Chapitre 38 : Comme chat et souris

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"C'était elle ? Réalisais-je, encore plongée dans ces douloureux souvenirs.

- Qui ça ?" Me répondit Wendy depuis la cage voisine.

Ces événements dataient, mais il n'était jamais trop tard pour prendre conscience de certaines choses... Sauf que Peter Pan était le pire monstre que je connaisse, ce n'était pas une grande nouvelle.

"Tessi Lith... La fille qui s'est liée à Pan pour venir me trouver dans notre monde. Ce serait donc Lili la Tigresse ?

-Et bien, Tessi Lith / Lili la Tigresse... Il peut y avoir une ressemblance.

-Grande, les cheveux bruns et bouclés avec une allure de princesse ?

-Oui, c'est bien elle...

-Peter a dû proposer de libérer sa famille si en échange elle se faisait passé pour toi. Baelfire n'avait plus qu'à la délivrer et quitter le Pays Imaginaire avec elle. Une fois là-bas, je suppose qu'ils se sont simplement séparés, avant que Lili ne vienne me trouver."

Il fallait bien mettre une étiquette sur cette jeune fille que je croyais mon amie. Depuis le jour de notre retour, on ne s'est plus croisées. A-t-elle retrouvé sa famille ? Même si son but était de me faire souffrir, j'espère qu'elle sera retournée auprès de ses proches. Je sais ce que ça fait de se faire contrôler par Peter, comment puis-je lui en vouloir. Elle n'était qu'un pion...

"Je suis fatiguée, Gwen... Me dit mon amie à la voix de plus en plus lourde.

-Je comprends... Tu veux que je te laisse dormir ?

-Oui..."

Je sentis sa tête se coller contre le côté le plus proche de moi.

"Je n'ai plus envie de me battre... Reprit-elle un ton plus bas. Tu vois, quand je pense à tout ce que tu as surmonté ici, ou même ailleurs, et qu'aujourd'hui tu t'en trouves encore plus...

-Rabaissée ? Détruite ? Brisée ? ... Perdue ?"

Je ne l'entendis pas répondre ce qui me fit supposer être tombée juste. J'avoue me sentir mal de ne pas avoir cette qualité, que toute amie devrait avoir, à pouvoir rassurer et trouver les bons mots. Elle a dû, elle aussi, subir tellement de choses ici... prisonnière comme... une poupée. Oh oui, je m'en souviens le temps où je me considérais ainsi sous le regard de Peter. Manipulée, Insignifiante, sans aucun droit de parole... Même agir n'avait aucune répercussion sur son fichu jeu. C'était trop tard, les rôles avaient été donné. Moi, c'est le Joker. Que je sois d'accord ou non, c'était comme ça, c'est tout. Je disais non, encore et toujours, cependant rien n'y changeait. Ce nom m'était comme gravé au marqueur sur mon front. Me battre ? Oui, j'ai essayé... tellement de fois. Mais, étrangement, des fils venaient s'attacher à mes poignées et à mes chevilles. Je n'avais plus le contrôle.

J'avais envie de lui dire "moi aussi, Wendy. Je n'ai pas envie de me battre. Je trouverais cela plus simple de me dire que ma vie s'est terminée le jour où j'ai posé le pied ici. Si seulement... Si seulement j'avais vu le piège du haut de mon lit, pendant ce fameux rêve où Peter m'avait promis de me conduire au Pays Imaginaire. J'ai tellement souffert d'avoir attendu ces 2 ans sans aucune nouvelle de lui... Aujourd'hui je souffre de le voir afficher ce sourire mesquin lorsque je tente de m'enfuir et qu'il prend ce malin plaisir à me poursuivre... Comme chat et souris."

D'un triste sourire, me refusant de sortir ce monologue à qui que ce soit, je dis calmement :

"Tu sais... John et Michael adorent les chips et l'eau gazeuse, depuis notre dernière venue dans notre monde. Tous les jours, on en volait dans les magasins du coin et on se faisait une belle réserve. John surveillait le tas alors que Michael tentait tout le temps d'en piquer ! Je devais cacher le trésor pour qu'ils cessent de se battre. Évidemment, ils finissaient toujours par en rire. Le soir, chacun racontait son histoire avant de s'endormir. C'était un rituel, il paraît, chez vous ?

-Oui, Maman nous racontait toujours une histoire avant d'aller nous coucher...

-On m'a dit que tu n'étais pas non plus mauvaise. Tes histoires seraient uniques en leur genre, d'après eux. Je dois les croire ? La taquinais-je.

-Ce n'était pas extraordinaire... J'aimais me m'être dans la peau d'autres personnages aux aventures époustouflantes... Qui aurait cru que ça m'arriverait, hein ?"

Je la sentis rire nerveusement, mais ça ne dura pas longtemps. Elle n'allait sûrement pas tarder à s'endormir.

"Écoute, Wendy... Finis-je avant de la laisser tomber dans un profond sommeil, qu'elle mérite bien. Je ne sais pas si je serais bien placée pour te dire de continuer à te battre, car moi-même je ne sais pas. Mais s'il y a bien une chose que tu ne dois oublier, c'est que tu ne seras jamais seule, qu'importe le choix que tu feras. Je ne t'abandonnerais jamais. Jamais. Si je dois choisir de me battre, sache que ce ne sera pas pour moi, mais bien pour toi et tes frères. Je ne te laisserais pas finir ici. Tu te souviens ? Je te l'ai promis."

Le silence se faisait lourd. Toute l'île semblait dormir, éclairée par le clair de lune. Personnellement, nous n'avions que très peu de lumière qui traversait les parois de la cage. Je me demandais encore comment Wendy arrivait à supporter toutes ces années cloîtrée ici. Elle ne répondit que plusieurs longues secondes après :

"Merci, Gwendoline..."

Après cela, elle s'endormit... Et moi aussi.


***


Je me sentais doucement laisser tomber vers le bas avant d'atteindre le sol. Tandis que j'ouvris difficilement les yeux, la porte de ma cage s'ouvrit.

"Debout. Il est l'heure."

L'heure de quoi, bon sang ? Mes habitudes n'ont pas changé, je ne suis toujours pas de bonne humeur le matin et ça ne changera pas. La personne qui m'a réveillé va devoir me supporter ainsi.

Je sors de l'étroite boite dans laquelle on m'a lâchement enfermé et remarque justement le même lâche qui venait m'y sortir. Quand on parle du loup...

"Bien dormi ?" Me sourit-il, comme si cette question méritait d'obtenir réponse.

Je souris ironiquement tout en frottant mes yeux pour l'instant encore mi-clos.

"Traitre..." Crachais-je.

Pensait-il que j'avais oublié notre dernière rencontre ? Il me paiera ce coup-là... Comme tous les autres.

"Je ne doutais pas de ta bonne humeur du matin. Continuait-il. Sache que si tu avais été plus coopérative dès le départ, tu dormirais sûrement encore dans ta cabane à l'heure qu'il est. Tu ne peux t'en vouloir qu'à toi.

-Mets-moi dans cette cage autant que tu veux, je ne changerais pas de camp comme ça ! Wendy était..."

En me tournant en direction de sa cage, je me rendis compte de l'absence de celle-ci. Il l'avait fait réveillé avant moi... Mais pourquoi ?

"Où est-elle ?

-Wendy avait un travail qui l'attendait. Ne t'en fais pas, tu l'as retrouveras plus tard."

Sans plus de détails, il commença sa marche. C'était trop demander de m'adresser un signe ou de me prévenir par un quelconque mot pour que je le suive ? Non, monsieur savait déjà que comme un bon chien j'allais forcément emboîter le pas. Bien sûr, c'est ce que je fis...

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant