Le regard de Peter disait tout :
"Tu n'as que quelques secondes pour prévoir un plan. Dès que je me retournerais, tes amis seront morts. Tu seras la prochaine."
Dos aux garçons, il ne lui suffisait que de lever la main pour les étrangler, les faire suffoquer, les jeter dans l'eau, les réduire en cendre... J'étais la seule à pouvoir les protéger car même si je n'avais pas l'expérience d'une maîtresse de l'île, j'avais l'équivalent des pouvoirs de Pan et surtout j'étais plus motivée que jamais à sauver ceux auxquels je tenais. Je refusais que la partie se termine aussi simplement en laissant penser à tous qu'il contrôlait tout depuis le début et qu'il a gagné en un claquement doigts un jeu où il était seul contre l'île entière. J'appréhendais ce qu'elle deviendrait par la suite après qu'il ait passé ce pacte malsain avec le dieu des Enfers. Toute personne mettant un pied ici vendrait inconsciemment son âme au diable... Si je n'arrêtais pas ça maintenant, les garçons perdus ne seraient pas les seules victimes, seulement les premières.
La seule option encore valable serait de tuer Pan sur le champ pour que le "problème" soit évité. Malheureusement, c'est plus dur à dire qu'à faire. Puis... Peter disait avoir la possibilité de revenir d'entre les morts encore une fois s'il le souhaitait, ce qui ne faisait que retarder notre propre heure. Est-ce qu'un dieu peut être si généreux en permettant à une âme de reprendre possession de son corps de manière illimitée ? Allait-il devoir faire un autre crédit pour atteindre notre monde ? Non, je n'y croyais pas plus que cela. Si Peter avait réellement cette option, il n'aurait pas été inquiet que je déchire le contrat, ce qui lui aurait permis de se débarrasser de moi tout en revenant à la vie facilement. Hadès ne faisait pas deux fois la même erreur...
Je ne voyais alors qu'une seule manière d'en finir avec le jeu : tuer Peter avant qu'il ne tue les garçons. Il me connaissait assez pour savoir qu'une fois l'un des enfants atteints, je serais déstabilisée et qu'il pourrait en finir aisément. Après tout, il en meurt d'envie depuis mon arrivée sur l'île. À Storybrooke, il y aurait un procès équitable pour faire mettre Pan en prison et lui retirer ses pouvoirs... Mais nous ne sommes pas sur un territoire démocratique et la justice semble relative pour le maître de l'île. C'est pour quoi je devais m'en débarrasser au plus vite avant que quelqu'un d'autre ne soit blessé.
Lorsque je compris ce que j'avais à faire, je fixai Peter dans l'attente de son premier coup... Il était celui qui devait commencer le combat pour que je le conclus. Son sourire s'élargit, apparemment curieux que je ne l'attaque pas de front. Impulsivement, c'est ce que j'aurais fait si je ne savais pas déjà qu'il esquiverait pour se jeter sur ses cibles. Je devais patienter et... le laisser lui-même prendre la main. Chris s'était un peu avancé entre-temps, perplexe, méfiant, il articulait :
"Gwen... ?"
Ce fût le coup d'alerte pour Pan qui, d'un virement de talons, leva le bras en direction du groupe dans l'intention de jeter son premier sort. Je me téléportai devant Chris et les autres aussi vite que je pus et formai un bouclier transparent à bout de bras qui les encerclait, faisant rebondir l'attaque de Pan vers lui. Prévisible, devait-il penser, car il l'évita d'un mouvement de tête nonchalant avant d'esquisser son fameux rire amusé. Son regard se porta vers le plafond et je comprenais déjà sa prochaine manœuvre. J'accentuai la taille de mon bouclier qui passait par dessus la tête des garçons alors que Peter faisait s'écrouler les parois de la grotte. Les garçons se baissèrent par peur de recevoir une roche sur le crâne - un coup fatal qu'il attendait impatiemment. Dans un nouveau sort direct qui me visait personnellement, Pan tentait de m'affaiblir jusqu'à temps que je désactive le bouclier. Il pouvait toujours rêver pour que j'abandonne maintenant...
"Tu ne peux pas gagner Gwendoline ! Lançait-il pourtant, sûr de lui. Tu n'es pas assez puissante.
-Je le suis autant que toi !"
Ma mâchoire était crispée, les muscles de mes bras restaient tendus comme si je ne pouvais désormais m'appuyer que sur eux. Je sentais mon énergie diminuer à vue d'œil et même ma voix flanchait lorsque je faisais l'effort de répondre. Ce qui le fît sourire.
"Tu en es certaine ?"
Le doute m'empêcha de répondre. Je laissais supposer que ce n'était plus qu'une question de temps avant que je ne lâche totalement prise et que, vaincue, je m'agenouille au sol, essoufflée, pendant qu'il réduisait en cendre la seule famille qui voulait encore de moi. Cette idée m'embrouillait l'esprit, je me sentais déjà perdue et je regrettais presque d'avoir tant fait pour si peu. Mon regard traître croisa celui de Peter qui comprit ce que j'en pensais. La fin semblait être proche pour moi, pour les garçons, pour le jeu... Lorsque je sentis une main se poser délicatement sur mon épaule qu'elle resserra doucement. Une voix, derrière-moi, répondit à ma place.
"Elle l'est. Nous le sommes tous !"
C'était Chris. Il s'avança à mes côtés et me lança le sourire le plus doux que je n'eus jamais reçu de toute ma vie. J'avais l'impression de retrouver toutes les bonnes intentions du monde dans ses iris et la foi nécessaire pour voler jusqu'à la lune et y revenir... Mais contentons-nous d'abord de libérer le Pays Imaginaire des mains de Peter Pan. Et de le tuer. Je savais que je ne tiendrais pas longtemps dans cette position de défense tandis qu'il rêvassait tranquillement en attaquant. Il fallait que les rôles s'échangent. Je balayais vivement du regard la place puis lançai à haute voix :
"Baissez-vous ! "
Tout le monde s'exécuta en même temps que moi. Le bouclier se désactiva et le sort de Peter atteignit la paroi de la grotte qui se fissura profondément. Je n'y prêtai pas attention pour le moment et me chargeai d'attaquer Peter de face d'une boule de magie qui l'heurta à l'épaule. Son impatience se faisait ressentir mais je n'avais pas le temps d'en discuter tranquillement pas plus que de le provoquer avec dédain puisqu'il était seul et nous plusieurs. J'avais la confiance de toute l'île et lui, qu'avait-il ? Une ombre qui ne le servait que pour son propre intérêt ? Un dieu qui l'enverrait plonger dans la rivière des âmes perdus lorsqu'il saurait ce qu'il n'a pas réussi à faire ? Dans quelques instants... Il allait tout perdre. Je m'engageais à ce que ce soit le cas.
Ne le laissant pas répliquer à mon sort, je fis léviter les pierres et les roches qu'il nous avait précédemment fait tomber dessus. Il parût soudainement inquiet - et vaguement en colère - par ce que je comptais faire et se préparait à éviter l'impact. Je ne comptais pas les lui envoyer dessus malgré ce que tout le monde semblait penser et les étonnai lorsque d'un vif mouvement, les projectiles prirent la direction d'un des sabliers sur lequel ils s'effondrèrent. Peter se plia alors en deux dans un gémissement de souffrance et je me rassurai alors du succès de mon acte spontané. Une des pierres a pu fissurer le sablier de Pan et l'affaiblir, ce que je ne pensais pas possible aux premiers abords mais avec tout ce qu'avait subi cette grotte magique... Je me disais que la verrerie n'y faisait plus exception. J'en profitais alors pour paralyser Pan que j'endormis sur le champ. M'approchant de lui d'une main levée qui n'osait pas baisser sa garde, je lançai :
"Allez chercher le contrat... Et déchirez-le."
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♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»
Fanfiction« Si dans votre maudit livre de conte de fées le pays Imaginaire est un endroit paradisiaque où tous vos rêves prennent vie, je vous arrête tout de suite, ce n'est pas la réalité. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ...