoup d'effort, il réussit à se contenir et à toiser le professeur d'un regard mauvais, à défaut d'un sourire (ça c'était apparemment au-dessus de ses forces).

— Très bien, Professeur...À l'évidence, cette jeune fille n'est pas disponible dans l'immédiat, vous n'avez donc plus rien à faire ici et je vous prierais de sortir. C'est mieux comme ça ? Lui demanda-il d'une voix fausse et dégoulinante de mépris.

— Il y a du progrès je dois bien l'avouer, lui répondit-il pince sans rire tout en avançant doucement vers lui.

Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, son sourire disparu et son attitude, brusquement, changea du tout au tout. Il était passé du professeur excentrique à l'homme inquiétant et déterminé qu'il était l'autre soir en un quart de seconde, c'était...dérangeant.

— Bon et si nous arrêtions toute cette mascarade une bonne fois pour toute. Lui dit-il d'une voix froide, en empiétant volontairement sur son espace personnel.

— Nous, nous sommes là car on nous l'a ordonné...Contrairement à vous...lui répondit-il d'une voix sourde et maîtrisée. Alors pour la dernière fois...sortez d'ici. Tout cela ne vous concerne plus.

Dans la pièce, tout le monde retenait son souffle, attendant fébrilement la suite des évènements. Elana me ramena efficacement dans notre triste réalité d'un petit coup sec mais discret dans la cheville. Dès qu'elle eut captée mon attention, elle se rapprocha de moi le plus possible et colla sa bouche contre mon oreille.

— Profitons-en pour faire une diversion et partir d'ici, me chuchota-t-elle fébrilement.

— Ils nous rattraperaient en dix secondes, lui répondis-je sur le même mode. Tout est surveillé ici tu te rappelles. Même si nous arrivions à nous sauver, je ne vois pas où nous pourrions aller, finis-je d'un ton aussi pessimiste que j'étais résignée.

— Si tu préfères attendre là comme une poule à l'abattoir, après tout c'est ton problème ! Mais chance ou pas, moi je tente quelque chose, me dit-elle d'un ton décidé avant de passer à l'action quasi instantanément.

Elle me poussa brutalement dans le dos dans la direction de mademoiselle Mary, qui ne se trouvait qu'à quelques centimètres de moi. Comme j'étais assise sur le bord de la table d'examen, je ne pus me rattraper et tombais sur elle de tout mon poids. L'entraînant avec moi dans ma chute. Je me redressais le plus rapidement possible et c'est encore un peu hébété que je regardais ce qu'il se passait autour de moi. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à défaut d'avoir réussi à s'échapper, Elana avait provoqué une belle pagaille.

Elle avait manifestement réussi à atteindre la porte, puisque celle-ci était désormais entrouverte, mais avait été stoppé par un des gardes avant de parvenir à la franchir. Celui-ci la maintenait contre lui, en lui maintenant les deux bras dans le dos d'une seule main, tandis que de l'autre il l'a tenait en joue avec son arme...et il n'avait pas l'air de plaisanter. La situation déjà critique, devint carrément catastrophique, lorsque je me rendis compte que Quint avait profité du désordre ambiant pour retourner la situation à son avantage. Il tenait dorénavant, le professeur Lynch en joue, son arme pointée sur sa tempe, un sourire victorieux aux lèvres.

Je ne pus m'empêcher de gémir devant l'ampleur des dégâts. Si avant nous avions encore une infime chance de nous en sortir, avec la tentative désespérée et irréfléchie d'Elana, elle venait de passer à zéro en quelques secondes.

— Non...mais...Monsieur Quint...vous êtes armé ?! S'exclama l'infirmière d'une petite voix surprise tout en se redressant maladroitement.

Elle avait l'air complètement abasourdie et perdue, ce qui d'un certain côté me fit plaisir. Cela confirmait qu'elle n'était au courant de rien et que je ferais mieux de me fier à mon instinct plus souvent. Je commençais à me relever et à lui tendre la main pour l'aider à faire de même, lorsqu'une voix sèche m'arrêta net.

— Ne bouge plus ! M'ordonna le deuxième garde, tout en pointant son arme dans ma direction.

J'arrêtais immédiatement mon mouvement, me retrouvant figée dans une posture grotesque et inconfortable. J'aurais pu tenter de finir de me redresser, mais il avait l'air chatouilleux de la gâchette et je ne voulais pas tenter le diable. Cela n'eut pas l'air de déranger mademoiselle Mary, qui elle, finit de se relever comme si elle n'avait rien entendu. Puis la tête haute et les yeux qui lançaient des éclairs, elle me contourna et vint se placer devant moi.

— Pourquoi diable avez-vous des armes ? Nous sommes dans une école bon sang, fulmina-t-elle les poings sur les hanches.

— Vous ne vous mêler pas de ça, lui aboya Quint d'un air mauvais.

— Et maintenant vous comptez faire quoi, demanda tranquillement le professeur Lynch. Tuer tout le monde ?!

— Quoi ! S'exclama mademoiselle Mary dans un petit cri étouffé.

— Je vous avoue qu'en ce qui vous concerne, ce n'est pas l'envie qui m'en manque, le menaça-t-il sourdement. Mais en l'occurrence, nous allons simplement continuer ce que nous avions commencé...Bien, commencez par aller dégagez la porte, lui ordonna-t-il en le poussant vers l'armoire métallique d'un coup de son arme dans le dos.

Après avoir involontairement fait un pas en avant, il s'immobilisa, puis se tournant à demi il planta ses yeux froids et déterminés dans ceux de Quint.

— Je ne crois pas non.

Puis à la grande surprise de tout le monde, il fit un grand sourire à Quint et...ferma les yeux !

— Hayden...Elana ! Fermez les yeux et bouchez-vous les oreilles, hurla-t-il soudain.

Il avait à peine finit sa phrase qu'une sorte d'onde de choc traversa la pièce, faisant tout trembler sur son passage. Elle me percuta de plein fouet et...tout devint noir.


Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant