SAvanna

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  Dès que les équidés qui sont dans ma tête seront partis, je corrigerai. 

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 Tout était flou dans ma tête, mes pensées, mes désirs. Les cachets que je prenais me rendaient impassible extérieurement, endormant en moi la moindre émotion, la joie, la peur, mais à l'intérieur tout était en fouillis, la joie se transformait en peur, la peur se transformait en idée sombre...

Depuis que Romain m'a fait comprendre qu'avec moi, il n'a jamais pris son plaisir. Je perçus dans mon corps une émotion en repensant à cette soirée, à ces mots qu'ils avaient lancés à Charles « je préfère baiser Mélanie car avec elle, je prends mon pieds ! Le rebut de l'amour ! », J'avais perçut la sincérité dans ses yeux. Croyez-moi, je sais que tout est de ma faute, que je ne dois pas pleurer sur mon sort, mais les mots de Romain n'ont faient qu'accentuer cette descente dans les abysses de l'enfer !

Je la sentais cette saloperie d'émotion, celle qui vous détruit encore plus à chaque pensée que vous avez de l'homme que vous aimez, une odeur, un son qui vous remémore tous vos souvenirs en commun. J'étais enfermé dans mon propre corps spectatrice pour toujours de mon agression, revoyant sans cesse les gestes, les douleurs, la torture que Léos m'avait fait subir. Il m'avait détruite, faisant mourir en moi cette étincelle que j'avais. Je n'étais plus qu'un corps vivant, morte à l'intérieur. Je laissais tomber le plaid polaire à mes pieds et sans réfléchir, je me mis à courir, courir jusqu'au abord du lac. Depuis quatre mois, je n'avais pas versé une larme et là aujourd'hui j'avais cette envie d'exploser, cette envie de déverser la rage qui animait mon corps. Mes genoux rentraient en contact avec les cailloux, aucune douleur, rien, seul mon cœur saignait encore plus.

Quatre mois plutôt.

-J'ai un pouls, avait crié l'infirmier. Je sentais ma main se lever et rentrer en contact avec une matière chaude et humide. Quand j'ai ouvert les yeux, je l'ai vu, il était là devant moi, le regard gorgé de larmes, sa chemise tachée de sang.

-Romain avais-je soufflé avant de m'endormir. Mes yeux étaient clos mais je me sentais consciente, chaque secousse du brancard, les palpations du médecin, tout cela je le sentais. Quand je me suis réveillée cette nuit-là, mon regard observait la pièce espérant comprendre ou je me trouvais et là, tout réintégrait ma mémoire. Je percevais en continu l'image de Marianna attaché au mur, la flaque d'eau à ses pieds, où était-elle ? Comment allait-elle et moustique ? Dans une panique frissonnante, je m'élevais du lit, courant dans les couloirs nu pieds à la recherche de quoi ? Même moi je ne le savais pas. Au détour d'un de ces couloirs sombre et sordide, le panneau indiquant la maternité me poussait à aller là-bas. Je ne me souvenais que de Marianna, je devais être sûr qu'elle allait bien.

Durant ma course, je ne rencontrais personne, aucune âmes vivante, des pleures de bébé chatouillaient mes oreilles, mon instinct me disait que j'étais sur la bonne route. Je stoppais ma course devant un bureau vide, je contemplai les noms des accouchements sur l'ordinateur, son nom était là, chambre 312. J'entrais lui faisant face, lui souriant, mon regard se porta sur Charles le visage songeur. Romain entra à son tour, le regard néant, le visage tiré par l'angoisse. Je ne cessais de leur parler mais ils m'ignoraient. Avais-je fais quelque chose de mal ? Qu'avais-je pu bien faire pour qu'une telle ignorance de leurs parts me soit adressée ?

-Son cœur a cessé de battre ! Ils m'ont ordonné de partir que je ne pouvais pas la voir. Sanglota l'homme que j'aimais.. Je vais le tuer, je vais le détruire ! Cracha-t-il enragé en portant ses mains à son visage

Délivrance! tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant