La protégée du diable.

110.

Je combat mon passé du coup les plaies s'ouvrent,au fil du temps c'est les minutes qui vont me recoudre.

Je restai un long moment interdite,raide comme un piquet,à la contempler.
Tout avait changer chez elle pourtant paradoxalement elle était la même.
Ses grands yeux me fixèrent pendant des seconds qui semblaient des heures et soudain je lui sautai dans les bras.
Son odeur n'était pas la même que celle d'antan.
Une odeur pimentée presque sauvage avait remplacée le parfum d'enfant qu'on recevait chaque année pour Noël.Son corps dans mes bras était plus maigre que dans mes souvenirs alors que je la serrai si fort contre moi comme pour m'assurer qu'elle était bien là.

- Elisabeth,me dit-elle de sa voix devenue rocailleuse avec le temps tandis que je m'éloignai d'elle.

A l'époque elle était déjà plus belle que moi mais là elle était devenue magnifique.Ses cheveux noir coupé court mais pas trop lui donnait un côté femme fatale et son visage était un savant mélange entre l'enfance et l'âge adulte.

Quand on allait faire du shopping ensemble,elle se faisait toujours arrêter dans la rue et moi je restais silencieuse à côté avec la terrible impression de ne pas exister.
J'étais là mais les gens ne voyait qu'elle et c'était ça le plus triste.Pourtant je ne lui en avais jamais voulu,je l'aimais trop pour ça.
Soudain,un main ferme devenue presque brutale me poussa vers l'arrière et le corps imposant de Vladimir s'interposa entre moi et ma sœur.Je n'avais pas son visage face à moi pourtant au vu des ses muscles tendus à l'extrême je compris directement son expression faciale.

Il n'était pas en colère,il était fulminant.

Il hurla,plus fort que ce que je ne l'aurais cru capable,des mots en Russe qui sonnait étrangement comme des lames de couteaux, impitoyables et blessantes.
Quand il lui agrippa le devant du pull pour la secouer comme une vulgaire poupée de chiffon je sus que ça allait devenir plus violent.
Alors,je me glissai entre eux avant faire barrage de mon corps.Doucement je pris entre mes mains le visage de Vladimir pourtant ses yeux devenus sombres et inquiétant me voyait sans me voir.
Il était comme possédé par une rage ancestrale.

- Vladimir,murmurais-je,c'est moi.

Il ne se calmait toujours pas,loin de là.Il était trop profondément replié en lui-même que moi entendre l'écho de mes paroles.
Il s'éloigna un peu mais simplement pour mieux dégainer son arme et la pointer sur ma sœur.
Sans comprendre,je pris peur pour la vie de la sœur et me plaçai devant elle.

Elle avait toujours été là pour moi,un bouclier qui me protégeait contre ce monde de brutes.Cette fois-ci c'était mon tour.J'avais grandi.Je n'étais plus l'enfant craintif du monde,je n'avais plus peur.

Même voyant que,s'il tirait, ce serrait moi qu'il atteindrait,Vladimir ne bougea pas d'un millimètre. Il était comme dans une transe,perdu parmi ses souvenirs.
Et moi j'étais là,perdue aussi,ne comprenant rien à ce qui se passait.

Tout à coup,Vinchenso apparût dans mon champ de vision.

- Et frérot fait pas de connerie là,dit-il d'une voix douce.

Mais encore une fois Vladimir ne répondit rien.

- Donne moi ce flingue Vladimir,je sais que tu la hais,nous la haïssons tous.Et je ne serais pas contre le fait que tu la tues dans d'atroces souffrances mais devant il y a Elisabeth.Ton Elisabeth.

Soudain le visage de Vladimir devint moi fermé comme si l'humain se battait contre le Diable.
Avec un grognement de dédain,il rangea rageusement son arme avant d'hurler de frustration.
Au moment même,je crus bien qu'il m'effrayait parce que devant moi ce tenait Vladimir le chef de la mafia,impitoyable,dur et hargneux.

- Si je vous revois je vous tue de mes propres mains.

"Pour elle" murmura-t-il si faiblement que je cru avoir rêvé.
Alors,il nous tourna le dos,à moi et à ma sœur,et ce geste prit un sens symbolique.
Comme s'il me mettait dans le même panier qu'elle.

Comme si moi aussi il était capable de me tuer.