Chapitre 46

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« Je sens que tu es craintive. N'ai pas peur, je vais juste te poser quelques questions, me rassure l'homme.

Le journaliste m'aide à m'asseoir. Une fois mon fessier dessus, je cale ma cane contre le rebord. Ma mère m'a déconseillée de prendre Jappie de peur qu'elle ne gêne.

- Comme je le disais si bien tout à l'heure, tu n'as pas à t'inquiéter. Je vais te poser des questions sur ta vie et tu n'auras qu'à me répondre. Tu veux boire du jus de fruit ou du café ?

- De l'eau fera très bien l'affaire, merci.

Pendant qu'il prend nos boissons, je m'enfonce dans le fauteuil, confortablement. Je le remercie et porte le verre à ma bouche. Je le pose sur le rebord du meuble et participe à l'interview :

- Depuis quand n'obtiens-tu plus la vue ?

- Pour tout vous dire, je suis aveugle de naissance, répondis-je mal à l'aise.

Le début est timide mais la suite moins. Après plusieurs questions, je prend de l'assurance et répond du tac au tac avec sincérité sans avoir pour but de m'apitoyer sur mon sort.

- Et tu aimerais voir la vie tel que tout le monde la voit ?

- Bien sur, la question ne se pose pas. Au moins juste pour voir les visages de ceux que j'aime.

- Es-tu tout de même heureuse ?

- Oui je le suis, ce n'est pas parce qu'on a un handicap qu'on ne peut pas l'être. Je ne me considère pas comme une personne différente des autres. J'ai juste une particularité on va dire, car les voyants eux aussi ont des différences même si ce n'est des fois que psychologique.

La séance prend fin après cinq autres questions.

- Je te remercie d'avoir fait part aux lecteurs de ton histoire, Stella.

- De rien, c'était avec plaisir ».

Just give me a reason de Pink dans les oreilles, je m'endors petit à petit. Cette journée a été riche en émotions.

Le Lundi suivant, en cours de sport, une dispute éclate entre Anna et Jessica. Jessica à le don d'agacer tout le monde. Pimbêche et arrogante, elle est le pou de la classe. Clara et Morgan, ses amies, ne cessent de se comporter comme ses toutous et la suivent où qu'elle aille. Lors de l'annonce des scores de la course en tandem que nous venions de faire, Jessica commença à ricaner en entendant la dernière place dédiée à Anna qui avait mit avec son accompagnateur cinq minutes de plus que tout le monde. Ses acolytes s'empressèrent aussitôt de se joindre à elle. Vexée, Anna lança une injure et cria. Le professeur ordonna le calme mais cela ne fit que s'empirer. Clara, qui ne voit presque pas, donna une claque sur la joue de mon amie. Désemparée, j'entendis Anna se défendre par des coups. Je hurla pour les inciter à s'arrêter. L'enseignant cria et nous ramena au lycée.

Assise devant le bureau du Directeur, j'attends Anna. Le professeur de sport avait emmener les deux bagarreuses et Jessica dans son bureau dès notre retour. Depuis, je l'attendait patiemment.

« Et que je ne vous y reprenne plus ».

Les filles sortent de la pièce. Le directeur a été sévère et leur a donner trois heures de colles. Ici, à Jeanne d'Arc, tout coup porté est puni. La cloche sonne et nous nous dirigeons vers le self.

Vers dix-sept heures, je raconte à Louna ma journée, sans oublier de mentionner la dispute. Elle aussi trouve le trio de filles débile et immature. À dix-sept ans il serait temps de grandir un peu, les moqueries de gamins c'est à la maternelles qu'on les fait et pas au lycée. Je lui demande si ses problèmes familiaux se sont améliorés, elle me répond d'un « Mouai » dubitatif et me prend dans ses bras. Pour lui changer les idées, je l'emmène dans le parc avoisinant.

La parution de l'article qui m'était dédié a connu un franc succès. Suite à ça, nous avons reçu pas mal de commentaires sur la page de don ainsi que des fonds. Mon père continu tout de même à travailler avec des horaires pas toujours faciles. Brandon lui aussi n'abandonne pas, il veut qu'on arrive à la finalité du projet, l'opération. Comme on dit, « Rome ne s'est pas fait en un jour ».

Au delà du regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant