Chapitre 11 ~ Renaissance

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Je descends du spatioport mon chapeau baissé sur mon visage et Firn sur mes talons. Me voilà enfin sur Parta. Sans vraiment réfléchir j'arpente les rues de cette planète moderne. Rien n'a vraiment changé, comme toujours les ingénieurs et architectes ont fait du bon boulot, tout en respectant l'aspect de leur planète. Je me demande combien de fois j'ai pu venir ici avec ou sans mon père. Cette pensée me pince le coeur mais je balaye vite ce sentiment. Il faut que je me ressaisisse. Bientôt j'allais avoir un nouvel équipage et l'Arcadia m'avait rendu mollassonne.
Je me rends près de l'embarcadère, là où de trouve le batelier chez qui tous les Von der Weiss avaient commandé l'Edelweiss. La famille Walmer était amie de longue date avec la mienne, si ce n'est depuis la nuit des temps, aussi espérais-je que le dernier de la lignée soit tout aussi aimable que ses aïeux.

Le vent frais de Parta était loin de me déranger, au contraire il me rappelle que je suis vivante.

Une part de moi était reconnaissante envers Franklin, mais l'autre était en colère. En colère de m'avoir transformer en être quasi immortel mais reconnaissante de m'avoir recueillie brièvement. Tout à coup je repense à ce baiser échangé sous la cascade. Mon coeur s'emballe rien qu'à ce souvenir. Il avait l'air si différent à ce moment-là...

Me voilà devant la porte de Walmer & Co', j'enlève mon chapeau et réarrange brièvement mes cheveux. J'entre la tête haute, la main posée sur la poignée de mon sabre gravitationnel de manière ostensible. Derrière l'éternel petit comptoir se trouve un homme, ayant dans la cinquantaine, les cheveux poivre et sel, les lunettes rivées sur un cahier de comptes. Malgré la technologie certaines habitudes ont la vie dure et ce à travers les âges.

L'homme me jette un bref coup d'oeil avant de replonger dans son livre, puis il me regarde de nouveau avec un air ahuris. Je n'en prends pas note et pose brusquement un petit sac d'argent sur le comptoir.

_ L'Edelweiss 36ème du nom je vous prie.

L'homme est abasourdi et ne semble pas réagir. Pourtant je suis bien chez Walmer & Co' non? Au moment où j'allais reprendre la bourse et partir du côté de l'atelier l'homme se décide enfin à parler.

_ Excusez-moi mon Capitaine je... Je vais vous menez à votre navire.

L'homme sort de derrière son comptoir et me guide vers les ateliers. Je constate alors que le pauvre homme a perdu sa jambe droite, à la place se trouve une superbe jambe de bois.

_ Votre jambe est magnifiquement sculptée, commentais-je.

L'homme me remercie et m'explique qu'il faisait ça pendant ces temps perdus.

_ Voilà bien longtemps que Monsieur Walmer attendait votre venue Madame. Paix à son âme il n'a pas pu avoir l'occasion de vous rencontrer. Nous avons tous cru que vous étiez disparue pour toujours, mais Monsieur était persuadé du contraire...

_ Monsieur Walmer? Vous voulez parler de Baptiste Walmer fils de Camélia Walmer? Je l'ai connu il n'était que tout gamin! À quel âge est-il mort, demandai-je avec curiosité.
_ Monsieur est mort il y a 8 ans Madame, à l'âge très honorable de 95 ans. Monsieur semblait vous portez très haut dans son coeur. Il avait travaillé à la construction du 36eme Edelweiss en espérant vous revoir.
_ Dire que je l'ai rencontré alors qu'il n'avait même pas dix ans... J'aurais dû revenir ici une fois sorti de cette maudite planète glacière... Quand est-il de son successeur?
_ Il s'agit de Mademoiselle Eloïse sa petite fille. Une jeune femme bien intrépide si vous voulez mon avis. Son jeune frère Émile, ferait un meilleur directeur. Il a le sens du commerce et sait tenir la boutique.

Je reste silencieuse et observe les alentours, tout est à l'identique de ma précédente visite, j'ai l'impression de pouvoir croiser Père à tout instant.

L'Edelweiss vogueraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant