Chapitre 13-2

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Je n'eus pas le temps de lui demander ce qui semblait tant l'inquiéter, que le bruit d'une lourde porte en train de s'ouvrir, me coupa dans mon élan. Sans un mot, Lynch me fit avancer, en me poussant en avant d'une pression au creux des reins. Je sus exactement à quel moment nous passâmes la porte. Car la froide humidité qui me glaçait les os depuis des heures disparut, subitement remplacée par un air pas beaucoup plus chaud, mais qui avait au moins le mérite d'être sec.

— Maintenant vous pouvez ouvrir les yeux, me dit Lynch d'une voix cassante et sans plus prendre la peine de chuchoter.

Je ne me fis pas prier et c'est avec un grand soulagement, mais néanmoins avec prudence, que je commençais à ouvrir doucement les paupières...et fus agréablement surprise par le peu de luminosité régnant dans la pièce et qui s'avéra être une sorte d'antichambre.

— Venez, me dit Lynch tout en se dirigeant d'un pas décidé vers une porte sans battant, se situant en face de nous et étant apparemment la seule sortie de la pièce.

Je lui emboitais le pas fébrilement. J'étais anxieuse et curieuse à la fois, me demandant ce que j'allais découvrir derrière cette porte. C'est donc avec appréhension que je m'approchais du rectangle lumineux. La lumière de plus en plus forte, agressait mes rétines et me faisait pleurer les yeux, m'obligeant à m'arrêter quelques instants pour les laisser s'habituer à cette nouvelle luminosité. Quand j'y vis enfin plus clair, je constatais que Lynch m'avait attendu. Il se tenait dans l'embrasure de la porte et attendait visiblement que je me décide avec une impatience manifeste. Je fis donc les quelques pas qui me séparait de lui et c'est ensemble que nous pénétrâmes dans la pièce suivante.

C'était un cube de béton gris et austère, violemment éclairé par deux projecteurs de chantier. L'un, dirigé vers le plafond, se trouvait par terre à côté de l'une des portes du fond. Tandis que le second, qui était braqué droit sur nous, était sommairement accroché à une sorte d'énorme réservoir cylindrique accolé au mur de droite et qui donnait à la pièce une allure bancale. Mais ce n'était pas seulement ça...c'était le sol. Le sol de la pièce était comme diviser en deux, rehausser d'environ cinq centimètre, du milieu de la pièce jusqu'au fond de celle-ci. C'était à peine visible, mais j'étais tellement habituée à la perfection clinique du centre, que cela me sautait aux yeux. J'étais tellement occupée à analyser mon nouvel environnement, que je ne remarquais les personnes présentes qu'au moment où l'une d'entre elle se mit à parler.

— Bienvenue au LAB, me lança joyeusement une jeune fille en short et tee-shirt adossée nonchalamment au réservoir, en me faisant un petit signe de la main.

Le LAB ?! Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Me demandais-je perdue, tout en lui répondant par un petit sourire timide. J'essayais néanmoins de garder mon attention rivée sur le professeur Lynch. Même si je ne lui faisais pas confiance, il était mon seul repère ici et je ne voulais pas le perdre de vue.

— Alors Gab, tu passes par l'entrée des artistes ! Que s'est-il passé là-haut ? Demanda subitement un homme à la voix grave, en sortant de l'ombre du réservoir dans laquelle il s'était dissimulé.

Durant quelques secondes, je me demandais à qui il s'adressait. Puis compris presque instantanément qu'il s'adressait au professeur Lynch. Gab devait-être son prénom, surement un diminutif de Gabriel...ce qui n'avait absolument aucun intérêt à l'instant présent, me morigénais-je.

— Des complications, comme tu peux t'en douter, lui répondit-il sur un ton hargneux tout en se retournant pour me jeter un regard noir.

— Wade veut te voir. Mais tu veux peut-être installer ta protégée avant, lui demanda-t-il en s'approchant de nous d'une démarche souple et calculée.

— Oh non, je vous laisse se plaisir. Bon courage, moi j'ai ma dose ! Lui répondit-il d'un ton mordant assorti d'un ricanement moqueur, qui me fit voir rouge en trois secondes. Puis il partit comme une tornade en me lançant un dernier regard noir, avant même que je n'aie le temps de lui dire ce que je pensais de son commentaire.

Il m'avait planté là ! En insinuant en plus, que j'étais une calamitée de première catégorie. J'avais du mal à y croire et apparemment je n'étais pas la seule. Un silence pesant s'était installé dans la pièce et tout le monde s'observait, se demandant comment le rompre sans être maladroit. Je n'avais pas bougé d'un pouce depuis qu'il était parti, (en claquant violemment la porte pour faire bonne mesure) et me trouvais toujours au milieu de la pièce, tremblante et les poings serrés. Je n'arrivais pas à déterminer si mes tremblements étaient dus au froid, à la fatigue, à la honte ou tout simplement à la rage que je ressentais en cet instant précis. À moins que ce ne soit un subtil mélange de tout cela. Quoi qu'il en soit, si je devais rester le point de mire de tous ces regards gênés encore longtemps, j'allais finir par éclater en sanglots ou taper sur quelqu'un ! Heureusement la jeune fille se décida à intervenir avant que je ne me ridiculise un peu plus, si c'était encore possible.

— Bonjour, moi c'est Connie. Me dit-elle avec un grand sourire, en s'approchant de moi et en posant spontanément l'une de ses mains sur mon épaule en un geste amical.

J'étais tellement sur les nerfs que j'eu un mouvement de recul instinctif, mais heureusement maîtrisé, qui surpris tout le monde et me valut quelques regards suspicieux de la part des deux jeunes hommes présents dans la pièce. Décidemment ça ne s'arrangeait pas.

— Allez n'écoute pas ce vieux grincheux, repris Connie comme si elle n'avait pas remarqué ma réaction. Tu seras bien mieux avec nous de toute façon, gloussa-t-elle gaiement tout en me dépassant pour se diriger vers la porte par où était sorti Lynch quelques minutes plus tôt.

— Viens je vais te faire visiter, me dit-elle en me faisant un petit signe de la tête.

Ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre et n'ayant plus l'énergie de protester, je la rejoignis lentement et c'est d'un pas incertain que je me laissais entraîner dans les entrailles du LAB, quoi que cela puisse-t-être.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant