78 de l'adolescence à l'âge adulte.

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Les mains accrochées aux bandoulières de son sac à dos et à court de souffle, l'adolescent se laissa tomber sur ses genoux, dans la pelouse bien fraîche du jardin de Kesington, à cinq minutes à pied de chez lui.

Il avait courru jusque là, sans vraiment savoir pourquoi. Ça faisait quelques mois qu'il n'avait pas remis les pieds dans ce parc qui autrefois a pu beaucoup l'aider à surmonter plusieurs épreuves. Comme quand il avait dix ans et qu'une institutrice malveillante lui faisait subir des humiliations devant tous ses camarades. Il s'était alors renfermé sur lui même et avait décidé de ne plus parler, presque à en perdre la faculté. Ces jardins magnifiquement verdurés et arborés, lui ont offert à l'époque, un nouveau souffle. Surtout le lac et ses canards qu'il prenait plaisir à nourrir. Il s'était toujours imaginer à leur place, libre, nourris, n'ayant aucun problèmes d'argent et partant en vacances gratuitement en grands groupes d'amis, quand bon leur semble.

C'est seulement en relevant la tête, ses poumons se remplissant et se vidant d'air, mesurément, et admirant le paysage, qu'il réalisa comme un renouveau, la beauté des lieux. Mais pourquoi ses pieds l'avaient-ils amené jusqu'ici et non chez lui ou chez son petit ami. En tout cas, complètement exténué par sa course folle durant laquelle il s'était retenu de pleurer, il s'allongea dans l'herbe bien verte, sans se soucier de se retirer son sac à dos qu'il écrasa sous ses reins, et malgré le froid qui lui tiraillait chaque pore de la peau, il resta là, un long moment, à contempler le ciel moutonneux, éclairé par un faible rayon de soleil.

Il en avait marre de pleurer à cause des autres ou pour les autres. Sa gorge était serrée et ses yeux complètement embués, il était sur le point de craquer en pensant à toute cette journée et surtout à cette dernière heure. Il dû redoubler d'effort pour se contenir. Parce qu'il se sentait faible à pleurer tout le temps. Mais en même temps, il ne comprenait pas pourquoi les gens s'acharnaient sur lui, tout le temps. Pourquoi était-ce si difficile de l'aimer ou au moins de l'apprécier ? Et s'encombrant dans toutes ses pensée, il ne fit pas attention à la silhouette qui s'était approchée de lui et sursauta quand un garçon se pencha au-dessus de sa tête.

_Mika ! Dit l'ombre qui lui cachait la dernière lueur du jour de cette fin de journée.

C'est en ouvrant grand les yeux, qu'il le reconnu.

_Neil ? S'étonna l'adolescent.

_Content que tu te rappelles mon prénoms. Se réjouit le jeune homme, jetant son Rodelle (sac en bandoulière) parterre et s'asseyant à côté de l'adolescent, sans lui demander sa permission. Tu viens souvent ici ? S'enquit celui-ci. Je ne t'ai jamais vu avant !

Mika se redressa pour s'asseoir lui aussi, par politesse, mais aussi parce que son sac à dos commençait à le gêné et à lui faire mal, les coins de ses cahiers s'incrustant entre ses côtes dorsales. Puis il croisa ses jambes en tailleur avant de se mettre à arracher machinalement et nerveusement quelques herbes, légèrement intimidé par la prestance de l'athlète.

_Pas dernièrement, mais je venais souvent avant. Répondit-il sans relever la tête, trop occupé à se concentrer sur son désherbage. J'habite pas très loin. Se confia t-il.

_Oh, cool. Moi aussi ! S'enthousiasma le footballeur qui d'ailleurs ne portait pas sa tenue de sport, mais un jean bleu délavé, rehaussé d'un banal tee-shirt blanc, mais faisant magnifiquement ressortir ses beaux yeux vert, légèrement barrés d'une frange brune en bataille. Ça fait pas longtemps qu'on a emménagé à Londres, avec mes parents et mon petit frère, s'expliqua t-il. Alors comme je fais du foot et que j'ai été sélectionné dans l'équipe, c'est pour ça que je traîne souvent avec les joueurs. Mais je t'assure, ce ne sont pas mes potes ! Jura t-il en levant les mains pour clamer son innocence.

De l'adolescence à l'âge adulte. [Boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant