Partie 2

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Cette nuit-là, je n'ai pu dormir excitée à l'idée de partir d'ici, je m'assis et contempla cette chambre qui ma vu grandir.
La pièce était vide il n'y avait qu'un matelas à même le sol sur lequel je dormais et une minuscule armoire ou je mettais mes quelques robes qu'Amina me donnait.
Une frayeur m'envahit soudainement, suis-je prête à quitter cette chambre ? À quitter mon petit village de 200 habitants ou tout le monde se connaissait. Je me levai et regardai  par la fenêtre, je ne voyais rien car ce n'était pas éclairé mais je pouvais deviner les champs qui s'étendaient devant moi.

Moi qui n'a jamais quitté mon village comment ferai-je dans une grande ville. Pas le temps de m'attarder là-dessus, le sommeil m'envahit.

Le réveil fut assez brusque, en effet, ce sont les cris de ma mère qui m'ont réveillés. Elle me hurla de me dépêcher, de préparer le petit déjeuner à ses hommes.
J'exécutais ses ordres, mais pour une fois j'étais heureuse.

J'enfilai ma plus belle robe, une robe traditionnelle grise ornée de boutons rose elle m'arrivait à la cheville. Je nouais mon foulard gris autour de mes cheveux et je laissais une mèche noire recouvrir mon front.

Je dis bonjour à mon père, la Belgique l'avait rendu vieux, fatigué et très maigre. Cela me mit un froid dans le dos.

Soudain j'aperçu sur le canapé un inconnu, c'est étrange, en présence d'un inconnu on ne m'aurait jamais laissé entrer dans la pièce.
« Voila ma débile de sœur » s'écria Ali qui venait d'entrer à son tour.
« Tu n'as pas honte de rester la debout devant un inconnu »
« Ton frère a raison, va rejoindre ta mère à la cuisine. » Je n'écoutais pas les paroles de mon père, j'étais comme figé à regarder cette homme. Il n'était pas beau, mais un pressentiment me dit que je le reverrai surement.

C'est à ce moment là qu'Ali me pris par le col de ma robe et me traina devant la porte pour me ruer de coup, je devais être puni d'avoir ainsi osé me tenir debout face à un étranger.
Cette image de ma mère regardant par la fenêtre son fils battre sa fille me fit plus mal encore que les coups que je recevais.

- arrête de la frapper, allez Hanna va te changer. S'écria mon père lorsqu'il estima que j'étais assez puni.

Effectivement je devais me changer ma si belle robe était devenu qu'un bout de tissus tachés de sang et déchirée. Je restais la dans ma chambre toute la journée par terre.

Durant des heures j'étais assise presque inconsciente lorsque j'entendis Amina                         « oh ma chérie dans quel état ils t'ont mis »
Je ne répondis rien seules quelques larmes en guise de réponse.
Elle me lava et me mis au lit. Je m'endormis presque aussitôt.

Cette nuit là, je fis un rêve étrange je voyais cet inconnu me fixer et rire aux éclats.
Un rire étrange qui me fit mal aux oreilles. Un rire presque inhumain. Je me réveillai au milieu de la nuit, et je restais éveillée jusqu'au lever du soleil.

Sans même qu'on ne me donne des ordres, je me mis en route pour aller au puits chercher de l'eau.
C'était une corvée que je détestais particulièrement, le puit était assez loin et les seaux étaient lourds.
Comme ''j'étais la fille la plus maladroite du village'' selon les dires de maman, je renversais toujours la moitié de l'eau, j'essayais alors chaque matin de m'échapper de cette corvée.

Ce matin là, je n'étais ni triste, ni heureuse, ni en colère, je ne ressentais plus aucun sentiment. Ils me détruisaient, ils me tuaient de l'intérieur.

-Hanna, Hanna !  Cria une voix derrière moi. Je la reconnue immédiatement et fit mine de n'avoir rien entendu.
- pourquoi tu ne me réponds pas ? me dit-elle arrivée à mon niveau
- oh ikram, je m'excuse je ne t'ai pas entendu, mentis je
- ce n'est rien, dis donc t'es tombé de ton lit ? C'est la première fois que tu viens si tôt au puits, Amine ma dit que c'est un calvaire de te réveiller !
- si Amine l'a dit !
- tu dois désormais être plus gentil avec moi, je serai bientôt ta belle sœur. Me dit-elle en me sauta au cou et en riant
La douleur me tordit sur place car Ali aimait particulièrement me frapper au visage.
- ils t'ont encore battus? ils sont injustes avec toi, je te protégerai lorsque je ferai partie de ta famille.
Elle était étrange cette fille, elle paraissait douce et gentil et à la fois méchante et calculatrice.
Je la repoussai gentiment.
- on peut dire que tu n'aimes pas les câlins toi !
- effectivement à part ceux d'Amina
- mais tu ne vivras pas éternellement auprès d'elle, il faudra bien que tu te maries un jour
- certainement mais pas tout de suite, je veux étudier en Belgique, travailler et ensuite me marier avec un homme instruit et qui vivra avec moi dans les vrais valeurs de l'islam, pas les valeurs inventées par les hommes de ce village.
- Les hommes de ce village sont très bien tu sais ! tu ne sais pas le voir car tu n'en fais cas ta tête alors ils te rejette. ​      
Et puis si tu te protégeais du soleil tu serais moins foncé de peau ou met une crème pour te blanchir et aussi fais rentrer cette mèche dans tes cheveux, nous ne sommes pas censé la voir, et pour l'amour de Dieu mange !
Les hommes aiment les filles rondes regarde moi presque tous les garçons de notre âge veulent m'épouser et je considère avoir choisis le plus beau....

Et elle continua ainsi durant une bonne dizaine de minute, Je ne l'écoutais pas, je remplissais simplement mes seaux d'eau.

- mais qui est la ? la plus belle de ce pays ! s'écria Amine

Je le regardais sourire à sa future femme qui était déjà devenue rouge tomate, elle était si rouge que je me mis à rire.

- qu'est ce qui te fait rire toi ?

Amine ne me frappait pas souvent mais il ne supportait pas ma vue. Je devais juste ne pas être devant lui.
Je pris mes seaux et je les laissais la. Une fille bien ? Me dis-je. Il suffit d'être jolie pour être une fille bien dans ce village.

Arrivée dans la coure de notre maison, je vis une chose que je n'avais jamais vue à mon égard ! Ma mère qui me sourit.
- tu es la ma chère fille
Elle me prit les seaux des mains,
-Tu es une bonne fille et tu seras une bonne épouse. Tu n'es ni blanche ni belle, mais bon ton futur mari ta choisis ainsi. Il a certainement vu quelque chose en toi que j'ignore. Et puis avec l'éducation que tu as reçue tu ne peux que...
Je l'interrompis ne comprenant plus ce qu'elle disait
- mais de quoi tu parles maman ?
- de Youssef le copain de ton adorable frère Ali. Celui que tu as vu dans le salon hier. Ne fais pas comme ci tu n'étais pas au courant, tu avais mis ta plus belle robe pour sa venue.
- J'avais mis ma robe car j'étais heureuse pour la première fois, papa m'avait dit que j'irais en Belgique
- C'est bien ce qu'il voulait mais j'ai réussi à le faire changer d'avis, tu resteras ici avec tes sœurs.

Et elle repartit dans la maison, une rage m'envahit soudainement : je n'irai pas en Belgique et cela par la faute d'Ali.
Je courus dans la montagne le chercher, je savais exactement ou il se cachait.

Il était bien là, derrière un arbre prés de la grange à poules. Il fumait sois disant « en cachette », tout le monde était au courant mais le respectait trop pour lui dire quoi que ce soit.
- qu'est ce que tu fais la ? Épargne moi ta vue et rentre à la maison.

La colère que j'eu à ce moment était incomparable à toute celles que j'ai pu avoir.

Je courus vers lui et le mordit au cou tel un chien enragé, impossible de me dégager.
Il criait pour que je le lâche. Mes parents arrivèrent à ce moment là. Je le lâchais.
Ma mère se rua vers lui et le pris pour le soigner.   

– je l'ai surprise en train de fumer et regardez ce qu'elle ma fait .dit il en désignant son cou dégoulinant de sang.

Je me sentis forte à ce moment là, invincible même mais je déchantai vite après la punition que j'ai reçue. Une punition qui me cloua au lit durant près de trois jours.

Hanna, rêve d'une vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant