Chapitre 14 : Silence, le prisonnier s'éveille

304 26 16
                                    

Nous avancions vers le camp abandonné dans un silence de plomb, étrangement prêts à tout. Moi-même, je détenais encore l'épée d'Henry en main au cas où nous avions à nous battre contre... Enfin, qu'importe. Je me sentais ridicule d'agir ainsi étant donné que Peter Pan était enfermé dans une cage, sans aucun moyen d'en sortir. Nous avions l'avantage, rien ne pouvait nous arrêter. Mais alors, à quoi rimait ce pressentiment que nous devrions tout de même rester sur nos gardes ?

Toujours sur une constante méfiance, je sursautai lorsque je sentis quelqu'un me prendre la main. C'était Chris. Il sourit en me voyant aussi bouleversée et s'empara doucement de mon arme pour la baisser vers le sol.

"Hey, calme-toi. Me rassura-t-il. Tu as bien dit qu'il était enfermé, n'est-ce pas ? Il ne pourras rien nous faire. Et... Il leva l'épée en la fixant. Je pense que si jamais c'est le cas, j'aurais plus besoin de l'épée que toi. Ça ne te dérange pas si je te l'emprunte ?

-Non, répondis-je en secouant la tête de droite à gauche. Vas-y, ne t'en fais pas. Tu en auras meilleure usage que moi. Je tentais de forcer un sourire en soupirant. Tu as raison... Je ne devrais pas tant m'en faire."

Il agrippa sa main à mon épaule en guise de soutien puis retourna observer le camp avant de préparer le feu. Nous allions rester là cette nuit... Mais était-ce une bonne idée avec des cages, dont une occupée, à proximité ? Je frissonnais d'angoisse tandis que Charlie vînt attirer mon attention en tirant sur mon tee-shirt. Je le rejoignis en m'asseyant sur un tronc couché, à ses côtés. Son regard semblait s'être détendu lorsqu'il le posa sur moi, j'en concluais qu'il avait oublié notre dernière confrontation ou qu'en tout cas, il l'avait laissé dans un coin de son esprit. Je suis rassurée qu'il ne me juge pas. Beaucoup l'aurait fait...

"Qu'est-ce qu'il y a, Charlie ?" Demandais-je, le voyant néanmoins inquiet.

Ses grands yeux s'approchèrent de moi et il se tourna vers mon oreille pour me chuchoter, le plus bas possible :

"Et si... Il nous entendait ?"

Mon sang se glaça. Je n'y avais pas pensé... Et si Peter Pan pouvait nous entendre ? Sur une île aussi vide et calme que celle-ci, n'importe qui peut entendre un craquement de branche à plusieurs mètres. Je tournai un regard craintif vers le chemin qui conduisait aux cages. Se pourrait-il que... ?

"Gwen ?"

Charlie attendait une réponse. J'hochai lentement la tête de droite à gauche, ne sachant quoi dire d'autre. Je n'avais aucune idée de ce que Pan pouvait entendre ou non, en ce moment même. Je me rassurais en me disant que s'il avait été conscient d'une quelconque trace de vie, il aurait appelé à l'aide - quoique, ce n'est pas plus son style d'appeler au secours. Il n'y avait qu'un seul moyen d'en avoir le cœur net... Même si je n'étais pas forcément tentée par cette idée-là.

Chris s'approchait de nous et je le tirai par le bras pour lui chuchoter à l'oreille ce que je m'apprêtais à faire. Il me dévisagea de deux grands yeux.

"Hors de question. Rétorqua-t-il bruyamment. Je ne te laisse pas seul avec ce -"

Je lui barra vivement la bouche de ma main pour le prier de se taire. Chuchotant à nouveau :

"S'il apprend que nous sommes tous les trois ici, il saura que quelque chose se trame. Je dois y aller seule et tenter de deviner ce qu'il sait où ce qu'il a pu apprendre. Même en cage, il reste tout de même le maître de l'île, lui aussi."

Mes arguments ne pouvaient le laisser de marbre, nous n'avions pas le choix. Il se résigna en baissant la tête, comme agacé de ne pas pouvoir me protéger. La moue qu'il tendit me fît sourire.

"Je reviens vite, c'est promis."

D'un dernier regard entendu avec les garçons, je m'aventurais vers les cages. L'objectif premier était d'acquérir le plus d'informations sur ce qu'il savait, malheureusement je savais aussi qu'il n'en resterait pas là. Il chercherait sûrement à en acquérir de ma part aussi et c'est pour cela que j'allais devoir la jouer fine. J'avais déjà réussi à le "manipuler" lorsqu'il revenait de l'île, encore étourdi. Ici, pourtant, ce ne sera plus le Peter Pan fraîchement ressuscité avec qui j'aurais à parler. Si tout ne se passe pas comme prévu, j'enclencherais le plan B : la menace. J'ai les garçons perdus dans mes rangs, il n'a plus personne. En plus d'être en cage, il ne peut plus rien. Avec un peu de chance et si je ruse bien, je peux peut-être réussir à lui soutirer quelque chose.

"Pan ?" Lançais-je en m'avançant sûrement vers les cages.

Elles se trouvaient toutes de dos mais je savais qu'il me reconnaîtrait parfaitement à ma voix jusqu'à ce que j'arrive jusqu'à lui.

"Peter. Répétais-je plus sèchement. Il faut qu'on parle.

-Je savais que tu reviendrais."

Je grimaçai.

"Tu reviens toujours." Poursuivait-il en ricanant.

Ses railleries ne m'avaient décidément pas manqué. Le principal dans tout ça, c'est que j'obtienne mes réponses. Je ne devais pas me laisser avoir par ses provocations sinon nous n'arriverions jamais à une fin. Et c'est ce que j'avais décidé : Pan, tu auras ta fin.

"Je t'avais dit que je verrais quoi faire de toi, tu te souviens ?" Rétorquais-je avec tact.

Je contournais les cages pour faire face à leurs portes et ainsi percevoir Peter Pan, les yeux dans les yeux. Ne communiquer que par la voix m'aurait été beaucoup plus simple mais il l'aurait tout de suite perçu comme de la lâcheté, hors je suis la maîtresse du Pays Imaginaire. Mon rôle était de ne montrer aucune faiblesse, "toute puissante" que j'étais. Je me tenais prête à jouer cette comédie aussi longtemps qu'il le souhaitait, seulement... Je ne le trouvai nul part. Balayant du regard chacune des cages, je remarquais avec angoisse qu'elles figuraient toutes vides. Pourtant, c'était bien la voix de Pan que j'avais entendu il y a 5 secondes ? S'il n'était pas dans sa cage, alors...

"Je t'écoute, Gwen. Lança une voix moqueuse dans mon dos. Que comptes-tu faire de moi ?"

Je me tournai vivement et pris du recul, me prenant une cage dans le dos. Sous le coup de la surprise, mon masque de comédien se retira complètement et je sentais la Gwendoline effrayée reprendre le dessus. Je venais de perdre un avantage considérable et la conversation venait à peine de commencer.

"C... Comment tu es sorti ?" Bégayais-je en le scrutant, incrédule, de haut en bas.

Il fît mine de réfléchir avant de s'avancer d'un pas sûr vers moi, le regard menaçant.

"Disons juste que j'ai eu la foi. Après tout, je ne suis pas le maître du Pays Imaginaire pour rien, n'est-ce pas ?"


__________________________

Oups ! Regardez qui revient dans la partie !

RIP, Gwendoline <3
(Mais non, on croit aussi en elle :3 Vas-y Gwen !)

À la semaine prochaine pour la suite des événements ;)

♦ Le Pays Imaginaire ♦ «Let's play»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant