DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]

25. Alice

Quand je fermai les yeux, la seule chose que je sentis fut la chaleur du corps de Basile. La chaleur de ses bras autour de moi et la douceur de ses lèvres sur mon front. Je sentis le sommeil me gagner et ne luttais pas vraiment. J'essayai de repousser toutes les pensées qui venaient. J'essayai de repousser cette culpabilité qui était en train de me dévorer telle la gangrène.

Je lui avais menti.

J'avais menti à Basile et jamais, jamais je ne m'étais sentie aussi mal. Pas même avec Nohlan. J'avais vu cette espèce d'éclat de trahison dans ses yeux et cela m'avait mis six pieds sous terre. Je n'avais pas pu me mettre en colère dans le fait qu'il ait utilisé sa magie pour voir en moi. Sur le moment, je n'avais été capable de rien.

Parce que j'avais vu la colère dans ses yeux. Au bout de deux mois à peine, cela aurait dû être déplacé, mais ce n'était pas le cas. Est-ce que sa colère était légitime ? Je n'en savais rien. Pouvait-il réellement l'être à ce point après aussi peu de temps ? Je n'en savais rien, je n'avais pas l'habitude de cela.

Pas l'habitude qu'on fouille en moi.

Pas l'habitude qu'on me demande des comptes.

Pas l'habitude qu'on s'inquiète à ce point pour moi. Nohlan le faisait, mais c'était différent. Nohlan et Basile étaient différents et je... je ne les aimais pas de la même façon. J'arrivais à mentir à Nohlan sans éprouver de remords, parce que c'était pour lui que je le faisais, parce que je le connaissais et que je voulais le préserver de tout et de tout le monde.

Mais Basile... Basile je... je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à rester de marbre. Je n'arrivais pas à être l'Alice de d'habitude.

Il détruisait toutes mes défenses. Et il me mettait à nue. Totalement. Ne me laissant aucune chance de m'en sortir.

Je lui avais menti. Moi. Et il le saurait, et alors...

Je ne pouvais plus penser que ça n'avait pas d'importance. Je ne pouvais plus penser qu'après la Fête de l'Hiver, je ne le reverrai plus.

Parce que ça me brisait le cœur. Je ne voulais pas le quitter. Je ne voulais pas qu'il me laisse. Je voulais toujours sentir ses bras autour de moi. Était-ce mal ? Était-ce une... mauvaise chose ?

Oui. Parce que je ne pouvais pas vouloir cela. Je n'en avais pas le droit. Et que ça ne changerait rien au final.

Rien du tout.

Je soupirai doucement et Basile bougea légèrement. J'ouvris les yeux et plongeai mon regard dans le sien. Il était parfaitement réveillé et il y avait un pli d'inquiétude sur son front. Il était inquiet. Est-ce que j'aurais dû le percevoir après aussi peu de temps passé ensemble ? Tout devenait presque... une habitude.

Le retrouver chez moi.

Prendre une douche tous les deux.

Manger ensemble.

Et finir dans mon lit.

Une routine. Voilà à quoi ça ressemblait. Et c'était bien ainsi. J'étais bien avec lui. Et je ne voulais pas être avec quelqu'un d'autre.

Un sorcier avait toujours du mal à trouver quelqu'un qui lui convienne sur tous les plans et c'est pour ça que nous étions un peuple plutôt frivole. Beaucoup des nôtres ne pouvaient tout simplement pas s'imaginer passer l'éternité avec la même personne. Là-dessus, nous étions très différents des loups.

Mais moi, j'avais été élevée par ces derniers et je n'avais jamais été du genre à passer de bras en bras. Basile ne semblait pas être ainsi non plus, même si pour les Oracles tout cela était encore bien différent.