La protégée du diable.

98.

On pouvait lire le vide dans son regard comme si le rêve avait laissé place au cauchemar.

Debout aux côtés de Vladimir depuis des heures,je l'écoutais discuter en Anglais avec des membres inférieurs de son organisation.
Soudain,la femme du restaurant,celle qui m'avait glissé son numéro vint jusqu'à moi.

- Pouvons-nous aller discuter ? Me demande-t-elle ce qui me valu un regard plein d'incompréhension de la part de Vladimir.

Je hochai la tête avant de la suivre quelques mètres plus loin.

- Je suis désolé j'ai complètement oublié de vous téléphoner,m'excusais-je.
- Pas de problème.De toutes manières je savais que vous seriez présente aujourd'hui.

Je lui souris,comme ce qu'on faisait quand on ne savait pas quoi répondre à quelqu'un.

- Une connaissance à moi fait de l'humanitaire dans différents pays,elle travaille également en Russie et recherche des gens.
- Que fait-elle ?
- Elle cuisine pour les SDF,se bat pour les femmes battues,ouvre des écoles et passe du temps à enseigner aux élèves les plus démunis.
Je me suis dit que ce genre de projet concordait avec ce que vous vouliez faire.
- Absolument,merci beaucoup ...
- Dominika
- Merci Dominika.Comment puis-je prendre contact avec elle ?

Pour toutes réponses elle me tandis une carte de visite m'expliquant que comme elle,son amie parlait très bien l'Anglais et qu'il n'y aurait donc aucun problème pour discuter.
Soudain,un rassemblement se fit au milieu de la salle.
Par réflexe,je tournai ma tête mais ne vis plus Vladimir discuter avec des gens.

Au fond de moi je n'avais aucun doute,il était au milieu de ce cercle.

J'essayai de me frayer un passage dans la foule,ayant été vue aux côtés de Vladimir je n'eus pas très difficile à arriver au milieu du cercle.
Et là,les yeux s'agrandirent.

Polina au sol implorait Vladimir qui,à l'extrémité,la pointait d'un doigt accusateur.

- Cette femme,malgré notre lien génétique,a essayé de s'attaquer à celle que j'aime,commença-t-il plein d'éloquence.

Polina sous le choc ne mit pas longtemps pour fondre en larmes devant un tel procès.

Parce que c'était ça,c'était son procès.

- ELLE A CRU QUE MOI VLADIMIR IVANOVICH ON POUVAIT ME TROMPER ! Elle a enlevé ma compagne en espérant qu'un jour je l'épouse elle ?

Malgré le mal qu'elle m'avait fait,les larmes sincères de Polina touchèrent quelque chose au fond de moi.
Après tout elle était juste une fille amoureuse,l'amour faisait faire des choses folles.
J'avais été humiliée en public,j'avais ramassé des râteaux et malgré tout ce qu'elle m'avait fait subir et la haine que j'avais pu ressentir à son égard sa situation toucha ma corde sensible.

Parce qu'une femme humiliée n'oublie jamais.

Je me rappelai soudain de ces garçons pour lesquels j'avais craqué,ceux qui m'avaient brisés le cœur,ceux qui m'avaient donné l'impression que j'étais inférieure à d'autres filles,ceux qui avaient joué avec moi et ceux qui m'avaient détruite.Malgré être passée à autre chose,je n'avais jamais trouvé la clef magique pour guérir de ces blessures.
Elles restaient depuis des années au fond de mon être et picotaient parfois.
Parce que moi aussi j'avais été amoureuse et rejetée je savais que l'amour pouvait nous faire faire des choses folles.
Parce que simplement je ne pouvais pas me réjouir face à une fille au cœur brisé par un garçon.

- Parce que j'aime respecter les coutumes je te laisse désormais le temps de t'expliquer,dit Vladimir sèchement.

Essayant de calmer ses sanglots,Polina minauda d'une voix brisée :

- Je ... je suis désolé Vladimir.J'étais folle amoureuse de toi.S'il te plaît pardonne moi.

Quand elle eut fini Vladimir s'avança jusqu'en face d'elle et lui tandis une main pour qu'elle se relève.

Soudain,il lui fit la bise,symbole d'un aurevoir,et se détourna d'elle.
Polina redoubla ses pleurs tandis qu'un homme de main de Vladimir pointa une arme à feu sur elle.

Je détournai les yeux et soudain,brisant le sinistre silence de la salle,une détonation.

Le dernier baiser : ultime pardon du parrain à un traître,souvent suivi d'une exécution.