De l'adolescence à l'âge adulte. [Boyxboy]

76. De l'adolescence à l'âge adulte.

Mika avait très faim et était donc descendu petit déjeuner, en silence, la tête baissée, essayant d'éviter les regards de ses frères et sœurs qu'il sentait lourdement peser sur ses épaules.

Il y avait du monde à la maison ce matin là. Apparemment Naïm, le petit ami de son aînée Yasmine, et David, le copain de sa sœur Paloma, un grand blond aux yeux bleus, qu'il ne trouvait d'ailleurs, pas du tout déplaisant à regarder, avaient sûrement dû passer la nuit chez eux.

Il salua tout ce beau monde qui était attablé dans le grand salon, chacun devant leur bol de café ou de thé pour certains, et de lait pour d'autres, en soufflant timidement un bonjour dans sa barbe. Et dans l'empressement de fuir un instant ce sentiment d'homme à abattre, il rejoignit la cuisine pour se préparer un café bien corsé. Parce-qu'il sentait que cette journée n'allait pas lui être de tout repos. Et pendant qu'il fixait le liquide noir couler doucement dans la verseuse, il tendit l'oreille pour écouter une conversation qui évidemment tournait autour de lui.

Il entendit que tous, sauf Paloma, demandait à Yasmine de ne rien dire sur son escapade de la veille, aux parents.

_Papa va être vraiment en colère si tu lui dis ! Dit tout triste, Fortuné, le petit dernier de la fratrie.

_Ne te mêle pas de ça. Le gronda Yasmine. Sur un ton sec et sévère, qu'elle n'avait pas pour habitude d'employer, surtout envers ses frères et sœurs.

Le petit garçon baissa la tête, vexé, et marmonna quelque chose d'inaudible, dans sa barbe.

_Le p'tit a raison, Yasmine. Lança David qui fut soudainement fusillé par un regard perçant de sa petite amie, assise juste en face de lui. Mais le jeune homme à peine perturbé, continua d'une voix emprunte de sagesse. Ton frère à seize ans, on sait ce que c'est, tous les quatre nous sommes déjà passés par là, dit il à l'intention des plus vieux. Et Mika est loin d'être comme nous, il est plus réservé, plus sage...

_Apparemment pas tant que ça. Le coupa Yasmine, énervée, mais surtout déçue.

_Ce n'est pas bien ce qu'il a fait, mais je pense qu'il l'a compris. Intervint Naïm, d'une voix douce. Et posant une main conciliatrice sur celle de sa petite amie, assise à son côté. Tu as eu quand même la main un peu lourde hier soir. Je suis sûr que sa joue s'en rappelle encore. Et si tu le dis à ton père...

_Il va frapper Mika, finit Zuleika en se laissant tomber sur le dossier de sa chaise, les bras sur sa poitrine, triste et renfrognée.

L'adolescent, toujours dans la cuisine, l'ouïe en alerte, déglutit de travers en entendant les mots de sa petite sœur. Il réalisa tout d'un coup, qu'elle n'avait pas tord. Si ses parents apprennent ce qu'il a fait, il recevra la raclée du siècle. Déjà qu'il n'était pas serein, après ce coup de massue, ses mains se mirent à trembler et son cœur à battre démesurément. Sa gorge se serra et lui coupa la faim. Il n'avait plus qu'une envie, c'était de remonter dans sa chambre et de pleurer tout ce qu'il pouvait, en priant que sa sœur ait pitié de lui et ne dise rien à leurs parents. Enfin, que tous ne disent rien. Mais avant de remonter à l'étage, il éteignit la cafetière, renonçant à son petit déjeuner, et fit apparition, timidement, dans le salon. La cohue se tue en un instant pour lever des regards de tous genres sur lui, pour la plupart compatissants mais réprobateurs pour ses aînées.

_S'il vous plaît, n'dites rien à papa et maman, les supplia t-il au bord des larmes, sa peur trahie par le tremblement de sa voix. Je suis désolé, je ne le referai plus, bégaya t-il sincère. Je... je...

Tout le monde le regardait, dubitatif, mais personne ne pris la peine de lui répondre. Peut être attendaient-ils plus de lui ? Mais quoi exactement ? Yasmine le fixait droit dans les yeux, lui faisant bien comprendre qu'elle ne lui concéderait rien et qu'il parlait en vain. Son cœur se serra comme si quelqu'un l'avait pris entre ses main pour le presser comme un citron afin d'en extirper tout son jus, et quelques larmes lui échappèrent. Il était non seulement effrayé à ce que ses parents apprennent ce qu'il avait fait, mais aussi en colère. Il commençait à en avoir marre qu'on le prenne pour un bébé. Il se sentait en colère, bouillir de l'intérieur, prêt à crier, même à casser des objets. Quelque chose d'étranger agissait en lui. Il éprouvait un sentiment inhabituel mais très intense, comme si une personne malveillante le possédait, un peu comme dans l'exorciste.