De l'adolescence à l'âge adulte. [Boyxboy]

86 De l'adolescence à l'âge adulte.

Dans la voiture de police, régnait un silence presque tangible. Mika était engoncé, à l'arrière du véhicule, sur la banquette en cuir dure, peu confortable, sûrement adaptée à une clientèle méprisable. De toute façon son esprit était trop encombré de tout un tas de questions et de sentiments, pour penser à son confort. Il pensait plutôt au sort de son petit ami et au sien. L'envie de pleurer le menaçait dangereusement. Et plus ils approchaient de chez lui, plus il se décomposait sur son assise. Le conducteur quant à lui, lui donnait de temps en temps quelques coups d'œil par le biais de son rétroviseur, sans lui adresser la parole, mais lui donnant des sueur froides.

_Vous allez dire à mes parents que j'étais avec mon copain ? Demanda l'adolescent, la voix tremblante et croisant superstitieusement les doigts, ses mains bien ancrées sous ses fesses.

Le policier ne repondit pas, puis brusquement, il se gara à un angle de rue, non loin de chez Mika, coupa le moteur, et se retourna vivement sur son passager.

_Tu m'as l'air d'être un garçon raisonnable. Lâcha t-il sur un ton autoritaire, apparemment prêt à lui faire la leçon. Je sais très bien, que l'amour peut faire perdre la tête, surtout quand on a ton âge... Continua t-il sensiblement touché par ses propres mots. Il se racla la gorge et prit un ton, ainsi qu'un air grave. Si tu me promets de faire attention, et de ne plus recommencer, de réfléchir avant de suivre ton petit ami ou qui que ce soit, dans des situations qui pourraient te valoir des ennuis, je peux te laisser rentrer chez toi, sans aller voir tes parents. Conclut-il sur un fin, très fin sourire.

Mika n'en crut pas ses oreilles. Il se redressa sur son assise, la bouche grande ouverte, attendant un mot de plus du policier, lui affirmant ce qu'il pensait et espérait avoir entendu.

_Tu m'entends petit ? Lui demanda le quinquagénaire, ahuri que celui-ci n'ait rien à répondre.

_Vous voulez dire que vous n'allez pas aller parler à mes parents, que... que, enfin... vous n'allez rien leur dire ??? S'étonna l'adolescent en bégayant, les yeux écarquillés et le cœur battant à tout rompre.

_J'ai plus de trente ans d'expérience petit. Ria le policier. Je vois tout de suite à qui j'ai affaire. Confia t-il en reprenant subitement son sérieux. Alors sans trop m'avancer, tu n'as pas le profil d'un délinquant. Je te donne une chance, celle de rentrer chez toi, d'aller te coucher et de réfléchir à ce qui aurait pu se passer ce soir, si j'avais été moins conciliant. Dis toi que si tu me recroises une prochaine fois, je serai moins conciliant. Conclut-il sur une expression se voulant sévère.

Mika ne sut pas quoi répondre, et toujours la bouche ouverte, il hocha de la tête en guise d'acquiescement.

_Allez, file ! Lui ordonna l'homme, dans un clin d'œil bienveillant.

L'adolescent s'empressa d'ouvrir la porte pour prendre ses jambes à son cou, mais il se ravisa.

_Merci monsieur. Lâcha t-il sincère et la gorge nouée d'émotions.

Le policier lui répondit par un salut militaire accompagnant un nouveau clin d'oeil, avant de se retourner sur son volant, prêt à repartir.

Mika claqua la portière de la voiture, et rejoignit la ruelle qui menait à la fenêtre de sa chambre, en courant. Il grimpa l'échelle de secours à vive allure, en tentant quand même de se faire discret, et se hâta d'ouvrir la porte fenêtre, pour enfin aller se coucher et faire retomber la pression qui lui bloquait presque la respiration, depuis que les policiers les avaient interpellés, lui et Dany, sur le parking.

Malheureusement, le cauchemar ne faisait apparemment que commençer, sa grande sœur Yasmine, l'attendait, sagement assise, sur le bord de son lit. Il déglutit de travers et se colla à la fenêtre qu'il referma dans son dos.