Chapitre 38 : Mort, oui mais pas encore

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||FLASHBACK||

[environ 13 ans]

Peter Pan était venu, j'en étais persuadée. Par le biais de mes rêves, il avait réussi à entrer en contact avec moi et m'avait conduit au Pays Imaginaire. Cette nuit-là, j'avais vu plus de merveilles que je ne songeais en voir dans ma vie. Tout m'avait semblé si réel. Presque trop réel pour quelque chose d'aussi fictif. Ma maman me rappelait sans cesse la différence entre les deux car, en tant que psychologue, elle savait que l'imaginaire pouvait causer des dommages. Je n'en voyais aucun. Quel mal y avait-il donc à rêver ? Je passais plus de bons moments à rêver qu'à vivre dans la réalité et je trouvais bien plus de défaut à cette dernière qu'au monde imaginaire. Alors pourquoi me fixait-elle une limite à mes rêves ? Que craignait-elle ? J'avais toujours cette impression que les adultes étaient simplement des personnes qui avaient rompu avec leurs rêves simplement car ils avaient le "vertige". Moi, je n'ai pas le vertige... j'attends impatiemment de pouvoir apprendre à voler. 

Le seul adulte, finalement, qui semblait partager mes idées, c'était mon papa. Il était l'exception à toutes les règles et je ne pouvais être aussi fier de l'avoir comme père. Lorsque j'ai raconté mon voyage au Pays Imaginaire, il m'a cru et m'a même dit que quand il était petit, il avait aussi fait ce rêve-là. Ça signifie que, lui aussi, il est allé sur cette île, n'est-ce pas ? Je souhaiterais l'emmener avec moi mais il parait que seul les enfants y sont autorisés. De plus, je ne pense pas qu'il pourrait quitter la Terre aussi facilement alors qu'il s'y est tant accroché. Il a construit son histoire ici et je respecte ça. J'espère que lui et maman respecteront mon choix de construire la mienne ailleurs. 

"Il faudrait que je leur demande..." Me dis-je à voix haute, songeuse.

Me redressant du lit sur lequel je réfléchissais, je sortis de ma chambre et rejoignis le salon, là où je trouvais ma mère en train de travailler. Je n'ai jamais compris à quoi servait son boulot lorsqu'elle ne parlait pas à quelqu'un pour le réconforter.

"Maman ! Lui lançais-je pour attirer son attention. Si un jour je pars, tu comprendras que ce sera pour construire une vie meilleure dans un endroit meilleur ?" 

Je ne lui en voulais pas mais elle prenait toujours du temps à répondre et reprenait parfois mes mots comme si elle avait besoin de les éclaircir plus qu'ils ne l'étaient déjà. 

"Partir ? Quand ça et où ? Quelle serait une vie meilleure selon toi ?

- Et bien, ailleurs. Soufflais-je en croisant les bras. Une vie meilleure, c'est une vie meilleure ! Pourquoi tu compliques toujours tout ? Je te demande si tu accepterais de me laisser partir pour que je sois heureuse ! 

- Ça dépend où et quand. Rétorqua-t-elle en retournant à ses papiers. Quand tu seras adulte, tu feras ce que tu veux.

- Hein ? Mais il sera trop tard à ce moment-là ! Tu ne comprends vraiment rien... Boudais-je. Je demanderais à papa. Il arrive quand ?"

Je ne m'intéressais que peu à l'heure dans cette période où toute ma vie était réglée par l'emploi du temps que me fixait mes parents. Je savais simplement qu'il faisait nuit et qu'habituellement, papa rentrait avant. Maman sembla le remarquer également puisqu'elle se posa soudainement la question. Au même moment, le téléphone murale se mit à sonner. Je détestais cette nouvelle technologie qui réveillait tout le quartier sans prévenir. Dès qu'il sonnait j'avais tendance à l'ignorer. Maman savait pourtant que la plupart du temps c'était important et se leva pour décrocher. Elle avait eu raison. Suivant son regard puis les traits de son visage, je voyais qu'une mauvaise nouvelle venait d'être annoncée, une très mauvaise nouvelle qui la fît lâcher le téléphone des mains et lui montèrent les larmes aux yeux. Je lui demandais qu'elle m'explique ce qu'elle avait entendu de ma pauvre petite voix d'enfant inquiète. J'étais trop naïve pour supposer le pire moi qui m'imaginais déjà voler au-dessus d'une île aux merveilles. La dure réalité avait été brutale avec moi. 

"Ton père... Osa-t-elle seulement laisser entendre.

-Quoi ? Que se passe-t-il ? Il ne va pas bien ? Dis-moi, Maman ! Qu'est-ce qu'il a ?"

Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour souhaiter tout oublier ? Maman, maman... Toi qui a fait tant d'études pour comprendre les autres, tu n'as pas réussi à comprendre la plus simple des choses. Le problème, ce ne sont pas les rêves. Les rêves, ils nous aident à mieux appréhender ce qu'on n'accepte pas. C'est un médicament, Maman ! Un médicament contre la réalité qui vient tout gâcher... 

||FIN DU FLASHBACK||

Triste réalité : même au Pays Imaginaire il semble que la mort ne s'évite pas. Après celle de mon père, je m'étais demandé maintes et maintes fois ce que ça faisait de mourir. Est-ce qu'on souffrait ? Maman me disait que non, que seuls les vivants étaient destinés à souffrir en  repensant aux morts. J'étais quelque peu rassurée de me dire que papa était alors en paix, comme on le lisait bien souvent durant les sépultures. Mais alors, m'étais-je questionnée à nouveau, comment vais-je mourir, moi ? Ça me ronge de devoir me l'avouer, mais je suis bien contente de la mort que je m'apprête à donner. Mourir au Pays Imaginaire pour sauver l'île est un assez bon équilibre de la Gwendoline d'autrefois qui rêvait d'y vivre et de la Gwendoline d'aujourd'hui qui souhaite agir pour les bonnes causes. L'idée me paraissait paisible... Si paisible que je me demandais si je n'étais pas déjà morte depuis cet instant. J'en souriais.

"Désolée, Peter... Bafouillais-je à travers mes sanglots. Il semble que j'ai accepté de mourir et puisque ça ne se fera pas sans toi... Il va falloir que tu te fasses une raison également."

Les secondes passaient mais si ce n'était mon énergie, je ne sentais rien faiblir en moi. Chris et les autres n'avaient donc pas encore déchiré le contrat alors qu'ils avaient juste à appeler mon ombre pour l'acquérir... Pourquoi cela mettait-il autant de temps ?

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Lecteurs : Deux mois d'attentes pour ça ?

Moi : 

Allez, chouiiia de courage ! C'bientôt fini !

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Allez, chouiiia de courage ! C'bientôt fini !

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant