Chapitre 6

63 11 11
                                    

« Vendredi 15 Septembre.

J'ai senti un besoin d'écrire dans mon journal intime vocal. Cela fait des années que je n'y ai pas touché. C'est l'occasion pour le remplir. C'était tante Ida qui me l'avait offert pour mes 8 ans. Ce n'était pas un journal basique. C'est ce qui correspondait pour une personne sortant du moule social. En effet, il ne fallait pas noter mes pensées dedans mais les prononcer. L'enregistreur vocal prenait ensuite note de mes paroles. Le seul inconvénient de cet outil était que je devais faire en sorte que quiconque n'entende ce que je disais. Je ne l'avait utiliser que très peu songeant que cela n'avait aucune utilité mais surtout car j'avais la flemme.

Bref, revenons à mon problème.

Être prise pour une fille facile n'est pas simple. J'espère que cela va se calmer. Dans le cas contraire, je tenterai de trouver une solution. Mais je n'en parlerai pas aux parents. Ça non. Si ils l'apprenait, comment réagirait-ils ? Ils ne se sont jamais énervés contre moi mais je pense que dans cette situation ils se mettraient dans une colère folle, iraient voir le directeur et me changerai d'établissement. Et ça je ne le veux pas. Je me suis battu pour accéder à cet établissement, je ne veux pas louper cette période de test. Je ne dois pas oublier que si ça ne se passe mal je serai transférer dans mon ancienne école ».

Je m'habitue à rester seule au lycée. Vaut mieux être seule que mal accompagnée comme le dit le proverbe. Je ne reste plus dans la cour, la bibliothèque est devenue mon repère passant mon temps à me reposer sur un canapé.

« Je te vois souvent seule. J'ai appris ce qui t'arrivait et j'en suis sincèrement désolé pour toi. C'est dégueulasse ce que tu subis. Tu as l'air d'une bonne personne, me dit un jour une lycéenne.

Sa voix, timide, est presque inaudible.

- Oui, je mais je fais avec. Il y a plus grave dans la vie je me dis. Au départ on est ici pour étudier et non pour se faire des amis.

- Je suis d'accord mais c'est bien mieux si on a une personne à qui parler. Moi aussi les autres me laissent à l'écart. On me traite de moche, d'intello. C'est pourquoi je me réfugie ici, au calme, loin de tous les agitateurs.

- Il faut que tu te défendes !

- C'est ce que je fais. Et ça marche. Depuis ton arrivée je voulais te parler mais je n'osais pas. Je suis très timide et ça me bloque pour pas mal de choses. Je voulais te demandais à ce que l'on restent ensembles. Je pense que l'on s'entendrait bien. Nous nous ressemblons un peu en quelque sorte.

- Comment t'appelles tu, au fait ?

- Louna.

- Bon bah Louna, je veux bien rester avec toi.

- Super, heu...ça te vas si l'on se rejoint à chaque fois ici ?

- C'est parfait.

- Alors à tout à l'heure Stella », finit-elle alors que la bibliothécaire ferme la pièce.

Finalement Louna n'est pas comme les autres. Elle s'en fout des avis des personnes et reste avec moi sans intérêt personnel. Fan de Shakira, elle ne cesse d'écouter ses musiques et de me parler d'elle. Elle chante bien et je ne me lasse pas de l'écouter. Elle me raconte qu'elle aime aussi la danse et me propose de voir une de ses chorégraphies mais s'excuse aussitôt se rappelant que je ne peux rien voir. Son mal-être lorsqu'elle se rend compte de sa connerie me fait rire. Puis elle en rigole avec moi.

Un soir, elle m'invite à venir passer la nuit chez elle. Je m'entend dès la première seconde avec sa mère, m'incitant à faire comme chez moi. Jade, la sœur cadette de Louna est une vraie chipie ; elle possède le don de faire rire à tout bout de champ. À la fin du dîner je suis complètement rassasié. Puis, Jade nous propose une soirée jeux : Quizz et imitation de bruits. Les rires fusent. À vingt-trois heure nous nous couchons car le lendemain il y a cours.

N'étant pas dans la même classe, nous n'avons pas toujours les mêmes horaires. Seulement deux jours dans la semaine nous rentrons ensembles. Désormais, je fais comme si Tom est inexistant. Je suis toujours seule dans ma classe mais je m'en fous car dès les pauses je rejoins mon amie au CDI. Un jour Louna me dit qu'elle me remercie d'être son amie, que je suis une personne très attachante et que grâce à moi elle est moins réservée. Cela me touche. Je la prend dans mes bras, émue. Se sentir aimé il n'y a rien de plus beau. Entre fous rire et ragots, nous ne savons jamais où donner de la tête. Au lycée, presque plus personne ne parlent dans mon dos. Et j'en suis ravie.

Au delà du regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant