Chapitre 24 : Le pardon

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Le bras déployé vers lui, je le ressentais de plus en plus pesant au fil des secondes qui passaient. Effectivement, après que Chris eût bloqué son attention sur ma main, il décala son visage d'un côté, masquant son regard à l'aide de ses cheveux blonds. Si ce geste avait été plus vif, j'aurais presque pu percevoir cela comme un refus. Seulement... je ne voulais pas y croire. La dernière fois que Chris avait détourné son regard du mien, il s'était enfoncé dans la forêt sans que je n'eus le courage de le rattraper. Je ne ferais pas une même erreur car aujourd'hui, je le sais, je tiens beaucoup à lui. Et c'est à ses côtés que je veux mener cette guerre.

La main toujours ouverte à son égare, je décidais de ne pas bouger et d'attendre. J'envisageais l'idée qu'il me refuse cette proposition et me demande de partir mais je souhaitais au moins qu'il me regarde pour me le dire. Une dernière fois ?

Dans un grand silence, j'entendis sa voix parvenir à moi :

"Sais-tu ce qu'est une famille, Gwendoline ?"

Je sentais mon corps se crisper à ses paroles sèches. C'était sous forme de question qu'il semblait vouloir régler le problème. Je n'avais pas le droit à l'erreur.

Lorsqu'on me dit famille, je pense systématiquement à celle que j'ai perdu. Mon père, ma mère... Deux personnes qui suffisaient à me rendre heureuse et que je n'ai pourtant pas écouté. Ce passé, je le regrettais et j'aurais souhaité le refaire si c'était encore possible. Néanmoins, j'ai appris d'aller de l'avant pour cette étape de ma vie. Je sais que cette famille-là se trouve bien loin autant physiquement que psychologiquement, aujourd'hui. Si je réponds ainsi je montrerais que je n'ai pas avancé et que je suis restée l'enfant perdue d'autrefois alors que finalement, avec toutes ces années, j'ai beaucoup appris. J'ai rencontré Henry et sa propre famille. Ils m'ont appris à quel point il était important de ne pas perdre les gens que nous aimons. Car une famille... c'est avant tout ça. Je pensais qu'ils seraient cette pièce manquante que je cherchais mais encore une fois, j'ai été retirée du plateau comme un pion dont on n'avait plus utilité. Je rejette la faute sur Peter Pan... Mais peut-être est-ce finalement le destin. Je me vois aujourd'hui et je découvre ce que j'ai gagné après avoir tout perdu. Christopher est la rencontre la plus inattendue et la meilleure depuis longtemps. Charlie, que je connais depuis mon arrivée ici, semble être le petit ange qui veille sur moi, perché dans son arbre. Je sais... Je connais la réponse...

"C'est vous..." Chuchotais-je premièrement, regard baissé après à une longue réflexion.

Le regard de Chris se tourna vers moi et rencontra le mien, embué.

"J'ai trahi ma famille... Poursuivais-je. En la cherchant...Je n'ai pas vu qu'elle était déjà devant moi. Je suis tellement désolée..."

Sous la peine et la honte, je baissais inconsciemment ma main mais elle se fît rattraper de justesse par la sienne avant qu'il ne la serra contre son autre paume.

"Si ça peut t'aider... Reprit Chris. Sache qu'une famille reste toujours à tes côtés... Et qu'elle te pardonne, quoiqu'il arrive."

Un sourire s'esquissa sur ses lèvres, m'en décrochant un au passage. Je ne connaissais pas très bien les garçons perdus qui servaient de spectateurs à ce qui semblait être la tragédie du siècle car, finalement, je n'avais jamais cherché à les connaître. Ils étaient les sbires de Pan, je m'en suis tenue à ça. Chris et son grand cœur a pris le temps de les rencontrer, lui, et il ne leur en veut pas pour leur trahison. De même, il ne m'en veut pas pour la mienne. Il sait ce qu'est une véritable famille et il fait tout pour la conserver...

"Merci." Articulais-je finement entre mes lèvres.

Son regard scintillait. J'aurais voulu le prendre dans mes bras mais je remarquais alors que nos mains figuraient toujours liées et j'en restai longuement surprise. Chris le remarqua à son tour et s'excusa vivement en la retirant. Je souriais d'un certain embarras en croisant les bras et nous rigolions bêtement de ce silence. Subitement, toutes les torches s'éteignirent, laissant les environs dans un début de nuit, où la lune était déjà bien apparente. Je me tournais dans toutes les directions possibles pour savoir qui venait de nous plonger dans le noir mais il ne se trouvait personne à la hauteur de le faire à une telle vitesse, sans se faire remarquer...

Toujours perplexe par cette situation, j'apercevais le regard des autres garçons, tous dirigés sur un même point ; derrière-moi. Ainsi, je me tournais pour faire face à l'individu qui venait s'initier dans le camp sans que personne n'eût pu sans apercevoir, et je compris vite pourquoi.

"L'Ombre... ? M'exclamais-je en voyant l'entité flotter devant moi. Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais envoyé chercher Rumplestiltskin il n'y a même pas une heure. En es-tu... déjà revenue ?"

Sans un seul mot à m'adresser, elle me lança un bout de papier froissé que je rattrapais de justesse puis me contourna à vive allure avant de disparaitre dans la forêt. Je ne compris pas ce qu'il venait de se passer, pas plus que son comportement de plus en plus étrange. Décidée à ne pas y prêter attention maintenant, j'ouvris le bout de papier qui m'avait été donné et y redécouvris mon écriture ainsi que les exactes mots destinés au Ténébreux. L'ombre m'avait rendu ma lettre et cela dans un sale état...

"Qu'est-ce que c'est ? Demanda Chris en s'avançant vers moi pour regarder à son tour.

-J'avais envoyé une lettre au fils de Pan pour qu'il m'aide à le combattre. L'Ombre devait s'y rendre et... Voilà ce qui semble m'en avoir été rendu.

-Quoi ? Tu veux dire que cet homme t'aurais renvoyé ta lettre après l'avoir chiffonné ? Pas super sympa..."

Je connaissais assez bien Rumple pour savoir qu'il n'agirait pas aussi sauvagement. L'imaginer aussi hostile n'était pas une possibilité. L'Ombre a forcément dû se tromper...

"Hé, Gwen." Lança Charlie en me tirant le tee-shirt de sa petite taille d'enfant.

Pour atteindre son regard, je décalai la lettre qui le cachait. Son doigt suivit cette dernière.

"Retourne-la."

Je m'exécutai.

"Mon fils ne résoudra pas tes problèmes.
Pas cette fois.

Rendez-vous pour la prochaine manche, cher Joker."

Chris se trouvait derrière-moi lorsque je lisais ces mots. Il serra les dents et me tourna le dos, une main masquant son visage. Sa colère ne semblait rien envier à la mienne même si ce message m'était directement adressé. Je m'en allais le réconforter mais avant même que je ne touche son épaule, il se dressa vers moi, un sourire confiant aux lèvres.

"On va lui montrer qu'on peut résoudre les problèmes à notre façon. Après cette manche, il n'osera plus se montrer à la lumière du jour."

Au même moment, des garçons perdus allumèrent les torches récemment éteintes. Je souris à mon tour à Chris, tellement heureuse de le retrouver aussi motivé que jamais.

"J'en suis certaine." Acquiesçais-je.

Christopher grimpa sur un rocher, rassemblant immédiatement les garçons perdus autour de lui.

"Une véritable famille ne s'abandonne pas car c'est par celle-ci que nous trouvons la force d'avancer. Maintenant je vous le demande... Est-ce que vous êtes prêts à utiliser cette force pour gagner ce qui nous revient de droit ?"

Les garçons crièrent tous positivement en guise de réponse.

"Le Pays Imaginaire est une île libre et magique où tout est possible ! Personne ne s'en emparera à nouveau pour en faire son territoire personnel ! Je peux vous le promettre."

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Hello, me revoilà ! Et le camp de Gwen - ou devrais-je plutôt dire Chris - aussi !

De l'actiooooon ? Owi.

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant