♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»

Chapitre 28 : Double-jeu ?

"Tu ne peux plus voler, Gwendoline." Répéta l'Ombre sans réponse de ma part.

Je reculai d'un pas méfiant en durcissant mes traits. Hier encore, l'Ombre était venue me donner la lettre froissée remise à Rumplestiltskin sans prendre le temps de m'expliquer. Même avant cela, elle s'était montrée froide et distante avec moi... Aujourd'hui, elle revenait me voir pour m'expliquer la seule chose que je ne lui demandais pas, mais elle ne s'en sortira pas aussi aisément cette fois-ci. 

"Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Repris-je sèchement. 

-Peter Pan a retiré tes pouvoirs grâce à un artefact qu'on t'a déposé la nuit dernière." 

Je pris du temps à réagir à l'information alors que mes doutes étaient bien confirmés : le rêve que j'avais fait n'en était pas un. Pan avait bien cherché à me jouer un autre tour, comme à son habitude. Un peu plus et j'y croyais... Dommage pour lui, les morts ne reviennent pas tous à la vie comme il l'avait fait. Il est l'exception à la règle... 

L'Ombre me montra du bout de son doigt transparent un fin collier de cuir souple. Je tentais de le retirer mais ce dernier était trop court pour passer au-dessus de ma tête. Tirer dessus ne donnait rien non plus. Je soupirais puis braquais un regard menaçant à l'entité.

"Est-ce que par "on", tu veux dire toi et lui ? Tu joues double-jeu, n'est-ce pas ? Parfois tu m'aides puis d'autres fois c'est lui que tu aides. Après tout, ce serait logique, tu es notre ombre ! Je réfléchis un instant puis écarquillais les yeux, comme une révélation. C'est toi qui a libéré Peter Pan lorsqu'il était en cage !" 

L'Ombre posa un doigt sur sa bouche, me priant de baisser d'un ton alors que les garçons perdus et notre ennemi devait se trouver à l'étage d'au-dessus. 

"Gwendoline, écoute-moi. Ce n'est pas ce que tu penses. 

-Explique-moi, alors." 

Elle prit le temps de tourner le visage à droite puis à gauche avant de revenir à moi de son même regard vide. 

"Je suis ton ombre. Crois-moi. 

-Je sais que tu es mon... Ombre. Tu l'Ombre de l'île et l'île est attachée à moi... Comme elle l'est pour Pan. 

-Non, tu ne comprends pas. L'Ombre de l'île s'est attachée à Pan par le contrat qu'ils eurent passés il y a très longtemps. On ne peut pas les séparer. Si Peter Pan meurt... Son ombre aussi.

-Q... Quoi ? Bégayais-je en fronçant les sourcils. Tu es en train de me dire... Qu'il y a deux ombres ?

-Je suis ta véritable ombre, Gwendoline. Lorsque tu es devenue maîtresse de l'île, j'ai pris cette forme indépendante pour veiller sur l'île avec toi. C'est moi qui t'ai accueillie au crâne lorsque tu y as été transportée la seconde fois... Mais ce n'est pas moi qui t'ai donné la lettre de Rumplestiltskin. Je n'ai pas non plus ouvert la cage de Peter Pan... 

-C'est son ombre." Compris-je.

Elle acquiesça. Tout était plus clair maintenant ; Il n'y avait pas une ombre dont je ne savais pas réellement quoi en penser, il y en avait deux. Pendant que je lui faisais confiance, Pan se chargeait de me manipuler pour me faire douter. Peut-être souhaitait-il que je perde foi en ma propre ombre ? Je ne savais pas. 

"Était-ce son ombre qui avait pris l'apparence de Félix la nuit dernière ?  Dis-je en frottant mes bras comme si les frissons de ce souvenir me parcouraient l'échine une nouvelle fois.

-Oui. Répondit-elle positivement d'un hochement de tête. C'était leur plan. J'aurais voulu les en empêcher... Mais l'Ombre m'a gardé captive dans la grotte où tu m'as rendu visite. Lorsque j'ai tenté de quitter l'île pour livrer le mot au Ténébreux, elle m'a rattrapé et s'est emparé du papier. Tu connais la suite. 

-Pourquoi me dire cela maintenant ? Pourquoi ne pas l'avoir fait quand tu en avais l'occasion ? Tu m'avertissais d'être prudente mais je ne savais même pas de quoi tu parlais !" 

Je digérais une à une les informations qui m'étaient transmises comme des pièces de puzzle dans un jeu trop grand pour moi. L'Ombre s'approcha de moi avant de plisser les yeux, un vague mouvement désolé de la tête. 

"Tu es maîtresse du Pays Imaginaire, mais Peter Pan aussi. Il détient encore une très grande influence sur l'île. Ne te fie à personne."

Son avertissement me rappelait, au contraire, toutes les personnes à qui j'avais donné ma confiance et qui avait confiance en moi, en ce moment. J'écarquillais les yeux en murmurant le prénom de mon ami qui était parti avec les garçons perdus combattre Pan. Je ne pouvais pas les laisser tomber maintenant, qu'importe ce que je venais d'apprendre. Je n'avais pas de plan mais j'avais la foi que Peter tente désespérément de m'enlever. S'il avait essayé, c'est qu'elle devait être importante. Et s'il avait échoué... C'est qu'il restait de l'espoir. 

"Retire-moi ce collier. Je dois rejoindre les garçons." 

Il baissa la tête, attristé que je n'ai pas écouté son avertissement, mais s'exécuta. La minute d'après, je me sentais à nouveau libre tandis que mes pieds quittèrent instantanément le sol. Je levais les yeux sur mon ombre, maintenant à sa hauteur. 

"Trouve l'ombre de Pan et kidnappe-la. 

-Comment ? Nous sommes la même entité... Ses faiblesses sont les miennes. 

-Alors tu sais comment la kidnapper." 

Je suivis un clin d'œil et la laissa partir pour à mon tour flotter dans les airs jusqu'à la seconde entrée de la grotte atteignable directement au premier étage. Mon arrivée fût surprise puisque Pan était tourné lorsque je reprenais contact avec le sol. Ce qui effaçait mon sourire, c'était de le voir totalement seul... 

"Je ne t'ai pas trop fait attendre, j'espère." Lançais-je pour attirer l'attention. 

Il se tourna d'un air surpris, me relatant de haut en bas. 

"Qu'est-ce que tu fais ici ? 

-Je pourrais te poser la même question. Je serrai les poings d'un ton grave. Où sont les garçons perdus ?" 

Mon agacement le fît sourire. Il croisa les bras en haussant nonchalamment les épaules. 

"Je ne sais pas. Ils ne sont pas venus. 

-Tu mens ! 

-Ah oui ? Si c'est le cas, je ne dois certainement pas être le seul ici. Après tout... Ce n'est pas moi qui ait dit à Christopher que je comptais quitter l'île en le laissant gérer une grande menace par lui-même...Qui était-ce, déjà ?"

Ce démon n'en termine jamais avec le sarcasme, pensais-je en soufflant.

"Oh oui. Reprit-il finalement. Toi."

Il était toujours en train de me provoquer et d'appuyer sur des faiblesses et des défauts créés initialement par sa faute. Je ne pouvais pas répliquer par la parole car tout mot aurait été déformé, rétorqué ou ignoré. Cette méthode-là ne fonctionnait pas et c'est pour ça que je m'isolai sans cesse durant toutes ces années : je ne voulais plus lui parler. Aujourd'hui, cependant, certaines choses ont changé. J'avais des pouvoirs, et je comptais bien m'en servir à bon escient. Dans un vif mouvement de bras, j'envoyais Peter Pan frapper l'un de nos sabliers avant de rejoindre le sol. 

"Finissons-en."

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"Ne te fie à personne." 

#référenceàGravityFalls <3