Tous sortent leur arc, leur épée et se battent les uns contre les autres. On peut tout de même très bien remarquer qui est contre qui. Les adultes contre les enfants. Je regarde la scène de loin, tel un spectacle, un atroce spectacle dont je ne suis que spectatrice. J'aimerais pouvoir aider la famille d'Henry mais je ne serais d'aucune utilité... Tout ce que je peux faire c'est rester auprès de lui et faire en sorte qu'il n'oublie pas qui il est en devenant lui-même un garçon perdu. Il doit savoir que sa famille est sur l'île, c'est la seule chose qui pourra l'aider à tenir le coup et à garder espoir.
Le combat s'arrête. Peter en a donné l'ordre. Les garçons retournent vers lui tandis que l'équipe adverse se rassemble aussi. Tout le monde a l'air d'aller bien, aucun n'a été touché par une flèche recouverte d'un poison mortel appelé l'ombrêve. Poison dont peu connaissent le remède. Crochet et moi-même le connaissons, sans oublier Peter bien évidemment.
"Souvenez-vous de ce que je vous ai dit." commence Peter.
"La carte vous montrera où est Henry, quand tu cesseras de nier qui tu es réellement."
Il s'adressait à Emma. Je pense savoir de quelle carte il parle, ou plutôt de quel sort il a utilisé sur celle-ci. La personne qui détient la carte doit dire un mot-clé, quelque chose qui puisse dévoiler ce qu'il y a écrit dessus. Emma doit donc dire qui elle est réellement pour que la carte montre, j'imagine, là où est caché Henry. Et elle n'a pas l'air d'avoir réussi... C'est souvent ce qui arrive sur cette île, on oublie qui on est...
Je repense à Henry. Il faut que j'aille lui prévenir pour sa famille, plus il passera de jours dans ce camp maudit, plus il deviendra comme les autres, perdu. Tant pis pour le marché passé avec Pan, moi je suis bloquée ici à vie, lui a encore la chance de s'en sortir et je ne l'a laisserai pas passer. Je profite du départ de Peter et les garçons pour moi aussi m'en aller, prête à raconter la nouvelle à Henry. Sans me faire voir je m'enfonce dans la forêt et reprends le même trajet qu'à l'allée.
"Je te le déconseille, Gwendoline."
Je reconnais la voix de Peter Pan. Je pensais vraiment avoir réussi à lui échapper ! C'est une cuisante défaite encore une fois...
"Je ne m'excuserai pas de vouloir protéger Henry." lançais-je après m'être légèrement tournée vers lui.
-Tu n'auras pas besoin de t'excuser car tu ne le feras pas."
Il s'approche pour se mettre face à moi et reprend :
"N'oublie pas le marché que nous avons passé. Tu n'as pas le droit de l'éloigner de nous ou d'interférer dans notre plan.
-Sinon quoi ? Tu vas me renvoyer du camp ? Ce n'est pas comme si j'y étais vraiment. Ou alors tu vas tuer Henry ? C'est déjà prévu sur ta liste. Alors dis-moi, que pourrais-tu me faire ? Je sais que tu ne me tueras pas car pour une raison que j'ignore, tu as besoin de moi. Henry aussi. Et c'est dans son camp que j'ai décidé d'aller."
Je peux enfin le provoquer comme je le souhaite et je suis fière de l'expression que prend son visage. Je suis prisonnière depuis tellement longtemps, c'est déjà la pire chose qu'il puisse me faire. Il reste absent un moment, le regard ailleurs et finit par ricaner, un sourire victorieux s'accroche sur son visage. Je n'y comprends rien...
"Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
-Elle la fait..." murmure-t-il à part.
De qui parle-t-il ? J'allais me préparer à lui poser cette question mais une idée lui vint à l'esprit avant.
"Suis-moi." m'ordonne-t-il, sans aucune raison avec.
"-Pourquoi ?
-Pour que tu comprennes ce qui pourrait arriver si tu décides de faire ce choix."
Il s'éloigne peu à peu dans la direction opposé à celle du camp. J'hésite à le suivre mais ma curiosité prend le dessus et je finis par obéir. Ça m'énerve de me dire que malgré mes rebellions, j'ai toujours l'impression d'être contrôler et dépendante. Il a toujours le dernier mot, je suis toujours celle qui écoute sans rien dire... J'ai pris l'habitude de cela depuis maintenant longtemps mais l'arrivée d'Henry m'a redonner l'envie de me battre. Une journée avec lui m'a suffit pour m'attacher. J'espère vraiment qu'il tiendra le coup et n'abandonnera pas, comme je l'ai fait.
Nous arrivons vers... je ne sais où. Toujours dans la forêt en tout cas. Il m'arrête et me pointe du doigt un arbre.
"Cache-toi derrière et ne bouge pas." chuchote-t-il.
J'hausse un sourcil, m'apprêtant à répliquer quand j'entends un bruit. En penchant légèrement la tête je peux distinguer à quelques mètres non loin une silhouette cueillant des baies. C'est Emma. Je retourne mon regard vers Peter pour le questionner mais il me force la main en me poussant vers l'arbre. Encore une fois j'abandonne et me laisse faire. En un clin d'œil il disparaît et je reste seule dans un silence pesant, quelques secondes du moins.
"Ne mange pas les bleus." entendis-je soudainement.
Peter... Il s'est téléporté vers Emma et engage la conversation. Je ne comprends toujours pas la raison pour laquelle je suis ici et en quoi cela me fera-t-il changer d'avis. Je connais à peine cette femme.
"Mes félicitations. Tu as réussi... Orpheline."
Tout à l'heure, quand il a dit qu'elle l'avait fait, c'était donc elle. Elle a trouvé qui elle était réellement. Une orpheline. Même pas 2 heures se sont écoulées qu'elle réussit déjà la première étape. Ce n'est pas non plus très difficile de savoir quand on est orphelin ou non, il suffit de savoir si l'on a des parents. Cela doit être plus compliqué que cela. Je n'ai pas vraiment envie de m'intéresser à la vie d'Emma et préférerais même partir. Je ne me sens pas à l'aise à l'idée de me mêler de ça. Mais... si elle a su deviner qui elle était, le plan a donc révélé où se trouvait le camp de Peter Pan, et toute la famille pourra venir chercher Henry. Ça devrait être une bonne nouvelle, mais ce n'est pas possible que Peter les laisse gagner comme ça, beaucoup trop simple comme jeu.
En réfléchissant au piège que Pan aurait pu leur tendre, je finis par sourire bêtement me retenant même à rigoler de pleins poumons. C'est tellement logique que moi-même je n'y ai pas pensé ! Le camp à l'habitude de changer de place régulièrement. Il peut se retrouver à l'autre bout de l'île en une seconde, tout ça pour que justement personne ne puisse les tracer. Le voilà le piège. Henry est donc bel et bien condamné... C'est misérable de la part de Peter, ils n'ont aucune chance et lui n'hésite pas à leur donner encore plus de faux espoirs ! J'espère qu'il perdra à la fin. Je l'espère vraiment. La conversation vient à peine de commencer que mon envie de tout raconter à Henry ne fait qu'augmenter, tout le contraire de ce que voulait Peter.
"Il y avait une raison à ce test." reprend-t-il à Emma.
"Vraiment ?" répond-t-elle ironiquement.
"-Tu n'as pas pardonné à tes parents qu'ils t'aient abandonné."
Emma a donc encore des parents qui l'ont abandonné quand elle était petite et a finit par les revoir. Sûrement qu'à ce moment là, il était déjà trop tard. Le temps passe et les espoirs s'envolent, au moment où ils l'ont retrouvé, elle était déjà une orpheline.
Elle ne répond pas. Mais Pan enchaîne sans hésiter.
"C'est très bien. Comme ça quand tu retrouveras Henry, tu le comprendras."
J'entends Emma réagir, se relevant d'un seul coup. Moi-même j'en bloque ma respiration.
"Qu'est-ce que ça veut dire ?" réplique-t-elle.
"-Il ne t'a pas pardonné non plus."
Henry a donc lui aussi été abandonné par sa mère... Mais elle est pourtant ici aujourd'hui et ferait tout pour le sauver. Je ne peux pas croire qu'il ne lui ai pas pardonné. Si Emma n'a pas pardonné à ses parents elle reste donc orpheline... Donc si Henry ne lui a pas pardonné... Cela fait de lui un orphelin. Et un orphelin sur cette île... Ça devient un enfant perdu, à coup sûr.
"Quand tu le reverras, Emma, il ne voudra plus venir avec toi. Quant à toi, tu ne te sentiras plus comme une orpheline. Tu en deviendras une."
Emma s'en va sans écouter un mot de plus. Les pièces du puzzle s'assemblent une par une, montrant une scène d'horreur inévitable.
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♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»
Fanfiction« Si dans votre maudit livre de conte de fées le pays Imaginaire est un endroit paradisiaque où tous vos rêves prennent vie, je vous arrête tout de suite, ce n'est pas la réalité. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...