Chapitre 40 : Le temps presse

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"Pourquoi me dis-tu tout ça ?"

Je n'arrivais pas à le croire... Peter Pan allait mourir. Il aura suffit d'un simple sablier pour faire le boulot et railler ce personnage de la carte. Je pouvais tranquillement croiser les bras et attendre qu'il fasse son boulot, or je savais aussi que Pan ne comptait pas se laisser faire. Henry était la solution à tous ses problèmes.

"Si tu penses que je vais avoir pitié de toi, repris-je d'un ton méfiant, et que je vais te laisser obtenir le cœur d'Henry..."

Il me coupa net dans mes paroles par un rictus qui décrédibilisait toutes mes suppositions.

"Oh, je t'en pris, Gwen. Riait-il. Nous savons tous les deux que c'est un de tes souhaits les plus cher que je meurs, te laissant libre comme l'air à obtenir ta si chère et fidèle fin heureuse.

-Pourquoi me mettre au courant si ton but n'est pas de me faire passer de ton côté ? 

-Depuis que tu t'es échappée du Pays Imaginaire dans mon dos, je ne cherche même plus à t'intégrer d'une quelconque façon. Que tu sois avec eux ou avec moi, ça ne change rien. Ton destin restera le même."

Je croisai les bras.

"Mais moi je ne suis pas d'accord."

Une nouvelle fois, il se moqua éperdument de mon avis, les brisants tous un par un sous son rire narquois. Mon regard profondément glacial le foudroyait.

"Si mon destin doit être accompli, le tien le sera aussi ! Je pointai du doigt le sablier à la poudre dorée. Tu finiras par y laisser ta vie ! Avec ou sans Henry !"

Il croyait aux prophéties dur comme fer, je savais donc qu'il me prenait au sérieux quand je disais que cet objet ne serait pas détruit aussi facilement.

"Ainsi sont les règles, Peter.

-Toi et moi savons très bien que les règles sont faites pour être brisées."

Nous restions silencieux pendant un instant. Son regard que je décrivais autrefois de bleu turquoise virait, pour le coup, vraiment au vert. Je le défiais d'abandonner, de laisser tomber et d'accepter le prix à payer, mais il ne capitulait pas. Je n'avais jamais su exactement de quoi il retournait. Depuis que je suis ici, j'ai, bien évidemment, eu vent du plus pur des croyants, mais rien de plus. Ce n'est qu'aujourd'hui que je comprends pourquoi l'enjeu semblait si important pour lui.

"Ce n'est plus une simple bataille, m'avait-il autrefois dit. C'est la guerre."

Ce sablier causera sa perte... non. Il n'est que les répercutions de ses actes. Peter Pan ne pouvait être éternel...

Je figurais plus reposée et beaucoup moins anxieuse pour Henry. Il n'était finalement qu'une question de temps - qui l'aurait cru au Pays Imaginaire ? - et il n'en restait que peu.

Je déviai mon regard vers l'horizon que laissait paraître la grande ouverture du crâne, m'arrêtant ainsi de défier Pan. Inutile de vouloir le changer. Il est plus têtu qu'un enfant...

"Tu ne m'as pas dit ce que je faisais ici... Repris-je dans une toute autre idée de sujet.

-C'est vrai."

Il se distança de moi d'un pas nonchalant, comme s'il réfléchissait déjà à la suite de la conversation. Évidemment : il fallait qu'il pèse à l'avance ses mots pour ne me confier que ce qui lui semble le plus nécessaire. Ainsi fonctionne-t-il. Pourquoi tout dire maintenant quand on peut encore s'amuser ?

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant