Chapitre 54

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Ça fait un mois que Louna fait de la rééducation. La joie n'est guère là durant les séances. Le kiné déclare qu'il faut qu'elle les fassent correctement pour que ça se rétablisse le plus vite. Elle le sait et fait des efforts pour cela. Après sa séance du Mardi, ma meilleure amie vient à la maison. Je lui ai interdit de venir seule en béquilles pourtant. Si elle tombe, comment ferait-elle ? Elle ne veut pas être un fardeau pour les gens en leur demandant de l'aide.

« Bon, dès que tu es rétablies, je t'offre une traversée en canoë, lui dis-je avec ironie.

- Haha, mais tu me fais ça je te jette dans l'eau moi et je m'en vais !

- Si tu as des envies de meurtres il faut t'enfermer !

- Eh ouais, je suis dangereuuuse ».

Elle est loin de finir la rééducation. Beaucoup de séances lui sont prescrites.

...

Ce soir, je sors. Nos amis du camping nous ont invités à une soirée chez eux. Depuis un an, les garçons vivent en colocations à Aubagne. Guillaume assure que la colocation c'est super entre amis et que l'ambiance qui y règne est spéciale. Spéciale dans plusieurs sens dont un que j'essayerai de ne pas imaginer la scène. Ils louent un appartement de trois chambres en plein centre, 11 cours Voltaire. Les bars sont en bas de leur immeuble et l'été c'est animé. J'aimerai bien plus tard faire la même chose qu'eux. Pour l'apéro, j'emmène des rouleaux à la saucisse Anna un paquet de chips. Brandon ne peut pas venir, il doit rester avec Louna chez elle car ses parents sont absents. Dans la salle de bain, je m'apprête. Je lisse mes cheveux et fait une demie-queue. Je m'asperge quelques coups de parfum Chanel n°1 puis me met du rouge à lèvre. Effet naturel garantit. Les apéritifs sortis du four, je les range dans un Tupperware et les fourre dans mon sac. Une fois prête, j'appelle Anna. Dès le retour de vacance, j'ai changer mon téléphone comme promis. Mes parents m'ont avancé l'argent que je devrai leur rembourser dès que je pourrai. J'ai prit le Samsung Galaxy Core Prime, plus solide que l'Iphone 4S que j'avais. Depuis deux jours, j'ai commencer à chercher des personnes voulant du soutien scolaire où je propose des cours d'espagnol à 5 euros l'heure. C'est moins cher qu'un professionnel et ça me fait de l'argent. Pour l'instant personne n'est intéresser mais ça ne va pas tarder. Bref, Anna arrive vingt minutes plus tard sur le pas de ma porte. Je souhaite une bonne soirée à mes parents, fais un câlin à la chienne et part à la fête. Brandon n'était pas partant pour que je les vois sans lui. Il dit qu'on ne les connaît presque pas et que je ne sais pas de quoi sont capables les hommes quand ils veulent quelque chose. Je ne suis pas naïve, je sais bien que quand un mec veut une fille il s'en fout qu'elle soit casée ou non. Comme un élève de ma classe a pour slogan : « Ce n'est pas parce qu'il y a un goal aux cages, qu'on ne peut pas marquer de but ».

Nous montons dans le bus et nous asseyons vers le fond. Nous prenons le 240 direction Aubagne pour nous rendre au lieu de rendez-vous. Dans celui ci, le confort est à son maximum. Ça change des autres bus avec leurs sièges basiques en plastique qui font mal au postérieur au moindre choc. Cours Voltaire, à peine descendu du bus qu'Anis, un des garçons du camping nous emmène dans l'appartement. Les deux filles rencontré pendant les vacances ne sont pas là. En revanche, une inconnue les remplace. Elle s'appelle Alia et est âgée de vingt-sept ans. J'apprends qu'elle est en couple avec Anis. J'en reste bouche bée à la révélation. Ils ont quand même huit ans de différence et c'est lui le plus jeune. Je ne savais pas qu'il avait de l'attirance pour les couguars. Ça surprend. À l'intérieur, il nous laisse avec ses copains pour aller faire des papouilles avec elle. Je bois à petites gorgées mon verre de Malibu. En guise de repas, nous commandons des pizzas au fromage. Dommage que Brandon ne soit absent. Durant la soirée, je l'ai appeler cinq fois et laisser un message vocal où je lui dit que j'espère que tout va bien et qu'il m'appelle quand il pourra. Une heure après, une partie du groupe s'en va en boîte de nuit. Je n'ai pas voulu y aller pour ne pas enfreindre la promesse que nous nous sommes faite Brandon et moi. Pas de boîte de nuit sans la présence de l'autre. La confiance y est mais il peut toujours y avoir un imprévus. Une forte consommation d'alcool et nous pouvons nous retrouver dans les bras d'un étranger si nos potes eux aussi ont trop picolés pour faire le guet. En plus, La Rigolade est réservée aux majeurs même si les vigiles ne vérifient pas les identités. Anna et Quentin, ne voulant pas y aller, restent avec moi. L'étudiant s'est tout de suite proposé pour nous ramener. Dans sa voiture deux places, je suis sur les genoux de mon amie. Pourvu qu'on ne croise pas les flics. On serait malines comme ça, avec plus que la quantité maximale d'alcool dans le sang. Quentin nous promet qu'il n'a pas bu. Fumant et buvant, il veut diminuer un de ses vices. Sur le trajet, le jeune homme nous parle de sa vie avant la colocation. Personne ne songerait qu'il ait une quelconque affinité avec le reste du groupe. Calme, et courtois avec les filles, cela peut en étonner plus d'un. Il n'est pas timide mais détient une mentalité différente qui ne l'empêche pas de plaire aux femmes.

Anna, malvoyante, ne discerne que approximativement son physique mais Louna nous l'a déjà décrit : Brun, yeux marron, un mètre quatre-vingt, avec un corps bien formé. Même on ne voyant pas grand-chose Anna sait débusquer les mecs mignons.

Arrivé à la maison, j'ouvre la porte dans le plus grand silence et regagne ma chambre. Si mes parents se réveille, j'espère qu'ils ne remarqueront pas mon odeur alcoolisée.

En début d'après-midi je rend visite à Louna. Hier, sa cheville lui a fait des siennes. Voilà pourquoi Brandon ne me répondait pas. Elle me raconte qu'il a passer la nuit chez elle sur le canapé et qu'il est parti ce matin. Ses parents se sont excusés de l'avoir laisser seule alors qu'elle était dans cet état. Je lui dit que si elle est seule la prochaine fois qu'elle pourra dormir à la maison. C'est à ça que serve les amis. Je m'en veux un peu d'avoir fait preuve d'égoïsme la veille. J'aurai dut aller chez elle et nous serions rester tous les trois ensembles.

Autour d'une partie de scrabble, nous papotons. Elle veut savoir si c'était bien la fête. Je lui relate alors que nous avons commandé des pizzas, bu, qu'ils ont voulu aller en boîte et qu'Anna et mois sommes rentrées avec la voiture de Quentin. La prochaine fois elle viendra. Ce matin, pendant que j'étais au téléphone avec mon petit ami, je lui ai raconté que j'avais refuser de danser. Il m'a avoué qu'il avait eut peur que j'y aille, redoutant qu'il ne se passe quelque chose. Nous devons nous mentir le moins possible car un jour tout fini par se dévoiler. Quand j'emmène Anna à sa rééducation, Brandon nous rejoint et je part avec lui me balader.

Pour revivre la soirée d'hier à laquelle elle n'a pas assister, Louna m'a proposer qu'on se voient toutes les deux. Elle voulait me faire venir chez elle mais comme mes parents ne seront pas là, c'était mieux chez moi. Je vais la récupérer chez elle et l'accompagne à mon domicile où Jappie se fait une joie de lui sauter dessus. Ça fait un moment qu'elle ne l'avait pas vue. Ma meilleure amie lui donne un biscuit que je viens de lui donner puis se lave les mains. Les coups de langue des animaux sur les mains c'est mignon mais sale. À table, nous mangeons des cordons bleus avec des haricots verts que j'ai cuisiné auparavant. Je ne suis pas une grande cuisinière mais je sais me débrouiller. Puis, pour ne pas changer nous faisons un jeu de société. Nous choisissons celui des petits chevaux, ça faisait longtemps que je n'y avait pas joué. Comme d'habitude Louna est la gagnante. Il faudrait qu'au moins une fois je gagne contre elle à ce jeu.

« La semaine prochaine je pars en Irlande. Tu vas me manquer.

- Toi aussi tu vas me manquer. Ah ouais, c'est super ! Tu le sais depuis quand ?

- Depuis midi. Je partirai avec mon oncle et ma tante du coté de mon père. Je serai là-bas pendant deux semaines. À la base, il devait y avoir le petit frère de mon cousin qui devait y aller avec eux mais comme il n'était pas emballé ma grand-mère le prendra chez elle. Du coup, il m'ont proposer et j'ai accepter direct. J'ai hâte mais je redoute l'avion, me répond-t-elle.

- Dis toi que tu n'es pas la première à le prendre et que tu ne seras pas la dernière. Penses aussi qu'il y a des enfants en bas-âge qui montent dedans et des femmes enceintes.

- C'est ce que je me dit aussi. Quand je serai dedans, je t'enverrai une photo du décollage.

- Heu...

- Merde, excuses moi. Je suis conne d'avoir dit ça, Stella.

- Allons, ce n'est rien, mais quand tu arriveras à destination si tu as le forfait téléphonique adapté tu me raconteras tout en détail.

- Oh ne t'inquiètes pas pour ça ma chérie.

- Nous avons une semaine avant de nous quitter. Et puis quinze jours sans se voir ce n'est pas si grave. On a déjà fait pire », je la rassure en lui prenant la main.

Dans la nuit, un bruit me réveille. J'étais bien dans mon rêve ; Brandon me prenant dans ses bras lors d'une fête familiale. Il est partout dans ma vie. N'entendant plus aucun son, je referme les yeux. Des lèvres se posent sur les miennes. Ah, me revoilà dans mon songe. Je rend le baiser. Puis un deuxième. Puis un troisième. Je touche ses bras, doux et fin. Je met ma main sur son torse. Tiens, il est moins plat que d'habitude. Je l'embrasse de nouveau. Je me sens bien. Je suis heureuse.

« Je t'aime ».

C'est alors que je m'aperçoit que c'est bien réel et que ce n'est pas la personne que je croyait.

Au delà du regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant