De l'adolescence à l'âge adulte. [Boyxboy]

De l'adolescence à l'âge adulte. 67

Il était inondé et avait beaucoup de mal à avancer, tellement ses vêtements détrempés pesaient à présent le double. Mais il continuait, le cœur aussi lourd que ses pas qui commençaient à faiblir et réduire leur cadence. Son souffle se faisait de plus en plus rapide, au même rythme que son cœur qui était au bord de la rupture. Il n'était plus qu'à quelques minutes de chez lui, alors ce n'était pas le moment de s'arrêter. Mais le temps orageux lui brouillait la vue. Le ciel était gris, quasiment noir. La pluie martelait bruyamment le sol et s'imposait tel un rideaux presque opaque, face à lui. Un rideaux qu'il n'arrivait plus a franchir...

D'un coup d'œil vif, il chercha un endroit où s'abriter pour reprendre son souffle un instant. Mais rien à l'horizon. Les maisons de briques rouges se succédaient, identiques les unes aux autres. Pas un seul porche abrité, aucun store de boutique ou de restaurant netait déployé...

Il dû se résoudre à continuer sa route. Mais cette fois-ci en marchant, trop éreinté pour encore courir.

Enfin arrivé !

Sa respiration était haletante et son visage émaciés par l'épuisement. Mais il allait enfin pouvoir se reposer et essayer de remettre ses idées au clair, de réfléchir à ce qu'il venait de se passer...

Il lui fallut un énième effort pour lever le bras et sonner, parce-que la porte était fermée à clé.

L'eau lui ruisselait en cascade sur la tête, plaquant ses cheveux complètement défrisés, sur son front, lui barrant les yeux. Il grelottait et ne sentait plus ses doigts, ceux-ci congelés par le froid.

Une, puis deux, puis trois fois, il appuya sur le bouton...

Mais rien !

Il pouvait entendre le brouhaha des voix de ses frères et sœurs, qui riaient aux éclats dans l'appartement, mais personne ne venait lui ouvrir...

Il n'en pouvait plus et avait tellement pleuré dans sa course effrénée, pour arriver jusque devant cette porte qui lui refusait littéralement l'entrée, qu'il avait envie de succomber au poids de son corps. Celui-ci le menaçant gravement de s'écrouler. Puisant encore une fois, vraiment au plus profond de ses dernières forces, il frappa aussi brutalement qu'il le pouvait, à coup de poing et à coup de pied contre le bois massif de cette satanée porte blindée. Il était peut-être à bout, mais cela le défoulait.

Le jeune homme évacuait toute sa frustration contre la porte, jusqu'à ce que celui-ci trébuche en avant, parce qu'enfin, elle venait de s'ouvrir.

_Mika ! Avait presque crié Yasmine, inquiète en voyant l'état déplorable de son cadet.

Il avait titubé dans les bras de sa sœur, l'inondant de toute l'eau qu'avait imbibé ses vêtements.

_Je suis rentré à pied ! Dit-il dans un souffle.

_Je ne l'aurai jamais deviné, se moqua la jeune femme sans vraiment vouloir rire. Elle était en colère et inquiète... Mais pourquoi ? S'enquit-elle en soutenant difficilement le garçon et le traînant jusqu'à la salle à manger, sous les regards ébaubis de Zuleika et Fortunés, pour l'aider à s'asseoir sur l'une des chaises louis XVI, qui entouraient une immense table plus contemporaine.

_Qu'est-ce qu'il se passe ? Avaient demandé en cœur les plus jeunes, interloqués.

Ils jouaient à un jeu de société sur la table basse du salon et s'étaient levés pour rejoindre leurs aînés.

_J'ai pas envie d'en parler. Lâcha l'adolescent avant d'éternuer.

_Oui, et bien si tu tombes malade je te jure que tu seras puni toute la semaine prochaine. Le menaça sa grande sœur en lui retirant le plus de vêtements possible. Le jeune homme exténué et grelottant se laissait faire sans répondre. Il claquait des dent et tremblait, ce qui énervait encore plus son aînée, qui râlait dans sa barbe. Va tout de suite te prendre une douche chaude, le gronda t-elle après l'avoir mis torse nu et retiré ses chaussures et chaussettes. Tu me laisseras le pantalon et ton caleçon devant la porte de la salle de bain... Mika aurait rougi et fait une réflexion à la jeune femme, s'il n'avait pas été dans un piteux état. Il se contenta d'acquiescer dans un hochement de tête en tenta vainement de se relever, complètement ébranlé. Aidez le, s'il vous plaît. Lança Yasmine à ses cadets.

Chacun d'un côté de leur grand frère, Zuleika et Fortuné l'aidèrent tant bien que mal, à se lever. Le jeune homme était peut-être frêle mais il pesait quand même un bon poids en rapport à sa grande taille. Ils l'emmenèrent à la salle de bain, pendant que leur grande sœur fulminait dans leurs dos, les vêtements trempés de l'adolescent, encombrant ses bras.

Mika s'était pris un long bain chaud, dans lequel il n'avait pas cessé de se repasser en boucle dans la tête, tout ce qu'il avait pu vivre avec Dany... "Tellement de choses en si peu de temps"...

Il s'en voulait de la façon dont il l'avait quitté. Mais en même temps, il était très en colère et triste.

« Peut être que je devrais écouter ce qu'il a à me dire. » Pensait-il, allongé sur son lit, regardant fixement le plafond.

Il s'était chaudement vêtu, parce qu'il allait être bientôt l'heure de son rendez-vous avec le directeur de la maison de disque RCA. C'est à ça qu'il devrait penser... Mais non ! Il avait envie de pleurer et faisait son maximum pour se retenir, Yasmine n'allant pas tardait à toquer à sa porte. Il ne voulait pas que celle-ci lui pose trop de questions.

Il avait enfilé un jean sobrement bleu, rehaussé d'un sous pull à col roulé et un pull blancs et s'était emmitouflé sous sa couette, tremblant de froid malgré la bonne température ambiante de la pièce.

Toc, toc, toc,

Quelqu'un frappa trois petits coups successifs, avant d'ouvrir la porte et d'entrer dans sa chambre sans même attendre son autorisation.

Yasmine vint s'asseoir au bord du lit, tout prés de son frère, qui la regardait, les yeux gonflés par la fatigue et injectés de sang.

Elle lui posa une main délicate sur le front en lui poussant ses boucles brunes qui le lui barraient, pour lui prendre brièvement la température.

_Tu es chaud ! Dit-elle en fronçant les sourcils, faussement fâchée. Mika ne répondit pas et tourna la tête, le menton tremblant. Je peux savoir ce qu'il s'est passé ? S'enquit-elle sur un ton calme et attendrissant. Mais le jeune homme garda les lèvres scellées, une larme perlant au coin de son œil, le visage toujours tourné, pour éviter le regard de son aînée. Tu veux que j'annule le rendez-vous ? Demanda t-elle, peinée.

_Non. Répondit enfin, l'adolescent dans un souffle, la gorge nouée.

La jeune femme s'allongea en se collant à son frère et le serra le plus fort possible dans ses bras. C'était son petit frère et le voir dans cet état, aussi triste à en être presque muet, la bouleversait complètement et lui rappelait de mauvais, très mauvais souvenirs.

Quand celui-ci était âgé de neuf ans à peine, il avait pendant un long moment, environ la moitié d'une année, presque arrêté de parler, se renfermant sur lui-même, sans que personne ne sache ce qui pouvait bien lui arriver. C'était en fait, à l'époque, une maîtresse d'école qui le tourmentait et lui faisait subir des humiliations quotidiennes, devant tous ses camarades de classe.

Depuis ces événements, Yasmine ne supportait pas voir son petit frère se fermer et mutique. Cela lui brisait le cœur.

_Je suis là, si tu veux parler. Chuchota t-elle en embrassant le garçon dans les cheveux, parce que celui-ci avait la tête engoncée dans son cou.

Mika voulu lui répondre mais une boule s'empara de sa gorge et les sanglots brisèrent la barrière de ses paupières closes, qu'il plissait le plus possible, pour les empêcher de couler. En vain.

La jeune femme le serra encore plus contre elle et il se laissa aller à pleurer silencieusement dans ses bras, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et que ses yeux soient secs d'avoir déversé tout leurs contenu.

...

Coucou tout le monde !

Alors, on continue...

Je voulais vous demander, est ce qu'une saga vous tenterait ?

Et oui, j'envisage d'écrire plusieurs Tomes...

S'il vous plaît, dites moi ce que vous en pensez...