DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]

6. Basile

_ Je dois trouver mon père, Quinn, murmurai-je. C'est tout. Après ça... tout ira bien. Je...

_ Tu vas devoir apprendre à dire les choses, Basile, grogna-t-il en insistant sur mon prénom. Tu vas devenir l'un d'entre nous. Tu vas faire partie de cette meute. Comment pouvons-nous te faire confiance si tu gardes certaines choses pour toi ? Il viendra le jour où tu auras des problèmes et...

Je levai mes deux mains. J'avais compris l'allusion. Si je ne parlais, et que j'avais des ennuis, personne ne pourrait m'aider parce que je n'en aurais parlé à personne. Évidemment, formuler comme ça, tout paraissait normal. Quinn avait le don de dire les choses qu'il fallait au bon moment. Je me frottai nerveusement les cheveux et soupirai.

_ Il va falloir en parler avec Nathaniel, murmura Quinn.

_ Je dois aller à l'Ethérée, rétorquai-je. Si je ne le fais pas, je repartirai dans moins de trois jours en France... et...

_ Tu ne retourneras pas en France, Bas', me rassura Quinn. Il est hors de question que...

_ Que quoi ? Que je mette à terre un contrat de cinquante mille dollars ? Que je vous fasse tous exécuter ? Hors de question !

_ Quelqu'un doit savoir. Moi. Nathaniel. Quelqu'un, Basile.

Je le regardai. Il était sérieux. Si je le disais à Nathaniel... je n'étais pas sûr qu'il continue de me faire confiance en sachant que j'avais une bombe à retardement en moi. Ce serait un trop gros poids pour lui. Il était Alpha de sa meute. Il devait la protéger avant tout.

_ Je...

Quinn sembla soudain contrarié.

_ Et merde, soupira-t-il.

_ Quoi ?

_ Rejoins la meute et tu sauras, grogna-t-il, amusé.

Il me tendit ma veste. Je l'enfilai alors qu'il sortait de l'appartement. Je le suivis en courant. Il me tint la porte et enchaîna les couloirs. Nous arrivâmes devant une chambre. Une petite fille se trouvait sur le lit, des larmes le long de ses joues. Elle serrait quelque chose contre elle. Son regard croisa le mien. Quelque chose m'aspira dans une vision alors que je tombai à genoux.

L'homme se tenait au-dessus de la petite. Elle était attachée à une table d'examen. Poignets et chevilles liés. Un pentacle était dessiné sur son ventre. Il se pencha un peu plus et versa un liquide dans sa gorge.

Les cris de la petite s'étouffèrent alors qu'elle était obligée d'avaler le liquide. Elle se mit à convulser sur la table, alors que le pentacle se mettait à briller sur sa peau laiteuse. Un vent se leva dans la pièce. Mon regard s'attarda autour... C'était une vieille cave. A gauche, il y avait une fenêtre. Des petits bruits me firent pivoter. Un garçon se trouvait dans une cage, juste à côté de moi. Il tremblait de tous ses membres. Il paraissait drogué. Complètement drogué... Ses yeux brillaient par intermittence, comme si la bête en lui essayait en vain de l'aider.

L'homme releva son visage. J'imprimais ce faciès dans ma mémoire. Jamais je ne l'oublierais. Les gens qui torturaient des enfants... tous devraient finir au fond d'un puits, à jamais perdu dans l'obscurité. A jamais coincé entre la vie et la mort.

_ Déjà réveillé, cafard, grogna-t-il.

Il attrapa un flingue et tira.

Le cri résonna.

Je basculai dans la réalité. Les visions qui me venaient de ses enfants étaient bourrés de magie noire qui mettait à mal mes défenses et qui me transperçaient plutôt qu'elles me traversaient, comme habituellement. C'était complètement différent. On essayait de m'imposer toutes ces visions. Était-ce mon Ombre qui s'amusait à ça ?