Chapitre 31 : Seule contre lui

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À partir du moment où la 100ème partie est postée (comprendront ceux qui écrivent), on peut dire que ton livre est long... Mais Hey ! L'histoire continue ! 

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Le soleil venait de se coucher. Cela faisait plus de 24h que je n'avais pas été revoir Peter Pan et que je n'avais aucun signe des garçons perdus. L'ombre n'en avait pas plus de nouvelles que moi à ce sujet et je lui faisais confiance. C'est donc doucement que je commençais à angoisser dans le calme et le silence du camp. Hier, Peter m'a parlé le cœur lourd, sans utiliser son sarcasme pour dévier mes questions, comme il en avait l'habitude. J'ai alors pu comprendre à quel point il tenait à cette île... De la même façon qu'on tenait à sa maison. Malcolm m'est inconnu, pourtant j'avais l'impression que ce fût lui qui prononça ses mots. Moi, je n'ai que ça, avait-il articulé. Il ne lui restait que l'île lorsque nous savions que les enfants perdus lui avaient été retiré. Il était seul mais au fond, était-ce ça qui le dérangeait ? Non, ce qu'il souhaitait c'était surtout un endroit où il aurait du pouvoir et où il pourrait faire ce qu'il veut. Le Pays Imaginaire était l'île parfaite et l'ombre n'avait pas pu mieux tomber en lui proposant cette offre. Aujourd'hui, il y est attaché et il se bat pour obtenir son plein pouvoir. Est-ce que... je pourrais lui en vouloir pour ça ? 

J'inspirais pour la énième fois, allongée sur un des troncs qui encadraient le feu de camp de la veille. Je n'avais jamais été aussi seule sur l'île et étrangement, jamais aussi tranquille. Peter Pan était enfermé, les garçons avaient disparu et moi... Je vaguais depuis des heures dans le silence, à réfléchir à quelle sera ma décision. Que vais-je faire ? Je ne peux pas quitter l'île comme prévu car les garçons ont besoin de moi. Or, la seule personne à savoir où se trouvent les garçons est Pan lui-même, mon ennemi. Et la seule manière que j'ai d'avoir une réponse de sa part est de passer un marché avec lui... Je sais qu'il me trahira à sa manière si je tente le diable, mais je n'ai aucun moyen de pression pour le forcer autrement à cracher le morceau. Et puis... Maintenant qu'il m'a avoué à quel point il tenait à cet endroit... Je ne suis plus sûre de rien.

"Bon sang !" M'énervais-je contre moi-même en me redressant. 

C'est évident qu'il me manipule en me prenant par les sentiments ! Ce démon n'a aucun cœur. Si je lui laissais l'île toute entière, il se chargerait de me poignarder dans le dos sans un seul remord. Il n'en a rien à faire de moi et ce n'est pas la première fois qu'il me le montre... S'il m'a parlé "sincèrement" hier, c'est simplement car j'ai du pouvoir et qu'il sait que je pourrais lui être utile. C'est comme ça qu'il fonctionne et qu'il a toujours fonctionné : il ne s'attarde que sur les personnes qui lui servent. Félix était l'exemple parfait et désormais il est mort. Par sa faute. Je ne pouvais pas laisser ce garçon régner sur nous et sur cette île. Il ne le méritait pas... 

La nuit tombait. Je rassemblais mes forces pour me lever du tronc sur lequel j'avais passé la journée et me rendis d'un pas lent mais certain vers la cage de Peter. En marchant - en non en me téléportant - il était très simple de savoir que je m'approchais de la cage et laissais à Pan le temps de me voir venir. Je n'avais pas envie de jouer aux surprises à vrai dire... Il fallait que je sauve une île et ses habitants sans perdre la main face à l'ennemi qui, même en cage, gardait l'avantage. Je ne voyais pas l'échappatoire possible, ou du moins pas encore. 

J'arrivais devant la cage, là où Peter m'attendait sagement sous ses airs sages et silencieux. Ce n'était qu'une facette... Si j'avais libéré l'animal, il serait déjà loin, sûrement, à préparer sa revanche. 

"Bien dormi ? Lançais sans perdre de temps. Super. Où sont les garçons perdus ? " 

Seul un vague sourire s'élargit sur son visage tandis qu'il me fixait d'un regard lourd, lasse. 

"Bien tenté, mais non. Je n'ai pas changé d'avis depuis hier. Je levais mes yeux cernés au ciel tandis qu'il reprenait : Tu sais très bien comment obtenir cette information.

-Passer un marché avec toi ? Plutôt rejoindre Félix, oui ! 

-On peut s'arranger... Ria-t-il.

-La ferme. Ce que je veux c'est que cette partie se termine, enfin." 

Il se tût un instant tandis que je le foudroyais du regard. J'étais peut-être un peu sur les nerfs alors que j'avais si peu dormi la nuit dernière, mais la colère que je lui portais était bien réelle pour autant. S'il continuait à me faire perdre du temps de la sorte, je le faisais couler avec la cage au fin fond de l'eau et laissais son cas aux sirènes. 

"Tu sais très bien que cette partie ne se terminera que lorsqu'un de nous deux aura cédé les pouvoirs à l'autre. Reprit-il plus sérieusement. 

- Oh, lançais-je d'un sourire sarcastique. Quel jolie façon de dire la chose ! Avoue plutôt que cette partie sera terminée lorsqu'un de nous deux sera mort. N'est-ce pas ? Ne viens pas me faire croire que ce n'est pas ce que tu as prévu pour moi. Depuis le début tu n'attends que ça... 

-Je te mentirais si je te disais que ce n'était pas le cas...

-Est-ce que ça changerait quelque chose ? Après tout, ce n'est pas la première fois que tu me mens. 

-Gwen... Il souffla. C'est vraiment dans ce sujet-là que tu souhaites t'engager ? Le passé ? Parce que oui, j'ai essayé à maintes reprises de te tuer car tu étais une menace pour moi, sauf que je n'ai pas pu. Aujourd'hui, tu es devenue maîtresse de l'île malgré moi et tu as survécu. Sois-en fière et passe à autre chose. Je n'ai pas envie de jouer avec une personne qui ne voit pas l'avenir et se noie dans le passé... Souriait-il. Ce serait trop simple." 

Je ne répondis pas à la provocation même si au fond, il avait raison. Ça ne servait à rien pour moi de voir dans le passé mais plutôt de compter sur mon avenir. Qu'est-ce que je voulais après tout ? Je souhaitais que l'île soit libérée de son emprise et que les enfants perdus puissent vivre ici avec Chris et Charlie, sans ne plus jamais craindre quoique ce soit. Comment y arriver, maintenant ? Je devais éliminer Pan - le roi -, seulement il avait ma dame et mon cavalier en otage. J'avais l'impression que le joueur portait les pleins pouvoirs sur la partie mais qu'il venait tout de même sortir du jeu pour lever la tête et me demander : "Hey. Si tu veux, je te laisse tes pions et tu te mets en échec".

"Est-ce qu'on a un marché ?" Lança Pan. 

Je levais une tête perdue vers lui avant de comprendre où il souhaitait en venir. C'est vrai que ça faisait plusieurs fois qu'il souhaitait poser ses conditions et je ne parlais pas d'un simple échec... Il allait vouloir prendre le contrôle du jeu. 

"Parle toujours... Lançais-je, sceptique mais intriguée. 

-Je te dis où se trouve les garçons perdus avec ton cher Chris et ton petit protégé, Charlie... Si tu leur demandes de quitter l'île et de ne jamais revenir." 

Je fus étonnée de l'entendre parler de Charlie alors qu'il me disait être très discret et ne jamais avoir eu affaire à Peter Pan... Mais je suppose que de toute manière, il savait tout. Je fronçais de sourcils soucieux et coupable. 

"Mais... Ils adorent cette île. C'est leur maison à eux aussi. 

-Et qui leur a offert cette maison, à ton avis ? Je leur ai fait confiance et ils m'ont trahi en s'alliant avec toi. Contre moi. 

-C'est toi qui les a trahi en premier... Tu as tué Félix. 

-Il était le plus fidèle et j'avais besoin d'une personne qui se sacrifie pour moi sans se poser de question. Il était le seul apte à servir d'ingrédient, il suffisait de voir à quel point les autres ont été lâches de me laisser tomber à la première occasion ! 

-Parce que tu leur faisais peur, Pan ! Comme à moi, autrefois ! Tu n'inspires que la crainte, la froideur, la manipulation... Tu n'es pas une personne de confiance." 

Son regard était vide, plissé, légèrement froncé par ses sourcils. Je n'y voyais que du gris, une nuance de bleu et de gris pâles et fades. 

"C'est ma dernière offre, Gwen. Il posa doucement la tête contre la paroi de sa cage. Tic. Tac."

Je baissais les yeux au sol.

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant