29. Alice

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Dès que Basile était parti, je n'avais pu m'empêcher d'attendre le soir avec une certaine fébrilité ; mélange d'impatience et de désir. Il était étrange de voir à quel point parfois, on pouvait s'attacher à une personne. Ce n'était pas forcément quelque chose qu'on contrôlait, c'était plutôt quelque chose d'instinctif.

Oui. C'était ça. Même si je ne voulais pas y penser, c'était là. Il était là, dans ma tête, dans mes pensées et je ne pouvais pas faire grand-chose contre.

L'aurais-je voulu si j'avais pu de toute façon ?

J'avais Basile dans la peau. Il était ancré en moi. D'une façon différente de Nohlan certes, mais maintenant, je ne pouvais plus dire qu'il n'y avait qu'un seul homme dans ma vie. Cela aurait été mentir. Basile représentait quelqu'un à mes yeux.

Plus qu'un amant. L'avait-il seulement été une seule seconde ?

Je m'étais voilé la face un moment, je ne pouvais le nier. Peut-être avais-je cru qu'Ulysse serait le seul. Peut-être avais-je cru que je ne tomberais plus jamais amoureuse.

J'étais vieille. Plus que beaucoup ne pouvait l'imaginer, plus que certains vieux loups foulant cette terre. Certains loups m'avaient fait la cour. D'autres s'étaient contentés d'observer sans jamais rien tenté.

Mais il est vrai que même si j'aurais pu trouver chaussure à mon pied, j'avais préféré laisser tout cela de côté. Le souvenir de mon amour pour Ulysse ne m'avait jamais hantée, mais il était resté vivace et bien présent.

Il y avait eu Nathaniel aussi. Et ça avait marché entre nous. Un temps. Nous nous étions toujours très bien entendu et encore aujourd'hui, nos rapports étaient plus que bons.

Mais Basile était différent.

Il était différent d'Ulysse.

Il était différent de Nathaniel.

Il y avait quelque chose chez lui...

Les sorciers avaient du mal à se poser avec quelqu'un. Il fallait trouver la bonne personne, le compagnon idéal en quelque sorte.

Nous lier n'était peut-être pas pour la vie et n'entraînait pas la mort de l'autre, mais ça restait un lien puissant et intemporel.

Ça restait de l'amour.

Ça restait un lien incroyable.

Nous étions souvent considérés comme un peuple frivole, après tout beaucoup des nôtres étaient aussi des Succubes et des Incubes. Il était tellement rare pour un sorcier de trouver la personne avec qui il finirait sa vie.

Mes parents n'avaient pas été différents des autres.

La lignée était ce qui comptait, était ce qui importait. Faire le plus d'enfants possible. Et ceux qui mourraient n'étaient en quelque sorte que des dommages collatéraux. Et il y avait ceux qu'ont tuaient ou qu'ont tentaient de tuer juste parce qu'ils ne... convenaient pas en quelque sorte.

Les sorciers étaient pires que les vieux loups.

Les sorciers se fichaient de coucher ou de tuer leurs progénitures. Seule la survie de l'espèce comptait et certains étaient prêts à aller très loin pour ça.

Les Oracles pouvaient parfois être extrêmes dans leur façon de faire. Ceux qui n'étaient pas puissants ne valaient rien. Et ceux qui l'étaient... eh bien leur vie ne leur appartenait pas du tout.

Mais Basile semblait au-dessus de tout ça.

Il s'était affranchi de tout et en m'offrant son collier... ne me revendiquait-il pas comme sienne ?

DE SANG ET D'ARGENT T2 Symbiosis [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant