prise de conscience

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Je finissais de serrer le lien de mes escarpins en regardant le lac. J'aimais cette vue, au loin les collines s'élevaient comme les pièces dominantes du paysage, les arbres que comptait la foret entourait comme une main protectrice le calme que le lac m'apportait.

Mon esprit a fini par déverrouiller une porte pour que je puisse prendre conscience que je ne devais pas exclure Romain de ma vie à cause de Léos, J'ai parlé de notre altercation avec Romain à Charly. Il m'avait expliqué que je suivais un chemin qui présentait un carrefour, je devais choisir la route qui me conduirait à redevenir celle que j'étais et non celle où Léos contrôlait ma vie !

Quand j'ai opté pour la route de la guérison, j'ai senti un poids se retirer de mes épaules. Seule une ombre ondulait encore sur le chemin, trouver la volonté de lui avouer ! En redressant mon buste, Je portais mon regard sur Charline qui venait de franchir le seuil de la chambre, j'admirai cette femme, sa robe blanche qui adoptait parfaitement les courbures de son corps la rendait encore plus attirante. Elle a su me garder la tête hors de l'eau. Je fermais les yeux un instant penchant ma tête en arrière, je me sentais gênée. Bruce avait été arrêté, questionné par la police. Il le considérait comme complice de Léos., remémorant ce souvenir, je passai délicatement la main dans mon cou, Certes, il était partie en courant il avait reçu un appel au club d'une femme qui lui disait de se présenter aux urgences que sa mère avait fait un malaise. Il s'était présenté oui, mais sa mère se portait bien, elle jouait au bingo dans son club de personnes âgées. L'enquête à révéler que l'appel provenait d'un téléphone jetable !

-La marraine est prête ? me demanda Charline d'un regard brillant, accentuant la ligne noire d'eye liner qui ornait ses yeux en amande.

-La marraine est prête, dis-je en souriant. Je récupère juste le paquet pour Oliana et c'est bon précisai-je en attrapant le collier de baptême. Vous y allez à deux voitures ou une seule ?

-Une seule, viens avec nous, laisse ta vieille guimbarde ici !

-Ma vieille guimbarde comme tu dis est peut-être rouillé mais elle roule aussi bien que la vôtre ! Argumentais-je en lui passant devant pour rejoindre Bruce qui tournait en rond à attendre Charline.

-Elle arrive Bruce. Précisais-je en regardant l'homme qu'il était, son visage carré durcissait son regard marron, sa chevelure blonde tirée en arrière, le rendait intriguant. J'appréciais beaucoup Bruce, j'ai appris le connaître lors de mes nuits blanches, mes paniques nocturnes à ma sortie de l'hôpital. IL prenait place à mes côtés soit dans le lit ou sur la balancelle qui dormait sur le perron. Il n'a jamais parlé de mon agression, il me racontait son enfance, sa rencontre avec Romain, l'achat du club. Je me souviens qu'une nuit encore peuplé de cauchemars, il s'est assis près de moi, son regard était différent, il était...comment dire... comme ésotérique. « Jamais je ne te demanderai ce que tu as vécus, mais je sais qu'un jour, tu cracheras le venin qui coule dans tes veines, ce jour-là, fais le sortir, ne réfléchis pas, expulse le! » ce fut sa seule phrase qui concernait la nuit de mon anniversaire. Vous y allez déjà ?

-Oui, je dois passer chercher le gâteau avant, je l'ai promis à Charles ! Précisai Bruce en haussant les sourcils quand il porta son regard sur Charline.

-Oh, d'accord. Je vais partir d'ici dix minutes. Précisais-je en les regardant s'avancer vers la sortie !

-Savanna, m'appela Charline, je levais mes yeux dans sa direction. Je suis heureuse de te revoir sourire. Ajoute-t-elle en fermant la porte que j'observais encore cinq minutes avant d'ouvrir mon sac et d'en extraire un cachet. Le cachet qui me maintenait en vie. Cela faisait trois jours que j'avais compris que sans romain je n'étais rien, trois jours que je souriais faussement, trois jours qui m'ont fait prendre conscience que pour s'en sortir, il faut le vouloir, le regard qu'il m'a montré, m'a donné la force de le vouloir! J'avalais d'une traite le verre d'eau pour accompagner mon antidépresseur..

Je roulais depuis cinq km quand un bruit métallique résonnait dans l'habitacle, je garais ma voiture sur un parking dans les bois, je tournais autour d'elle à la recherche de ce bruit.

-Eh merde ! Fais chier, et ça si ce n'est pas de la poisse ! Persiflais-je en regardant mon pneu crevé. Putain de bordel de merde ! Hurlais-je de plein poumon en constatant que je n'avais pas de roue de secours ! Et pour couronner le tout, le réseau faisait partie de la liste des absents !

Je pris mon sac, le cadeau et je commençais mon avancée en direction de chez Romain, Romain avait proposé de célébrer le baptême chez lui au chalet, que le cadre était plus agréable qu'un appartement, Charles a accepté avec plaisir.

Moi, je suis là en robe longue et en talon à marcher dans les bois depuis plus de vingt minutes. Je pestais intérieurement quand une voiture noire arriva à ma hauteur freinant en urgences. La porte s'ouvrit avec fracas dévoilant Charles accourir vers moi.

-Désolé j'ai crevé. Précisai-je en levant les mains en l'air à la hauteur de ma poitrine.

-Tu ne pouvais pas appeler ! Me questionna Charles sous le regard amusé de Romain qui s'était appuyé sur le toit de la berline pour assister à une dispute d'un père et de sa fille. Tu vas me foutre à la casse ta voiture ! ordonna-t-il avec autorité

-Non ! Déjà, dans ce trou paumé, il n'y a pas de réseau! Précisais-je en regardant autour de moi Et c'est ma voiture et elle roule très bien. Il manque juste une roue de secoure. Dis-je en baissant les yeux.

-Baisse tes mains Savanna ! Me fit constater Romain en me souriant. Le frisson qui chatouilla mon échine à l'entente de sa voix, envahissait mon cœur stimulant ses battements. Je prenais place à l'arrière, épiant les deux hommes qui étaient devant moi. Je portais mon regard dans le bois, m'imaginant me faire conduire à l'autel par Charles pour épouser Romain. Tout cela n'était qu'un rêve que j'avais brisé en le repoussant.

Je remarquai que nous arrivions en ville. Sans posé de questions, Charles répondit comme si il avait lu en moi. Il me précisait qu'ils avaient oublié les couches. Ce qui me provoqua un rictus. Charles s'engouffra dans son immeuble, nous laissant seul dans la berline.

-TU pourras appeler de la maison ! précisa Romain sans se retourner. Mes yeux était braqué sur lui, j'observais sa mâchoire tendus, la ligne de sa barbe entretenu, habillait parfaitement la morphologie de son visage. Je me laissais mener à imaginer déposer ma bouche dans un chapelet de baiser tout le long de son visage. Mon regard était perdu sur lui à tel point, que je n'avais pas remarqué que son regard était sur moi. Je sentis le rouge empourpré mes joues. Savanna tu as entendus ?

-heu, oui. Bégayais-je honteusement en frottant ma main sur ma robe. J'étais vidé de toute vie en moi depuis cette nuit-là, j'étais un automate qui survivait grâce à mes antidépresseurs mais depuis que j'ai choisis la route de la guérison, je ressentais lentement une vie reprendre le contrôle de mon corps. Je savais que la route serait longue pour faire revivre cette part de moi qui était morte cette nuit-là.

-Savanna, m'interpella Romain en posant un regard autoritaire sur moi. Pourrais-je m'entretenir avec toi après le baptême seul à seul ? me demanda-t-il les yeux plissés cherchant à trouver une émotion sur mon visage. Je crois, enfin je pense que.... Je portais mon regard sur la famille qui traversait la route en lui coupant la parole.

- Oui, soufflais-je en prenant conscience que je n'étais pas prête à lui parler mais que je devais affronter mes propres démons !et malgré l'amertume en moi de ces mots à mon encontre, je savais que sa voix qui percutait mon sens de l'ouïe, engendrait un sentiment spécifique, un instinct insondable que lui seul, était celui qui m' apporterai la délivrance ! Apposant mon regard au sien, je marmonnais d'une voix détruite : je répondrais à tes questions.

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Délivrance! tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant