♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»

Chapitre 39 : Le plan Chris

~ Point de vue omniscient ~

David Nolan avait dit de l'île qu'elle fatiguait par sa chaleur étouffante. Certains, pourtant, s'y étaient fait depuis longtemps et auraient critiqué la Terre d'être aussi glaciale en été qu'en hiver cela seulement car elle ne franchissait pas la barre de 30°. Les enfants perdus du Pays Imaginaire n'avaient pas la même vision de la vie que les autres. Peu nombreux comparés aux 7 milliards d'Hommes sur Terre, ils appelaient leur groupe une famille et ne se trahissaient jamais car sans les leurs, ils savaient qu'ils ne seraient rien. De même, les enfants perdus avaient aussi des ennemis menaçants rôdant autour de l'île ou dedans et savaient que la loi du plus fort était la meilleure. L'île leur avait appris à être autonome, à se défendre, à réagir tout comme à se taire lorsque c'était nécessaire. L'île avait indiqué des principes, une éthique à suivre, et les garçons - car ils étaient majoritairement des garçons - obéissaient sans penser avoir le choix. Ici, parfois, les règles sont difficiles, les punitions pires... Mais, n'y a-t-il pas pire ailleurs ? Pourquoi quitter un Enfer pour se rendre dans un autre ? 

"Je le promets. Christopher avait lancé du haut de sa roche. Ce qui est appelé Enfer aujourd'hui ne le sera plus demain. Nous changerons les choses, bouleverserons les codes et rendront à cette île la magie qui faisait rêver les enfants autrefois ! Vous êtes avec moi ?" 

Les enfants avaient applaudi pour soutenir son discours, répondant d'un grand cri motivé qu'ils le suivaient dans ses idées. Christopher s'engageait souvent loin lorsqu'une d'elles germait dans son esprit, cependant il était persuadé que cette fois-ci, les choses allaient être différente. Qu'on allait l'écouter. Il sait que ce ne fût pas toujours le cas dans le passé car, isolé des autres et critiqué pour ce qu'il était, il n'avait pas souvent le droit à la parole. C'est pourquoi le Pays Imaginaire restera, même corrompu, le sauveur de sa vie, une page blanche à colorier comme il l'entend et non comme les autres le veulent. Des risques, il en prenait mais il ne comprenait pas où en était le mal. La vie avait des risques. Les risques étaient ce qui constituait la vie, on ne fait pas l'un sans l'autre. Le risque aujourd'hui était néanmoins plus gros que les autres risques qu'il avait pu prendre auparavant : il pouvait perdre la personne qu'il aimait dans un temps très limité. Gwendoline avait beau eu lui dire que tout irait bien, il n'y croyait pas et s'opposait à déchirer le contrat lorsque l'ombre arrivait avec. 

"Gwendoline a tenu à ce que je vous le donne. Dit-elle sans expression, tendant le bras vers le garçon. 

-Je sais bien. Mais je ne peux pas me permettre de l'avoir, ce serait trop dangereux s'il tombait entre de mauvaises mains... Garde-le ! Nous allons trouver un autre moyen. Nous allons sauver et l'île, et Gwendoline ! 

-Et Peter Pan ? Demanda un enfant.

-On lui règle son compte." 

Charlie ne comprenait pas bien ce qui pouvait bien se tramer dans la tête de Chris. Dès qu'il parlait, ce sont les sourcils froncés qu'il l'observait pendant un temps. Pourtant, il jurait avoir compris la situation. 

"Mais... Se lança-t-il. Si Peter Pan meurt, Gwendoline aussi, n'est-ce pas ? 

-C'est pourquoi Peter Pan ne doit pas mourir mais simplement être mis hors d'état de nuire. Nous devons le paralyser, le museler pour qu'il ne nous atteigne plus sans qu'il y ait à le tuer physiquement. Vous comprenez ?" 

Il semblait si fier de son plan qu'il ne réalisait pas la réticence du groupe. Même l'ombre, pourtant neutre à toute situation, plissait les yeux. 

"Plutôt faire parler un arbre. Rétorqua Charlie. C'est impossible ce que tu demandes là -

-On est au Pays Imaginaire ! Coupa avec colère Christopher. Tout est possible ! Mais si vous n'y mettez pas un peu du vôtre, on va finir par perdre et Peter Pan reprendra une dictature si dure après la trahison qu'on a faite que ce ne sera plus des enfants perdus mais des esclaves perdus que nous deviendrons !"