Chapitre 19 - Rebellion

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Je ne peux pas rester les bras croisés... Il n'est pas trop tard pour Henry, j'en suis sûre. Il faut que je trouve un moyen pour qu'il y croit à nouveau. Je dois retenter ma chance.

Après avoir reposé le livre à sa place, je me relève et décide de retourner au camp. Il ne faudrait pas qu'il soit seul trop longtemps. Qui sait ce qu'il pourrait se passer. Je sors de la cabane et vais rejoindre les autres. Une fois arrivée, je prendrais Henry à part et on ira dans un endroit plus calme, pour parler. Je n'ai pas encore d'idées précises pour le convaincre mais je trouverai sur le moment. Disons que je n'ai pas le choix.

***

Tous les enfants perdus sont regroupés et observent un combat à l'épée. Ce n'est pas la première fois qu'ils font cela, je n'en prête donc pas attention et cherche du regard Henry. En m'approchant d'un peu plus près de la scène, je jette un rapide regard sur les combattants et m'arrête net. Le premier, qui ne m'étonne pas trop, est Devin. Il a toujours cherché la guerre ce qui m'énerve assez chez lui. Mais je n'aurais jamais pensé que le concurrent ne serait autre qu'Henry... À quoi joue-t-il ?

Je ne pouvais pas agir entre deux coups d'épée que lança Henry sous les acclamations des garçons et bien sûr de son coach personnel, Peter Pan. J'allais lui demander d'arrêter quand il se stoppa de lui-même, après avoir blessé à la joue son adversaire.

"E... Excuse-moi c'était un accident."

Pan s'avance vers lui et le prend par l'épaule pour le féliciter.

"Tu sais quel est l'avantage d'être un garçon perdu ? Tu n'as jamais besoin de t'excuser."

C'était le mot de trop. Je m'interpose entre les deux nouveaux meilleurs amis du monde et éloigne d'un geste Henry de Peter.

"C'est bon. Fini de jouer."

Tout le monde se tait, attendant la réaction du chef qui le ne prit pas mal, au contraire : il souriait de toutes ses dents.

"On vient tout juste de commencer." finit-il par répliquer en me provoquant de son air enjoué.

Je serre les poings, prête à lui en coller une, mais Henry m'en empêcha avant de lui donner raison.

"Laisse-le, Gwen. Il n'a rien à voir avec tout ça.

-Il n'a rien à voir ? C'est à cause de lui que tu es dans cet état !"

Comment lui décrocher son rire narquois du visage ? Je commence à croire qu'il n'y a que la manière forte qui peut lui faire arriver à ce changement. Cela fait déjà trop longtemps que je me retiens.

"Tu n'en es pas capable."

Je tourne la tête vers le blessé, toujours capable de parler apparemment. Il n'a pas choisi son moment pour en rajouter, mais alors vraiment pas...

"Je ne sais même pas pourquoi Pan t'a amené ici, Gwen. Tu ne mérites pas d'être au Pays Imaginaire. Tu restes toujours dans ton coin comme le ferais... une fille." continue-t-il pour me faire enrager.

Tu vas voir ce que sait faire une fille...

Je ricane longuement et emprunte des mains l'épée d'Henry avant de la soulever, regardant mon reflet dans la lame.

"Devin... Toujours là pour t'imposer, hein ? Le garçon perdu qui, si je me souviens bien, n'était pas plus courageux que son frère il n'y a encore que quelques années. Tu te souviens de ce qu'il lui ai arrivé ?"

Je le sens reculer d'un pas et en profite pour me jeter sur lui et le plaquer contre un des troncs d'arbre, l'épée sous son cou.

"Il est mort dans un de vos jeux stupides ! Si je pouvais saches que je serais déjà partie de cette île maudite mais malheureusement pour toi et moi, ce n'est pas le cas ! Alors maintenant tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas le rejoindre !"

Du sang commence à couler sur la lame. J'appuie trop fort. Je lâche d'un seul coup mon emprise et reprends le contrôle de moi-même. Devin a maintenant une marque bien visible, saignant sous son menton. Je ne sais même pas si je devrais regretter ce que je viens de faire. Je me retourne vers les autres, muets comme des carpes, et observe leur regard porté sur moi. Ils ne m'ont jamais vu faire un truc pareil. La jeune fille aux longs cheveux bruns, amenée par Peter sans raison donnée, restant perchée en haut de son arbre tel un fantôme dont on s'est habitué à sa présence... Moi-même je ne me reconnais plus.

Deux visages souriaient dans ce tableau figé : Félix, qui paraît étonnement surpris et Pan, tout aussi surpris mais d'autant plus fier. Après réflexion, je mets la faute de ce changement sur cette ordure. Pourquoi moi ? Toujours cette même question... Pourquoi suis-je celle qui doit être ce Joker, celle qui doit subir et rester emprisonnée ici, laissant sa vie en suspens et abandonnant toute ma jeunesse maintenant gâchée... Qu'ai-je fait pour être punie ainsi ? Est-ce lui qui a décidé au hasard de la fille qu'il nommerait comme un de ses pions bonus ou ai-je été choisi par le destin comme Henry. Tellement de questions auxquelles il ne répond jamais.... C'est injuste.

Je garde toujours en main l'épée. Mes yeux se perdent dans ceux de Peter et je commence à m'imaginer en quoi mon arme pourrait-elle vraiment être utile... Mais tenter quelque chose ne servirait à rien : il esquiverait mon attaque. Je ne peux rien. Il arrive à deviner, sans soucis, les différentes idées qui me passent par la tête. Il n'a pas peur de moi, même après avoir failli égorger un de ses précieux soldats il n'exprime aucune inquiétude.

D'un geste rapide, j'élance mon épée tout droit dans sa direction et l'arrête à quelques millimètres de sa nuque. Comme je le pensais, il ne bougea pas d'un trait. Il sait que je ne ferais pas quelque chose d'inutile et que ceci n'est juste qu'une mise en garde.

"Sache, Peter, que si je le pouvais, je le ferais sans une once d'hésitation."

Il me sourit d'un air sûr, sans bouger la lame qui le menace.

"Je n'en doute pas."

Si seulement je pouvais... Quand je vois l'épée dont j'ai le contrôle si près de lui, si près du but...
Tellement de si qui ne pourront jamais se réaliser. Je finis par baisser mon arme et la plante dans la terre, aussi fort que si c'était lui. Ma colère s'estompe peu à peu et je me calme. En dirigeant mon regard vers Henry, je remarque qu'il m'a l'air le plus effrayé et déstabilisé de tous. Il ne me connaissait pas ainsi non plus...

"Allez viens." finis-je par lui dire en lui prenant la main pour partir.

***

"Où est-ce que tu m'emmènes ?" me questionne Henry après un long moment silencieux à marcher.

Je pointe du doigt la cabane perchée en haut de l'arbre.

"Là-haut.

-À qui appartient-elle ?

-C'est la mienne. Celle qui me sert de maison depuis toutes ces années.

-Pourquoi m'y conduire ?"

Je prends dans ma main l'échelle et lui fais signe de monter.

"Nous devons parler."

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant