DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]

26. Alice

— Tu as fait vite, petite sorcière, résonna la voix de Balthazar.

Mon Air balaya l'espace autour de moi et s'évapora. Mon cœur battait à tout rompre et je me demandais ce que je faisais là. Je me demandais pourquoi j'étais venue.

Basile... Basile avait été dans un tel état. Son corps brisé, son esprit presque fou. Au début, j'avais cru que c'était le Vengeur. Que ce dernier avait vu à quel point j'étais proche de l'Oracle et qu'il avait vu là un moyen de m'atteindre. Et j'avais eu terriblement peur, parce que ça m'avait atteint. De voir Basile ainsi... jamais je n'aurais cru que j'aurais pu avoir aussi peur pour lui, jamais je n'aurais cru que j'aurais pu avoir aussi peur pour quelqu'un d'autre que Nohlan. Et pourtant, ça avait été le cas. Liam avait parlé d'un message de la Haute-Sphère et même si cela était presque normal que les Éminents veuillent remettre la main sur Basile, jamais je n'aurais cru qu'ils iraient si loin pour cela.

Voulaient-ils le ramener ou le tuer au final ?

Basile était un Oracle très puissant et la Haute-Sphère ne laissait pas ces derniers s'échapper. Ce n'était pas comme ça que ça marchait. Il y avait certaines branches de sorciers où la liberté ne voulait strictement rien dire.

Les Oracles en faisaient partie. C'était ainsi que ça marchait, et pas autrement. Cela n'aurait pas dû me choquer, mais... il s'agissait de Basile et le voir ainsi, ça avait été... ça avait été affreusement douloureux.

Physiquement et mentalement.

Et il n'avait pas voulu que je l'aide. Il n'avait pas voulu que je le soigne. Je savais qu'il avait eu peur que ça ne fasse comme avec Quinn, il avait eu peur que je ne sois touchée, mais le sentiment restait le même.

Si j'étais blessée ? Bien sûr que oui. Parce que j'aurais pu l'aider. Parce que j'aurais voulu l'aider. Mais qu'il m'avait repoussé. Dire que je n'avais rien ressenti aurait été un pur mensonge. Je devenais trop fragile avec Basile, je me laissais trop facilement atteindre quand il ne fallait pas que ça arrive. Tout cela n'aurait jamais dû arriver. Surtout pas maintenant. Le fait d'éprouver ce que je ressentais maintenant ne changerait en rien ce qui allait arriver. N'est-ce pas ? Pourquoi est-ce que j'essayai de me convaincre de la sorte ? Tout allait mal finir en définitive.

Avec ou sans Basile.

Avec ou sans Nohlan.

Balthazar prit forme lentement devant moi. De matière abstraite, il redevint l'homme qu'il était. Il ne portait pas de masque aujourd'hui, mais ce n'était pas non plus son apparence originelle. Balthazar aimait changer parfois, il détestait rester le même trop longtemps. L'art de l'illusion était sa spécialité. Très peu pouvait se vanter d'avoir déjà vu sa véritable apparence. Très peu pouvait se vanter de savoir qui il était. Il y avait des sorciers sur terre plus insaisissable que le vent lui-même. Et Balthazar était de ceux-là.

Mais c'était le cas pour beaucoup de vieux sorciers.

— J'ai appris pour Ezan Malkovit. C'est un bien triste événement pour la meute.

De voir qu'il était au courant ne me surpris pas.

Mes Huit, même si extérieur à la meute, se tenaient informés de tout et chacun connaissait la composition de la meute sur le bout des doigts.

Leurs savoirs étaient leurs puissances. Moi partie, ils resteraient fidèles. Et la toile continuerait d'être protégée, d'être alimentée.

— Ce sont des choses qui arrivent, dis-je doucement.

Mon troisième posa son regard sur moi et ne dit rien pendant un instant. Parfois, j'avais l'impression qu'il savait plus de choses qu'il n'aurait dû. Et c'était le cas pour les autres aussi. Mais je finissais par me dire que j'imaginais cela.