DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]

3. Alice

Je tournai le robinet d'eau froide et jetai mon serre tête par terre, sur mon tas de vêtements. Mes cheveux qui étaient très fins furent mouillés en à peine quelques secondes et l'eau coula sur mon corps.

Je passai mes mains sur mon visage - massai un instant mes tempes -, puis dans mes cheveux et fermai les yeux en orientant mon visage sous le jet.

L'eau froide était comme un second souffle. Elle n'était pas vraiment glaciale, mais cela ne m'aurait pas dérangé plus que ça. J'étais née à une époque où les rivières faisaient office de bain commun à tous. Et l'eau n'y était alors pas chauffée. Même en été, elle restait froide et inhospitalière.

Mon corps tout entier se détendit et je soupirai.

La mort me collait à la peau, même après m'être purifiée.

Je détestai cela.

Mais je savais que c'était psychologique, que le problème venait de moi, de mon esprit.

J'essayai d'éviter la mort le plus possible, de rester éloignée de la faucheuse, mais c'était difficile lorsqu'on était une surnaturelle et une sorcière de surcroît. C'était encore plus difficile quand on vivait à côté des dédales, où la frontière entre la vie et la mort n'existait pas.

Du moins c'est ainsi que la plupart des gens me voyaient, comme une simple sorcière.

Mais ce n'était pas le cas. Tout comme les Oracles, je faisais partie d'une branche bien spécifique, une branche oubliée qui ne comptait au bas mot plus que moi.

Très peu de personnes savaient et Nathaniel lui-même ignorait beaucoup de chose. Il faisait souvent appel à moi quand il avait des jeunes à purifier, quand il avait des sorts de protection à mettre en place.

Je lui répétai souvent que je n'étais pas sa sorcière, mais il se contentait de demander après moi encore et toujours.

J'étais la sorcière Blanche.

C'est le surnom dont j'avais écopée ici et même si cela avait agacé Nohlan au début, il avait dit que c'était mieux ainsi, que moins il y aurait de gens au courant, mieux ce serait.

J'étais d'accord avec lui et j'avais appris à utiliser ma... véritable nature que lorsque c'était vraiment nécessaire.

La magie avait un prix.

Que l'on naisse avec ou non.

Tout avait un prix dans la vie et surtout dans la nôtre.

Notre monde n'était pas féérique comme pouvait le penser certaines personnes.

L'Autre Côté n'était pas un conte de fées.

Mon don était avant tout là pour servir à Nohlan, le reste ne comptait pas.

Les autres ne comptaient pas.

Surtout pas quand ça concernait ma nature de Changeuse.

J'attrapai ma fleur de douche et me savonnai doucement, la mousse recouvrant mes tatouages.

Chez les sorciers, les tatouages n'étaient pas très bien vus, loin de là.

C'était un signe. Un signe de magie noire.

Seuls ceux qui la pratiquaient marquaient leurs corps.

Les tatouages portaient alors de la magie. Tout cela était vrai et c'est pourquoi les sorciers voyaient d'un si mauvais œil ceux qui étaient ainsi marqués.