De l'adolescence à l'âge adulte. 34

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Mika était devant la porte d'entrée de chez lui, hésitant à la franchir. Est ce qu'il allait se faire réprimander ? Est ce qu'il allait devoir inventer tout une histoire sur ce week-end ?

Il entendait beaucoup de bruit et de voix provenant de l'appartement et il se souvint que c'était Dimanche. Un jour où en générale la famille se réunit, chez un ou chez l'autre. « Si je dois me faire punir, j'espère que ça ne sera pas devant tout le monde » pensa le garçon, inquiet. Il prit son courage à deux mains, bombant le torse de tout l'oxygène qu'il avait pu aspirer et bloquer dans ses poumons pour frapper timidement, trois petits coups successifs contre le bois massif de la porte.

Sans attendre de réponse, il entra, la gorge serrée.

Une dizaine de personnes étaient attablés. Entre autre, ses parents dont son père qui présidait la table en bout de celle-ci. Ses grandes sœur étaient assises à côté de leur copains respectif, une chaise libre entre elles. Ses cadets, Zuleika et Fortuné quant à eux, discutaient avec deux de leurs cousines qui leur faisaient face. Bien sur les parents de celles-ci parlaient avec les siens. Il s'agissait d'une des grandes sœurs de Joanie, sa maman. Il ne l'aimait pas trop, parce qu'elle était toujours là, à reprendre sa mère sur la façon qu'elle avait de l'élever lui, par rapport à ses frères et sœurs. Elle lui reprochait de ne pas être assez sévère avec lui et qu'il deviendrait un délinquant, tellement il était bizard.

Il avança craintivement vers l'assemblé. Tous avaient le verbe haut et ne l'avaient pas entendu arriver dans toute cette cacophonie.

Une fois son intrusion remarquée, parce qu'il s'était bruyamment raclé la gorge, tout le monde avait tourné la tête dans sa direction et le calme était brusquement, survenu.

_Bonjour. Dit-il timidement en levant la main pour les saluer.

_On ne t'attendait plus, le rabroua gentiment son père qui le regardait avec insistance, un air que le jeune homme ne réussit pas à déchiffrer, sur son visage. L'adolescent déglutit de travers et ouvrit la bouche pour s'excuser mais l'homme le coupa dans son élan. Assieds-toi, on allait commencer à manger. Ordonna celui-ci sur un ton tout aussi indescriptible que son expression.

Mika ne se fit pas prier et prit de-suite place entre ses deux aînées. Il riva les yeux sur son asssiette déjà servit pour ignorer tous les regards interrogateurs posés sur lui.

Il navait presque pas parlé de tout le repas. Il s'était inlassablement repassé son week-end dans la tête et se languissait d'être déjà au dimanche suivant. Le reste de la journée, il s'était enfermé dans sa chambre pour écrire tout ce qu'il avait pu ressentir tout au long de cette semaine assez mouvementée et peut être, mettre ces mots en chanson quand il se retrouverait devant un piano.

Le soir venu, après avoir enfin dit au-revoir à leurs invités, l'adolescent s'était douché, mis en pyjamas et affalé sur son lit, un bouquin dans les mains, qu'il n'arrivait pas à lire, l'esprit trop occupé par son petit ami. Il était en train de réaliser qu'il avait eu sa "première fois" et que c'était dix fois mieux et plus tôt que ce qu'il ne l'aurait pensé, qu'il s'était fait des amis, même si pour la plus part, il ne l'ai avaient vu qu'une seule fois et enfin, ses harceleurs avaient été remis à leur place par son "petit ami"...

II ne cessait de répéter ces deux mots dans sa tête... "Petit ami, mon petit ami. Je suis son petit ami...". Ces mots le faisait frissonner et et lui rappelait la façon dont celui-ci l'avait aussi nommé "mon cœur".

Toc, toc, toc,

_Je peux entrer ? Lui demanda son père qui avait entrouvert la porte et glissé sa tête dans la pièce.

Monsieur Penniman était un très bel homme d'une quarantaines d'année et très grand, vraiment très grand, vraiment très beau. Sa crinière lisse et dorées, tombait sur de magnifiques yeux, bleu azur. Il était souvent vêtu d'un costume pour son travail, lui donnant une certaine prestance bien accentuée par sa large carrure. Il était assez impressionnant et même si celui-ci était très attentionné avec ses enfants, il pouvait aussi se montrer sévère quand cela s'avérait nécessaire. Mika sachant qu'il n'avait pas vraiment était raisonnable cette semaine, ne se sentit pas rassuré du tout à son apparition.

Mika s'assit correctement au bord de son lit, attendant que celui-ci le dispute. Mais ce ne fût pas le cas. Le quadragénaire, s'approcha et prit place à ses côtés, un peu gêné.

"J'espère que personne ne m'a vu avec Danny" espéra très fort le garçon, dans sa tête. Il croisait les doigts qu'il avait caché sous son assise.

_Il faudrait qu'on parle tous les deux. Commença son père, l'air grave. L'adolescent déglutit et sentit son poux s'accélérer. Tu étais où ce week-end ? Demanda l'homme en observant son fils qui évitait son regard.

_Chez un copain. On, on était plusieurs. Bredouilla Mika, hésitant. Il sentait ses joues lui brûler et devenir toutes rouge. Il détestait mentir et tremblait comme une feuille de peur que son père ne soit pas crédule.

Il releva subrepticement la tête pour se rendre compte que celui-ci le regardait sans faillir, les sourcils froncés, plus interloqué que sévère.

_Est ce qu'il y avait une fille ? S'enquit l'homme en se raclant la gorge, embarrassé.

Le coeur de l'adolescent fit une chute libre et son sang afflua trop brusquement à son cerveau. Il se tordait les mains et malgré que beaucoup de fausses réponses abondaient dans sa tête, seule la vérité lui vint aux lèvres.

_Non papa. Dit-il la voix tremblante et écorchée.

Le quadragénaire se mit à rire et ébouriffa gentiment les cheveux du garçon.

_Tu ne sais vraiment pas mentir, railla t-il. Ce n'est pas grave si tu ne veux pas m'en parler, continua celui-ci sur un ton se voulant conciliant. Mais si jamais tu as une ou plusieurs questions, quels qu'elles soient... Il laissa un silence peu être pour donner la chance à son fils de se confier, mais celui-ci, fixant le sol, ne donnait pas l'impression d'avoir envie de s'exprimer. Tu n'hésites pas à venir me voir. Conclut-il en embrassant le jeune homme sur la tête, avec une accolade, avant de se lever et se diriger vers la sortie.

_Papa ! L'interpella, Mika, levant enfin les yeux sur celui-ci. L'homme s'était retourné et l'interrogeait du regard. Merci, dit l'adolescent qui en réalité avait vraiment envie de se confier, de tout dire. Mais il se sentait honteux...

"Un jour, cet homme pourrait poser un autre regard sur lui que celui qu'il avait en ce moment, un regard peut être de dégoût. L'aimera t-il encore, quand il osera tout lui avouer?"

_Je t'aime. Lui lança le quadragénaire en quittant la pièce et refermant la porte derrière lui.

L'adolescent se leva pour éteindre la lumière avant de se coucher.

_Moi aussi. Dit-il en se laissant lassement tomber sur le lit, enfouissant tristement sa tête dans l'oreiller.    

De l'adolescence à l'âge adulte. [Boyxboy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant