Chapitre 15-2

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Ayant judicieusement compris qu'il y avait un problème avec mon bras gauche, j'essayais de prendre appuis du droit sur la commode, pour aider Connie à me dégager de ce piège infernal. Au bout de quelques efforts, nous y parvînmes enfin et c'est avec un intense soulagement que je me retrouvais...au point de départ. C'est-à-dire à nouveau assise sur le lit, ce qui était toujours mieux que coincée dessous, me dis-je en grimaçant lorsque ma main effleura à nouveau la couverture rêche.

— Il faut l'emmener à l'infirmerie, dit soudain Connie d'une voix sérieuse et calme, mais assortie d'une certaine urgence qui ne me disait rien de bon.

Je me résolus donc à regarder mon bras gauche...et le regrettais aussitôt. La douleur tripla de volume dès l'instant où j'eus constaté l'état de ma main.

— Ne t'inquiète pas, me dit Connie gentiment. C'est impressionnant mais ce n'est surement rien de grave...

— Mais que s'est-il passé ?! J'ai encore fait quelque chose...

— Ca c'est sûr, mais vous n'y étiez pour rien. Dit le jeune homme en se relevant difficilement à son tour. Vous vous êtes brusquement évanoui devant moi...et j'ai fait ce que j'ai pu pour éviter le pire.

— Le...pire ?

— Que vous ne vous fracassiez la tête sur le coin de la commode. Ce n'est pas passé loin d'ailleurs, ajouta-t-il en désignant mon front d'un petit signe de tête.

J'y portais machinalement la main (droite bien sûr) et grimaçais lorsque mes doigts effleurèrent une entaille à la limite de mon cuir chevelu. Effectivement il avait raison, Ce n'était de toute évidence pas passé loin !

— Mais votre main s'est coincée dans les barreaux du lit lorsque vous êtes tombée, continua-t-il en s'agenouillant devant moi avec une petite grimace involontaire à la vue de ma main qui semblait gonfler de minute en minute.

J'eus un mouvement de recul instinctif, lorsqu'il approcha sa main de la mienne et il arrêta aussitôt son geste.

— Venez. Nous allons vous conduire à l'infirmerie, me dit-il en me tendant la main pour m'aider à me lever.

À peine avais-je posé un pied par terre que j'eus un nouvel étourdissement. La pièce se mit à tourner, me donnant la nausée et je me retrouvais une fois de plus...dans ses bras. Ça commençait à devenir une habitude dont je me serais bien passé.

— Oh là ! Je crois que ça va être compliqué pour vous d'y aller à pied, dit-il en souriant. La meilleure solution c'est encore...de vous porter, termina-t-il en joignant le geste à la parole.

En deux seconde il passa un bras sous mes genoux, l'autre dans mon dos et me souleva comme si je ne pesais rien. Je ne pus m'empêcher de pousser un petit cri de surprise et fermais les yeux quelques secondes pour faire passer la nausée, que ce brusque mouvement venait de provoquer.

— Non, non, reposez-moi, dis-je aussitôt que je pus ouvrir la bouche sans risquer de lui vomir dessus (ce qui aurait été le bouquet).

— Ne soyez pas idiote et accrochez-vous, me dit-il gentiment tout en commençant à se diriger rapidement vers la porte.

Sachant, même malgré moi, qu'il avait raison et que cela ne servirait à rien de protester plus longtemps, je passais mon bras droit autour de son cou. J'avais beau savoir qu'il faisait cela par sens pratique et pour me rendre service, je ne pouvais m'empêcher d'être gênée par sa proximité. Je savais bien que c'était idiot, mais après tout je ne le connaissais pas.

— Ne soyez pas si crispée, je ne vais pas vous mordre, me dit-il entre ses dents d'un ton un peu agacé, me sembla-t-il.

— Désolée, mais ça me gêne que vous me portiez comme ça.

— Il n'y a vraiment aucune raison, me répondit-il spontanément en enchainant les couloirs poussiéreux, les uns après les autres. De toute manière nous sommes presque arrivés.

— Je ne connais même pas votre nom, lui dis-je subitement avant d'avoir eu le temps de retenir ma langue.

— Et c'est cela qui vous dérange, me répondit-il en rigolant franchement cette fois-ci.

L'espace d'un instant, je me sentis vraiment bête. Il avait raison c'était idiot. Mais le fait de ne pas connaître son nom faisait qu'il restait un étranger pour moi...et la vérité était que je n'avais heureusement pas l'habitude de me faire porter par des étrangers.

— Je m'appelle Connors, me dit-il néanmoins en souriant toujours, tandis que nous tournions dans un énième couloir en tous points identique aux précédents.

Enfin pas tout à fait, remarquais-je avec soulagement en avisant une grossière croix rouge assortie d'une flèche, peinturlurée sur le mur. Avec un peu de chance, l'infirmerie n'était plus très loin. Nous dépassâmes encore deux portes, mais avant d'arriver à la troisième, Connie nous dépassa comme une fusée pour aller nous ouvrir. Un brouhaha indistinct nous parvint presque immédiatement, suivit de sanglots et de paroles incompréhensibles.

— Connie, mais tu étais où bon sang ?!

— Oh non Justin, cria Connie d'un air consterné avant de se précipiter dans la pièce.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant