Chapitre 43 : Tour de passe-passe

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Ouvre les yeux.

Brusquement, je me redresse en position assise. Je suffoque, tousse et tente de reprendre ma respiration du mieux que je peux. Mes yeux écarquillés s'habituent peu à peu à la lumière. Non celle du soleil qui s'est couché pour laisser place à une grande et pleine lune baignant dans un océan d'étoiles, mais celle de la torche enflammée qui se trouvait à mes côtés.

Cette pseudo paralysie du sommeil est enfin terminée. Les couleurs et les sens me reviennent peu à peu, comme avant. Quelle atroce expérience... Je ne pensais pas pouvoir être un jour enfermée dans un endroit plus étroit que les cages de Pan.

Je balaie nonchalamment du regard la pièce dans laquelle je me trouve, confirmant mes soupçons : nous sommes encore dans la grotte en forme de crâne géant. Et quand je dis nous, je parle bien de Peter, Rumplestiltskin et moi. Pan étant dos à moi, seul son fils a donc remarqué mon activité, malgré ce réveil brutal que je ne semblais pas très discret. Est-ce de moi-même que je me suis sortie de cette prison spirituelle, ou le Ténébreux m'aurait aussi aidé avec un de ses tours de magie ? Je n'en sais rien, mais ce dernier fait, en ce moment, mine de ne pas m'avoir vu et continue, indifférent, la discussion avec son père. Réunion père/ fils...
Je n'arrive toujours pas à croire que Peter soit père. Il a un enfant... un enfant qu'il a abandonné pour le pouvoir. Où sont donc ses limites pour obtenir ce qu'il souhaite ?

Je jette un coup d'œil à ma gauche. Dans un coin, bien au fond, une entrée laisse dévoilée un autre individu. Je reconnais Henry et sa chemise rayée rouge. Dos à moi, il semble tranquillement patienter que Peter termine ses "affaires".

"Tu ne gagneras pas. Pas cette fois. Reprit le Ténébreux sans me prêter attention.

-Pourquoi cela ? Tu penses pouvoir me battre avec cette boîte ? Nous savons tous les deux que tu ne le feras pas."

J'observe la boite en question. Elle n'a rien d'exceptionnelle vu de loin, mais si Rumple pense pouvoir vaincre Pan avec, alors je la suppose très puissante. Il a les moyens de l'anéantir, qu'est-ce qu'il attend ? Je me redressai avec comme idée d'aller rejoindre Henry pendant que le Ténébreux servait de diversion.

"Tu ne m'en crois pas capable ? Rit-il.

-Je pense qu'une autre solution s'offre à nous. Je ne t'ai pas laissé me rejoindre ici pour rien, Rumple. Je veux te donner une dernière chance : reste avec moi, laisse tes plans de côtés. Nous pouvons tout recommencer... comme avant."

Il hésita. Je ne rêvais pas. Rumple eût un instant d'hésitation, je le lisais sur son visage. S'il vous plait, ne vous laissez pas avoir par les belles paroles de cet idiot... Enfermez-le. Finissons-en.

Soudainement, quelque chose apparût dans la main que Peter cachait derrière son dos : la boite. La vraie boite. Il avait fallu une seconde d'inattention à son fils pour lui prendre son bien. C'est si simple ici... Il suffit de l'imaginer. Maintenant, Rumple détient une fausse boîte dont il surestime les capacités. Pan, lui, a le contrôle sur la situation et peut choisir n'importe quel moment pour en terminer. En face de moi, le sablier se vide peu à peu de son sable doré. Le temps presse. Je devrais aller chercher Henry et l'emmener en sécurité, mais je ne peux pas laisser Le Ténébreux entre les griffes de son père. Nous avons l'avantage : Peter ne sait pas que je suis derrière lui. Ou du moins... je crois.

Ça y est, je doute et me coupe finalement dans mon élan pour aller rejoindre Henry. Il ne me voit pas de là où je suis et je ne peux pas crier pour lui dire de partir, Pan me découvrirait . Mais je peux encore utiliser cet avantage à bon escient pour m'emparer de la véritable boîte et ainsi emprisonner Pan, comme c'était prévu au départ. C'est tout de même risqué... Peter peut me voir arriver et nous enfermer Rumple et moi. Dans ce cas-là, je ne pourrais ni sauver Henry, ni personne d'autres. Bon sang, je ne m'aide pas, là ! Les secondes que je passe, figée, à hésiter sur les choix qui s'offrent à moi sont des secondes de perdues, où Peter peut se retourner et me voir. À ce moment-là, je serais fichue. Je dois choisir, et vite.

Rumple semble d'autant plus décontenancé par mon blocage puisqu'il quitte le regard de son père pour s'accrocher au mien.

Non, ne faites pas ça ! Si Pan vous voit, il comprendra ! Exprimais-je à ce dernier par des gestes.

Impossible de lui faire comprendre quoique ce soit, il se posait maintenant des questions sur les raisons qui me poussait à m'arrêter, le perturbant dans sa conversation déjà bancale avec Peter. Je dois agir, tout de suite.

"Nous pouvons tout recommencer..." continuait ce dernier en s'avançant vers le Ténébreux.

C'est le moment. Rapidement, je me lançai vers Peter et attrapai la boite qu'il gardait dans son dos. Tous les regards se tournèrent vers moi tandis que je brandissait l'objet, menaçant de l'utiliser.

"Gwen, attends..." me lança Rumplestiltskin, soudain prit de doutes .

Je ne l'écoutai pas. Peter était désarmé et j'avais, pour la première fois, l'avantage sur lui : un moyen de le neutraliser. Cette boîte est magique, elle doit donc s'ouvrir d'une certaine manière. Voyons...
Je passe ma main au-dessus de la pierre rouge rubis qui était incrusté dans la pierre et attendit... Aucune réaction.

Je retentai le coup une deuxième fois, sous le regard inquiet du Ténébreux, mais rien n'y faisait. Elle ne marchait pas...

"Qu'est-ce que... Bafouillais-je en tournant nonchalamment l'objet.

-C'est peut-être parce que tu n'as pas la bonne."

En redressant la tête vers Pan, je découvris la même boite entre ses mains. La vraie.
De l'autre côté, Rumple ne possédait plus rien. Je venais de comprendre le coup monté...

"Tu n'avais pas échangé les boites..." Soufflais-je en baissant les yeux.

Il savait très bien que je m'étais réveillée et que je me préparais à rejoindre Henry. C'est ainsi qu'il eût l'idée de créer cette fausse boite pour me distraire et ainsi me faire hésiter, alors qu'en vérité, Rumple détenait toujours la véritable boîte. Par contre, avec cet événement perturbateur, dont je suis la cause, il a pu cette fois-ci se la faire prendre sans soucis. Sans changer des habitudes... je me suis faite avoir !

"Comment tu as su... ce que j'allais faire ?" Questionnais-je difficilement.

J'avais peur de la réponse qu'il pouvait me donner, car au fond, tout était possible.

"Voyons, Gwen... Depuis le temps, je te connais." Eût-il le plaisir de me répondre.

Traduction : "quoique tu fasses, je le saurais."

Il détient désormais la seule arme que nous avions contre lui, en plus d'Henry. Je me rends compte maintenant de la bêtise que j'ai faite et je m'en veux d'autant plus que Peter l'ai prévu. Il ne me connait pas par cœur, c'est ridicule ! Chaque acte m'est propre... Il ne me contrôle pas. Il ne le peut pas...

Il leva soudainement la boite, prise d'une soudaine envie de jouer avec. Je recule d'un pas et place une main devant moi comme défense. Rumple semblait être dans le même état que moi... Vulnérable.

"Attends, Peter... M'exclamais-je faiblement, un vague sourire forcé accroché aux lèvres. Tu... Tu n'as pas à faire ça."

Il s'approcha de moi comme un chasseur s'approcherait de sa proie. J'aurais voulu m'enfuir. J'aurais même sauté de la grotte si ça n'avait pas été désigné comme un signe de faiblesse et un geste totalement inutile. Je ne pouvais rien faire alors qu'il s'avançait dangereusement dans ma direction, prenant le temps de jouer avec mes émotions.

Posément, il s'arrêta face à moi. Je jonglais entre ses yeux bleus turquoises et l'arme qu'il menaçait d'utiliser contre moi. Un sourire fier se décrocha sur son visage, affichant l'air suffisant qui le marque si bien.

"Quand apprendras-tu donc, Gwendoline ?"

...

"Peter Pan n'échoue jamais."

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant